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boudi's blog

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24 février 2011

Dilettante.

A défaut de D. tu seras le journal à la peau de sel pour mes insomnies. Je ne veux plus t'entendre bourdonner, chut, tes bavardages sont de l'ennui, on croirait que d'un même festin les morts se sont éveillés. Ta bouche s'ouvre, c'est une tombe qui baille. Il faut la clouter, la clouter de mots pointus comme des nerfs taillés par la nuit. Elle est une serpe aux effets magiques, capables de tailler dans le vert d'un oeil des géométries d'étonnement. A défaut de mon almanach qui s'est égaré dans des jupes colorées, en l'absence de marbre tu seras la pourriture sur laquelle mes doigts glissent des sons insensés. Tu entends ? Ce n'est pas le galop du jour, c'est le délire de la nuit, ce sont ses boules mauves et mortelles qui roulent comme des nodules. Ta bouche je te la ferme avec des bulles de cire, c'est une voix de pape, ton corps, tu es le papier jaune et muet des iniquités. Assassine, va mordre avec ton visage de plastique vert, avec tes désirs de nylon, dans un étranger. Je veux, je veux ton front terrassé, les poèmes purs, je veux, les baptêmes dans des lacs taris, trois minutes sous l'eau, j'ai respiré l'oxygène des noyés. Mon sang remue en agonie. Et ma vie absente. Suis-je ici ? Est ce que j'apparais dans vos réalités. Je sais, je sais, dehors il y a des secondes qui s'écroulent, et tous les morts dedans, qui pleurent. Je sais, j'entends les cris du temps, l'horloge qui se plaint sur le moyeu de l'horloge aux chiffres froissés. Je sais, les feux iconoclastes, les transes des barbares, je sais, je sais les cris, la furie, et le prénom de l'abandon. Est-ce que j'ai un corps, encore ? A répéter des prières ? Est ce que j'existe ? non. ce que vous voyez à mes pas, c'est un orphelin. je suis un orphelin, sur la scène, je m'adresse à vous. Mais je n'existe pas. Je suis un enregistrement. Je passe en boucle. je suis une tirade qui n'en finit pas, au milieu de la scène, de succomber. Je suis tous les héros morts,toutes les villes défaites, je suis Rome, Carthage, Constantinople, je suis Paris, César dans la trahison de Brutus, je suis Hamlet au sang blême, Rodrigue aux spasmes.
Si je n'aime plus, si je ne suis pas amoureux, je disparais tout à fait. S'il te plaît, toi, toi que je sais, toi qui sait bien désormais que je t'aime, ne m'en veux pas. Ne m'en veux pas des étrangetés du ciel que je rabote, des orages en sucre que je fais décroître comme une vulgarité. Ne m'en veux pas de l'écrire et d'en priver, ne m'en veux pas de t'inquiéter, ne m'en veux pas de te faire revenir ici, dans tes pas silencieux, on croirait que tes yeux me lisant dansent, ou épient. Aimer, c'est ma seule réalité, c'est l'apparition soudaine de mes organes, je me sens des reins de vapeur, je me sens un coeur de friche, je suis prêt à l'éducation, prêt au labeur, je suis prêt, je sens mon être fleurir, et mes narines de coquelicot et mes côtes de Rhône, je sais mes mains d'étamines et mes poumons d'aube. Je suis en train de pousser. Attends, s'il te plaît, j'ai le corps qui se remonte, tout l'amour est ma fabrique, et mes yeux fument.
Tu sais. Je n'ai que deux champs, que deux horizons, les bois, et la mer. Je suis le pin sec et la marée inflexible. Je recouvre. Obstiné comme le ciel. Tu sais. L'aube maline, avec ses teintes amères, vieillies en fut, tu sais son visage de pourpre. Quand il sèche, quand il casse, que c'est le jour tout à fait, je te dis, le bleu de la mer est le vin séché du matin. Qui lui coule dessus. Qui empiète. La marée est une nappe.
A la jointure des deux, les sutures de mes mondes, c'est l'algue, l'algue empoisonnée, l'algue violette qu'on ne mange pas, l'algue aux milles blessures, le mortel onguent qu'on applique aux plaies satisfaites. Je sais mon étrangeté, et mes silences brusques. Je feins des départs. Mais je n'existe pas. Je fais semblant. Ici, mon ombre imite un corps. J'emprunte une attitude. Je me positionne dans le train dans l'angle bizarre de vos désirs. Comment désire-t-on un corps humain ? J'ai fait des amantes un jeu, j'ai fait des amours une guerre. J'ai deux-cent-vingt-huit filles qui m'ont joui dans la peau. Je n'ai rien senti. Le vent. Les caprices. J'ai tout oublié. La mémoire se décompose, c'est un corps usé. Les souvenirs se dégradent. Les souvenirs sont de la poésie écrite à la salive des merles.  Je prends vos formes, j'emprunte à la matière. Quand je couche avec une fille, c'est pour y piller un peu de l'odeur que son cou entrepose. Quand j'embrasse un garçon, je lui dérobe un peu des muscles superflus, tendus au-dessus de l'extase. Je n'ai pas de corps. J'ai une apparence. Ne me touchez pas, l'hiver pâle, grésillant me couvre et me découvre. Quand je souris, c'est que j'ai vu à l'intérieur de vous, des civilités. je suis un acteur. un acteur sans corps. je suis le costume. Tu sais. Toi, jen e parle plus qu'à toi, je n'écris plus que pour toi. J'ai toujours été absent. Mon absentéïsme me définit, me construit. Je n'ai jamais été présent. Ce qui me recouvre est un habit d'Arlequin fait de pièces de toutes les époques, je ne le veux pas joli, je le veux utile. j'ai le corps efficace pour le scandale. La seule chose que je partage avec vous c'est une voix. Une voix que je drogue, le matin, pour qu'elle perde de son influx de cavernes, qu'elle semble de votre époque. Je puise dans vos usures, le sortilège de l'habitude. J'imite bien. J'ai vingt-deux ans de voilures. Je suis une corvette. Avant de monter dans le tramway, pour faire de la place au milieu des empressements, je la fais s'exercer ma voix, suer son arrogance, transpirer sa sauvagerie. Je peux être normal, dit mon sanglot au reflet. Je peux vous imiter, je peux me rassembler, je peux me concentrer, mettre dans une fiole de chair, toute l'essence dispersée de moi-même et en classe y mettre le feu. Toute les nuits j'immole.
Je fais des études inutiles qui sont la fiole de mon existence. Un lit. Je me renonce, tous les jours. Je fais un pas de côté hors de moi-même pour appréhender cette dimension particulière, du faux. Les paroles synthétiques. Comment leur dire. Je sais la couleur du mensonge, je suis synesthète, je ne sais pas ce que vous dites, je ne suis pas intelligent, je comprends la nervosité, je vois en rouge le mensonge.
Ce que je partage avec vous, ce qui nous est commun, ce qui me rend humain, n'est-ce pas d'avoir une voix. une voix qui fléchit, qui décline, à deux heures elle a des allures vermeil et des ivresses de Bordeaux, avant elle est douce, avant ma voix caresse, tord et vrille. Je sais faire vos sourires, je sais faire vos joies, mais je ne sais pas la colère. Apprenez moi les teints honteux, apprenez moi les manies, apprenez moi à être laid, et bas. Ma voix, je l'exerce, je la jette dans une foule, et je regarde comme elle se débat, comme elle pousse, comme elle crie. Je la regarde gesticuler, ma voix. Se déformer, se sublimer dans le contact de vos atmosphères. Tandis que mon corps d'éther suffoque. J'ai des sens, je vous conquiers par les sens, mais je ne suis pas là. Je n'ai pas de corps. Ma mère m'aimait si fort, qu'à la naissance elle a retenu dans ses ovaires la matière, elle l'a retenue, et n'a laissé dehors que l'âme, que l'idée, de moi, la voix, et les nerfs. J'ai deux petites soeurs et un petit frère, et je vois, en rassemblant leurs géographies, mon corps. Je suis absent de moi-même. Je me vois. Les dîners familiaux sont une caverne de miroirs. j'ai trois reflets mais pas de corps.

La bouche de H. recèle mon crime quand elle baise mes lèvres. Elle jouit d'une escroquerie. Je suis imprescriptible. Je dis, elle a la tendresse délictuelle. Mon corps je l'ai soustrait à un mort. Je me suis déterré le visage. Il ne le sait pas, le mort, que je lui dérobais son corps, je lui disais, quand il flottait en jouant des lyres sur son marbre, que j'étais un ange, un ange au visage de tentation. Je lui disais, il faut le laver. Je lui disais, ce corps, j'y ferai une nouvelle onction, la salive des filles. Depuis je cherche les regards bleutés qui vibre comme des électricités. J'aime les yeux bleus, on croirait le vingtième siècle dans la nuit.

Je suis fascinant. Mon absence est fascinante. La lumière disparue, chérie, dessous son mythe d'aurore. Je suis fascinant et je vous vends mon orgueil. Il vaut une fatigue. A la première enchère au goût de sommeil, je me cède. Au premier pas de torpeur, j'abandonne. Offrez moi un corps, vos lits-cimetières. Vos chairs tombales que j'y pourrisse avec vous.

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23 février 2011

Les musiques galbes

Je n’ai jamais su me rendre dans le sens de la norme, jamais su éduquer ma langue. Je porte l’Afrique et son dos de victime dans mes yeux. Je suis un sauvage. J'ai les gènes en présence libre dans tout l'univers rendez-moi mes origines Je suis sans nom propre juste un nom sale Vous comprenez Orphelin et je laisse des malaises à chaque coin de rues coin de bouches bouche cousue Mademoiselle sur l'accélération des souvenirs vous devez fermer les yeux et laisser l'âme en ébullition la Bombe mentale c'est dans votre tête d'accord ? Toi sur mon miroir Regarde comme le coup de poing offre le vertige sens la violence que je respire Qu'un désastre à digérer « Et sinon le crime tout ça, ça vous fait quoi qu'est-ce que vous en pensez Vous croyez qu’il est déjà fou ? Qu'il s'est évanoui en lui-même On ne sait même pas s’il est déjà né ou déjà mort. Il attire les coups un jour il va tuer c'est sur Ou c'est lui qu'il tuera Pour le plaisir »  Mon ombre s'impatiente et voudrait me surpasser Croche-pied à mes angoisses Le grande salle des visions j'ai coupé la corde des pendus Entre vos os épais j'ai construit des labyrinthes et la nuit c'est moi, qui vient récolter vos larmes Maman tu ne comprends pas la liberté n'est pas donné elle est à prendre J'irai avec mes mains J'irai avec mes hallucinations mes armes mystérieuses j'irai la prendre la coucher sur mes voyelles Est-ce que mes griffes l'ont émue quand je regarde le ciel dans les yeux j'ai toujours mal à la tête Les phalanges fragiles dans l'irritation d'une pétale de rose tu ne comprends pas je deviens aveugle j'ai les yeux qui se renversent à l'intérieur, j'ai les larmes qui coulent dans le visage l'odeur de la drogue dans les veines intacts vierges Sarah me dit « C'est ça qu'il ne comprennent pas les hommes tout ce sang qui coule sans que blessure ne soit faite c'est la vulve cette peau ingrate si fragile qui attire la brutalité  c'est le rouge à lèvres qu'elle met sur les mauvaises lèvres. Et toi, de ta douleur coule le même sang. Tu se comme une fille » J'avais hurlé dans ma tête en m'appliquant sur chaque vers le poème était ensanglanté L'inspiration tremblante Mon objectif silence Harmonie des silences Non je ne parlerais plus maman de mes 65 kilos de mes cadavres étranges dans ma chambre l'odeur de la cigarette dans mon sexe, je confonds les lèvres, je fume par les trous pour y mettre le feu Non je ne parlerai plus Le mur du silence Il y'a eu une accumulation de peuples barbares dans mon bégaiement, tellement de langues qu'elles ont fourchées sur le silence C'est la science normale tu comprends à force de trop de guerres ton armée devient euphorique L'effondrement du système solaire se fait attendre je l'entends le funambule me dire que L'audace tu sais l'audace de mon cœur se lit sur mon corps Non vraiment l'émotion a surement dérapé quelque part Je ne sais plus parler On me bat à l'intérieur depuis l'éternité Ma légèreté. Je veux être insupportable
23 février 2011

Rose de plaisir ; épines de mélancolie

Lettre au tourment J'ai étouffé le jour, désiré la nuit pour t'écrire cette lettre, j'ai fermé les poings, ouvert les yeux. Ce n'est pas facile d’écraser les lettres sans avoir envie de vomir de douleur à chaque point. Oui. Je suis comme D..  Je vis au bord des larmes. Sans cesse. Dans des feux qui changent de volume. Je ne maîtrise pas l’explosion. Le matin, je vais à l’Université, ou au bourreau, avec la ferme intention d’assassiner la première idée qui me passerait devant les yeux, or compte tenu de la fréquentation réduite des intelligences ici, je tire sur moi-même. Le désir est organique dorénavant, je me traite  avec sévérité. Quand l’ivresse me submerge, je suis à deux touches de t’épeler. J’oublie la voix, j’oublie les êtres. Je ne sais plus rien, les hommes ont la silhouette de mes nerfs. Tu es entrée dans moi. Tu fais voler en éclat. J’aime avoir peur. J’aime les plaies agenouillées qui gardent le silence et  ferment les lèvres aux goûts de sommeil. Je n'ai pas dormi. Sous le ciel blanc, le désespoir a tremblé. Combien de temps que je ne dors plus ? Par peur de te voir arriver. Par peur des images graves, tremblantes. La lune est gercée à ses sutures, à force de l'avoir menacé de mes cernes. Je n'ai jamais fermé les paupières la nuit. J'ai décapité ta lumière. A voix basse j'ai récité des prières aux effluves d'ombre. Le matin encore arrivait, sans se soucier, du sens sauvage. C'est vrai D., je me suis évadé de Dieu. Mes prières ont côtoyé le diable. Mais que pouvais-je y faire, quand mes muscles se sont blottis à la surface ? Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de ne pas y arriver. Laisse moi le temps d'aller vite. De te surpasser. De te dépasser. Toi, le sommeil. Avec mon attente. Nocturne. J'ai toujours éteint les lumières, je n'ai jamais dormi. Un jour je prendrai tes yeux. Je n'ai pas retenu la dose et j'ai suffoqué. Tu comprends, ce que ça veut dire ? Trop de noir dans la tête, trop de bougies qui ont mis le feu au mental pour tenter de ne pas sombrer, d'y voir encore clair. Parfois, le matin, je ne me lève pas. Je reste en suspens. « Tu t’absentes beaucoup Jonathan ». Oui. Je m’absente de moi-même. Je ne sais pas lire les notices. J’avale une boite d’épuisements. Les gélules me compriment. Me coincent. J’ai vomi le sommeil. Et je ne me suis pas levé. Dix heures immobiles, dans ma chambre. Sans un bruit pour remuer les odeurs de bois mort. Dix heures, et dire en souriant « je ne voulais pas venir ». Alors la nuit, je me suis battu, j'ai résisté. Le sens est devenu fou, un électron à l'air libre. Il fait tourner la terre comme une bille en verre, j’attends l'éclatement, la nuit, les milles morceaux de l'univers que j'irai ramasser avec mes mains de songes arrachés. L'haleine des limites m'ont bercés, ont tenté de rentrer le sommeil par la bouche, par la gorge. Sirop de messe. Le ciel peinait. J'écris avec le poignard des dimensions. Le déchainement des émotions. Tu comprends, tu le sens, le long de tes yeux, l'insomnie qui grimpe, l'insomnie qui ronge, le lierre de la fatigue, tu le sens, l'insomnie puissante qui vient épuiser tes yeux avec mes mots. Tu sens le regard grand ouvert de la vengeance qui se noue dés la tombée de la nuit. Je ne tombe pas avec elle. Je ne suis pas comme elle, je ne suis pas comme eux, pas comme toi. Je vous résiste. Je me fais peur. J'invente ta menace. Je fais comme, si je ne savais rien. J'imite, l'ignorance. Je sais. J'aime le danger. J'aime le vent des abîmes. Le risque. Rien ne peut m'arriver, je suis absent. Vous touchez mon absence, vous parlez à mon silence. Je suis un écho. Je veux sentir. Le souffle rare des poumons ras. Les pluies du ciel n'ont pas mouillé mes rêves, au bas de la plage, tes lèvres témoigneront : extrémité. Là haut, dans la grotte des nuages, ils ont confondu envol léger et suicides. J'ai retenu les secrets cruels, ça gémit depuis des années. Un jour, j'écrirai ce que la nuit dit derrière votre dos quand vous dormez. Aux environs du sommeil, il y'a des forces qui ruminent, j'ai la puissance de l'insomniaque, j'ai les os lumineux de la lumière que je capture pendant que vous plongez dans le noir. Je ne te parle pas de poésie. Je te parle de déviance. De déviance intellectuelle, sensorielle, sexuelle. Dans le sang noir des cicatrices, les gémissements ne m'échappent pas des mains. J'ai tout vu. J'ai disséqué la prononciation. Toi, mon écœurement, mon affection sourde. Toi, l’absente. Toi, la silencieuse. Lis-moi dans ton silence qui tremble. Le crépuscule a pris l'électricité, les fusibles ont grillé dans le paysage intime, la lumière s'est crispée autour de mes poignets, les nuits se sont éloignées, je n'ai jamais dormi. Je les ai défiées. Les minutes ont traîné dans les cendres que j'ai fumées, brûlant les jours manqués. Tu vois, je suis d'une lettre dont on ne parle pas. Les marges secouées des feuilles quadrillées. Clarté des peurs sous les astres projecteurs. Rendez-vous dans les airs. Ouvre les yeux, femme, vertige ou émotion ridicule ? Ta tête pleine de réduction, D. Je pourrais me faire éclater la cervelle pour l'allongement des phrases, le monde a une fin, les mots n'en auront pas. Je marche dans les rues qui ne m'appartiennent pas, je vis dans ce monde que je n'ai pas construit, j'écoute des bruits que les autres font à ma place, je n'ai que mes nuits, qui m'appartiennent. Ta surdité s'enfonce, vomis dans les oreilles du monde, qu'il entende tes entrailles. J'ai aspiré la corde des pendus, dans le noir, la blancheur qui sèche. Ô cordes, défoulez moi de mes images ma température déconcentre le monde. Mon déséquilibre a été murmuré, mon encre coupe le sanglot. Ne dors plus, la respiration gémit dans le tourment. J'ai éteint la lumière pour t'écrire cette lettre, j'ai fermé les yeux, ouvert les poings. Il y'a trop de nuits en moi pour supporter celles du monde. Je t'aime, quand tu ne le sais pas, quand tu t'endors, derrière les poumons lents du songe.
23 février 2011

cette incapacité au sommeil qu'il y a dans l'acte d'aimer

Je me mets à table et je crache du sang. J'aurais voulu te protéger, tu sais, comme on se recouvre de calme, pour passer la nuit. Eviter l'écriture qui suce la vie. Qui la barre. J'ai des ratures, dans l'être, en barreaux. Ton absence est ma cellule. Sur les murs, je griffonne, trois traits tranquilles. Qui se relèvent. Décoiffés.
Il y avait des caméras éteintes, sous les tables. Des chats qui crèvent dans des sachets. J'ai lu, quelque part, dans un corps, qu'il faut arroser l'arbre. Liberté, c'était écrit dans l'invisible. Des prisonniers qui soufflent et qui se tiennent la main. Ce sont des images qu'on t'offre comme du feu. La voisine a beau se concentrer, elle perd son bleu. J'ai dit à Margot « Tu avais les yeux sombres qui ne peuvent offrir que des passions molles ». On t'offre des images concentrées, fantastiquement. On te souffle des tempêtes en plastique, avec des branches cuites et des orages en nylon. Le vrai, ici, à la porte des bras. Et il y a un homme, qui va bientôt mourir, sa peur est grande ouverte, sa panique coule entre ses dents, il va mourir. F. Ce sont les anonymes, qui meurent. Ils sont en miniatures, dans les cadeaux bien emballés, ce sont des jouets de la violence. Des images qui s'échappent, d'un sac poubelle en fer. Froissée dans la salle de bain, la maman aura beau se concentrer, elle perdra son sang. La mer, on te l'a inventée, tu peux passer en dessous, si tu te concentres sur ma main. Il n'y a pas de soleil qui parle aux enfants, il n'y a pas de poésie, il n'y a que de la concentration. Quand je me réveille, il y a du sang sur l'oreiller, des flammes dans les baisers. Il y a la Grande Gueule du ciel, qui avale nos têtes. On te suçe le ventre, et je ne voudrais pas te voir rire. J'aurais voulu te protéger. Il y a une porte au bout de la rue, où il est écrit "la révolution pluvieuse". A l'intérieur, le brouillard, et le plafond, qui pleut. Un bossu qui vous accueille, avec le drapeau de sang planté sur la bosse. La révolution, c'est par ici, Madame. Détendez votre bouche, déshabillez votre peau, fermez vos yeux, c'est dans le fond du magasin. Ici, on ne se protège pas. Ici, c'est la vie dans tous ses états. Une main béante, saignante, puante, pendue en plein milieu de la pièce, à une corde pleine de mouches. Tapez dans la main, faites tomber les derniers ongles de la mort. Gardez vos yeux fermés. Les épées sont noyées, les guerres sont achevées. C'est l'endroit de la révolution. Les moeurs sont humiliées. Vos tabous sont décapités. Est-ce qu'il est temps d'avoir peur. Il était, écrit, liberté, dans l'invisible. La peur, en dehors d'ici Madame, on ne la ressent plus, dehors ils sont morts. Morts. Vous voyez ce que je veux dire. Ils mettent des gants pour faire l'amour. Les mains sont sourdes de ce qu'elles ne peuvent attraper. Le peuple enlève la tête des ennemis, avec un tire-bouchon pourri. Et toutes les têtes, toutes, sans exceptions, même les exceptionnelles, toutes, servent de tapis. Dehors les scènes se répètent sans fins. Et ça, ça, on en a conscience, dehors ils le disent comme des automates, comme des monstres eux, ce que nous ne sommes pas "ce que je vis, je l'ai déjà vécu, ce que je dis, je l'ai déjà dit, ce que je fais, je l'ai déjà fait, ce que je ressens, je l'ai déjà ressenti, ce que j'ai avalé, je l'ai déjà avalé, ce que j'ai pleuré, je l'avais déjà perdu". Et nous on découvre, nous on invente entre nos yeux, les mots, la vie, la paroles. Mais dehors, les morts n'ont pas d'action. Les jours s'accouplent avec les nuits accroupies dans un ennui de morgue. On s'ennuie avec les morts Madame, on s'ennuie. On retrouve leurs bouches dans leurs bières, et les jambes des femmes assises, se fendent quand elles se lèvent. Le sexe des femmes debout se cachent dans des artères en bois. Le sang, il n'y en a plus depuis longtemps déjà en eux. Dehors ils n'ont plus de piles. Ils ont des oiseaux affolés dans leurs usines, des flèches dans leurs cheveux. Ce sont des morts, qui ont vécu cent morts. Ils se tuent entre eux, mais ils sont déjà morts. Des morts, avec des deuils dans tous les coins de leurs pièces. Ils n'ont plus de place, dans leurs lettres. On retrouve des Dieux un peu paumés dans leurs urines. Ils se pendent à leurs canapés dans leurs rêves les plus fous. Ils ont des désirs conçus dans les mystères de l'ennui. Leurs taureaux n'ont plus de cornes. Comment voulez-vous qu'on éventre, leurs vies. Ils se protègent de tout, dehors. Bien sur, ils ont des ivresses minuscules, des esprits souterrains, des foetus haletants dans leurs draps. Ici, tout ça, ça ne suffit pas. Ici, vous êtes dans le magasin de la révolution. Et si il pleut, c'est justement, pour que l'on ouvre pas, les parapluies. Ici, on ne vous surveille pas. Les règles sont sans dessus sans dessous, à l'oeil des exhibitionnistes, sans sens. Les remparts sont fondus à la bougies, et la mort est une bactérie de rien du tout. Sans cesse sans cesse sang cesse cent cesse sans cesse, cessez. On bégaie vos morales, dans une salive masturbée. Ici, c'est écrit. Liberté, dans l'invisible. Tu vois, le bossu, il m'a demandé d'appuyer, sur sa bosse, et une poussière immense est sorti de sa bouche à toute vitesse. La Révolution, poussiéreuse. Celle dont on parle depuis des siècles, celle qu'on retrouve dans les livres, et dans les bouches, mais celle qui ne vient toujours pas. Il y a des remous dans mes genoux qui claquent sous la table. La révolution me fait du pied, dans un monde trop petit pour nous, ils ont filmé, je te protégerai Ma plus grande foire, tu sais, c'est ma révolution intime. Mon plus grand défaut, c'est d'être vivant sans être concentré, sur la vie. Tout ce que je peux offrir, c'est cette vie là-, tendue au dessus d'une rivière qui s'effondre. Je croyais mourir au vingt-huit de février. Je vais retenir un peu ma respiration, l'allonger. Je ne veux pas faire pitié. J'irai mourir au premier novembre, au milieu du reste des morts. Je deviendrai un souvenir. Je te tiendrai chaud, j'espère.  Mon silence.

22 février 2011

L'angoisse de tes mains d'aube fine.

Tu sais Amour, Dieu est entré dans la chambre.

Il a déposé ses valises sur le palier. Et il m'a déshabillé ses rêves. Là, j'ai serré mon poing dans le fond de ma poche. Et je le faisais tourner. J'ai mis ma peau en miettes. Tu sais Amour, j'ai retenu la phobie.

Dieu est entré et il avait une carapace. J'avais de l'orage dans la bouche, et toutes les feuilles sont tombées sur la parquet de ma chambre. J'avais une tempête dans le coeur quand Dieu est entré. Des toits d'espoir se sont envolés. Je ne sais pas s'il y a eu des morts Amour, mais mon linge de nuit est tâché. De flaques.

    Dieu est entré, il était sec, il avait chaud et soif.

J'ai le ventre viril Amour, j'ai pas eu peur, j'ai reçu le coup de poing. J'avais le parfum liquide, et je l'ai laissé passer. Dieu est entré, il a regardé le plafond, et des muscles serrés pendaient au ciment. Mais tu sais Amour, je maitrisais l'agression. Je maitrisais ce qui entré, et qui s'installe.

    Il a ouvert les fenêtres, et des bouches gluantes frappaient à la grille. Il avait 10 jours Dieu. Il avait 10 jours.

Je respirais l'épreuve. J'ai le siècle rouge, qui perle Amour. Mais j'ai retenu, tout retenu. Il m'a déballé ses espoirs, sur ce lit, là, dans cette chambre. Je suis tombé sous ma peau. Dieu disait les hommes, les femmes. Tu sais Amour, je suis riche, Dieu est entré, j'ai perdu mon lait, j'ai cogné ma phobie contre ses os cassants. Dieu est entré. Il a défait les draps. Il a plissé mon coeur. Je t'en prie, regarde, regarde, Jérusalem sous le sang. Et la crèche qui frotte la poitrine. J'ai retenu le fauve Amour.

    Il a troué mon lit de lumière.

    J'ai caché mes cuisses bouleversées. Il a cuit mes envies Dieu, et j'ai une écrivaine dans le miroir. Une écrivaine avec les mèches blondes sur les lèvres, quelque chose qui empêche. Amour à l'odeur de novembre est entrée, et j'ai voyagé Amour. C'est vieux l'histoire du monde. C'est précoce, mon histoire par rapport au monde. Et je roule, sur sa langue, intime, intime, intime. Oppression. Intime haleine Amour. De Dieu, l'haleine merle J'ai retenu mes tremblements, j'ai mordu la queue d'Adam, j'ai tressé les cheveux d'Eve. Il demande du sucre dans le café, il demande du feu pour réchauffer, il demande de ne pas abîmer, il demande d'éteindre la lumière pour tuer. Dieu. Avec un grand "D", avec un grand chapelet avec un grand trajet. Dieu qui vient de loin, qui est si prêt. Il a enlevé sa peau Dieu, il avait trop chaud, il insiste. Étouffé. Étouffé. Brûlant. Étouffé. Il insiste et il enlevé sa peau. Il est sans chair. Ca brûle tellement en moi, que j'ai fait honte au Sinaï. Dieu est assis sur mon lit, sans chair.

    Je me suis assis à côté de lui Amour.

J'ai mis des religieuses dans son café. Il parle du mâle, de la guerre, il parle du mal, et des prières. Il commence à s'ennuyer Dieu, il baille. Il tousse. Étouffé. J'ai retenu la phobie. Il est resté une nuit, sur le lit. Il a dit "déconne pas".

    Il a déballé le monde comme un chien qui s'agite.

Il s'ennuyait. Il s'étouffait. Il est venu Dieu. Sans frapper, il est entré. Et j'ai retenu, la phobie de la vie Amour. J'ai retenu, la mort qui voulait m'emporter. Maintenant, il est reparti, comme le Petit Prince, comme un oiseau qui piétine les amantes et le corps méprisé. J'ai retenu, la terre brûlée des morts.

Dieu est entré, il est reparti, j'ai éteint la lumière, fermé les rideaux, découvert ma peau, je suis sensible.

Comment te dire. Je sais qui tu es. Quand tu fredonnes ici. Ce que j'ignore, ce sont tes pensées. Si tu te moques, si tu t'étonnes, si tu viens ici comme pour épier à travers les soies du bordel les vices qui s'y entassent. La différence. Je ne sais pas. Les habits que tu mets. Avant. Je crois. Dieu m'a dit. Les comtesses, mettaient, des guenilles en ruban pour imiter les rouées. Je ne sais pas. Si tu viens ici, pour te glisser, dans la palpitation de mon cœur anormal. De mes artères gorgées. D'urine. J'ignore si tu le partages à d'autres, en des moqueries, j'ignore ce qui se déroule à l'intérieur de toi. J'ai cru entendre une rumeur ? Je ne suis pas sûr. Elle tombait, en grésillant, sur la nappe. Elle tombait, la rumeur, et je crois l'avoir vu dormir, dans des yeux. Perfides.

Je sais comme ton corps se plie la nuit, au sommeil, comme il se paralyse soudainement, je tes doigts qui appuient sur les yeux de la peur, je le sais. Je sais toujours, qui sont les gens. Malgré les kilomètres je lis une âme humaine, j'en tourne les pages, je lis à la vitesse des morts. Je déballe les mots. Sous le silence, je te devine, sous la gaze de la distance je sais l'entêtement de ton parfum. Il se dépose, s'accroche, sédimenteux, douloureux. Tu froisses ma paranoïa, c'est extrêmement douloureux, mes inquiétudes. Tu te transformes. Tu deviens, l'obsession. L'obsession, et tu jettes dans le même regret que Dieu son fils, dans moi de la peur. J'ai peur de toi. Je ne peux rien dire. J'ai le nez fier.. Ta coutume est de tout déchirer.

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22 février 2011

Insomnie amie.

 

On tombait, la première fois qu'on se retournait, dans l'insomnie, des nuits entières, car la fatigue, dans la solitude de la pièce, survenait toujours en fin d'après-midi, ou tôt le soir avec le crépuscule. D'autres ont déjà raconté l'insomnie : comment, à la fin, elle détermine même la vision du monde de l'insoumis, au point, qu'avec la meilleure volonté, il ne peut plus voir l'existence que comme un malheur, toute action comme dénuée de sens, tout amour comme ridicule. Comment l'insomniaque reste étendu là, jusque dans la lumière blême de l'aube qui pour lui ne signifie que malédiction, malédiction qui le dépasse, lui, seul dans l'enfer de son insomnie, malédiction d'une espèce humaine manquée, reléguée sur une plan te qui n'est pas la bonne...Moi aussi, j'ai été dans le monde des insomniaques (et je ne cesse d'y être maintenant encore). Les premiers oiseaux dans l'obscurité encore, juste avant le printemps, et déjà on entend Pâques avec le timbre, cette fois, sarcastique, suraigu, vrillant vers le lit de la cellule, ce « unenuitsanssommeilencore . Les cloches qui sonnent l'heure, tous les quarts d'heure, même les plus lointaines, nettement audibles,annonces d'une nouvelle mauvaise journée. Les cris et les miaulement de deux chats, l'un sur l'autre dans l'immobilité,signe sonore et net du bestial au centre de notre monde. Les soupirs ou les cris, prétendument de plaisir, d'une femme, soudain surgis dans l'air fixe, comme si, juste au-dessus du crâne de l'insomniaque une machine démarrant produite en série, en appuyant sur un bouton, comme si tout à coup on faisait tomber tous ces masques de sympathie et faisait apparaître au grand jour un égoïsme panique (ce n'est encore une fois pas un couple qui s'aime, mais chacun qui s'aime lui-même, à gorge déployée) et toute méchanceté. Périodiques états d'esprit de l'insomniaque – mais ils peuvent être définitifs pour ceux chez qui l'insomnie est constante, devenir des états réguliers.

22 février 2011

J'ai du soleil au coeur



Quand vous en serez au temps des cerises, Si vous avez peur des chagrins d'amour, Evitez les belles ! Moi qui ne crains pas les peines cruelles Je ne vivrai pas sans souffrir un jour...

Il y a une solitude dans l'écriture qui vous rapproche des autres.

J'invente une prière qui dit : " j'achève les enragés "

Je suis une fuite organisée. Hitler dit qu'il a les parties sexuelles si fragiles que mon corps qui le frôle le rend fou. Je n'ai pas le langage humain. Je dis "vous devez confondre" à une dame qui perd sa peau sur des toilettes. Je rencontre une fille qui pleure de rire, dans la nuit, je l'imagine mourir. Il y a un gardien de musée dans mon crâne. Les oeuvres sont intactes. La grande table ronde d'un bleu nacré. Les coupes de champagne qui se brisent sur mes gencives. "Tu ne bois pas ?". Non, je m'offre. Je m'offre aux sourires bourgeois, à des femmes aux âges de mère. Je veux de la tendresse. Je n'aime pas les sexes éventés, je n'aime pas l'argent. Papa Je pense qu'un jour il ne sera plus là. Alors je serre plus fort, je retiens le parfum, la peau, le gôut, l'assurance et la fragilité. Je retiens tout de Papa, comme un souvenir qui se consruit sur le moment. J'ai eu raison hier. A elle aussi. Je dis que j'ai le sang de mes origines, les yeux noirs, les cheveux sombres, la peau mate, tout écarlate de douleur. Oui, mais ça reste dans le sang. Ce qui recouvre mon corps c'est le vent du Nord, sa pluie sur les visages exacts. Moi, je suis fait de l'odeur de la mer agitée. Mon amour. Mon. Amour. Là-bas. Je suis serré dans l'air chaud. Dis moi la neige qui grelotte sur tonparvis. Des chansons berbères je ne comprends que Béjaïa. Des sourires de mamans je ne retiens que la douceur de mon prénom. Dans la glace, je caresse le ventre plat de ton reflet, je l'imagine rond comme la langue amoureuse accessible. Mon amour, il faut apprendre à tout perdre. Là bas, je dis "je déteste les regards". Je suis sans réel désir. Je suis une décoration. Si on me laisse un message. Je ne rappelle pas. Il est loin, il manque. Si l'on m'écrit, je prends mes doigts,et je réponds, automatique, j'ai toujours le dernier mot, un dernier mot de politesse. Je veux être insupportable, je veux être en dehors des autres. Je veux être ce sordide que l'on épie, qui nous menace. Je veux être insupportable, que personne ne m'approche trop près, que mon souffle reste avec moi. Et puis, la maman de Lisa lui dit "tu as une lettre de Jonathan qui t'attend à la maison". Je ne résiste pas, à l'écriture, aux mots. Elle pense "il est très fort, il a deviné. Alors il a écrit, il sait que je ne contrôle pas". J'imagine les corps dansants, là bas je nous ai vus. Toi défaire l'anémone de tes cheveux, le noeud des paysages. Je déteste l'attitude des filles qui veulent séduire. La forme de leurs corps quand elles s'apprêtent à aimer. Elles grandissent, prennent de la place comme un coquillage géant, gluant, salé, puant, et délicat. Fruit de mer. Elles germent, dans les petits désirs, les petits amours. Moi,je voudrais me cogner. Je voudrais qu'on me prenne le bras, dans le fond d'une rue et qu'on me tire les cheveux en me criant "voilà, c'est ça l'amour". Tu le ferais, un jour avec tes mains d'été ? J'attends que tu m'appelles le soir, je me dis "elle a du boire, elle le fera, elle le fera indignée, en me disant arrête, arrête tout ça, j'ai tes images dans la tête et je ne les supporte pas" .Sourire tendrement. Hitler aurait pu le faire, s'il n'était pas aussi bête. Je dis toujours "laisse, ils sont tous cons". Je souris et je pense : dire que je l'ai tué J. L'odeur des douches publiques, et le bruit des moustiques fatigués, quand les cheveux blonds animaux se collent à moi sur Waters. La musique est bonne. Quand la musique est bonne. Il dit "j'ai trop saigné ". J'aimerais voir. Je veux toucher. Moi aussi, je saigne souvent, j'ai les gençives fragiles. Je ne veux pas être comparé à mon écriture. Je ne vis pas encore comme j'écris. J'inspire N. Elle me dit "tu m'inspires". Je l'inspire. Je me demande, comment, et où. Je croyais que je suffoquais. Et puis, je ne pose plus de questions. Que la nuit me pardonne. Les gens sains m'ennuient, les gens sains sont vides, moi je suis pur. Je suis le tout de ce qu'on lit de moi. J'aime ce qui dit "je suis timide, mais sauvage". Le téléphone explose, je ne réponds jamais, le téléphone raconte. Les boîtes. Les filles. Les baisers. L'intime. La virilité, les urines. Puis le renversement du coeur. Le désenchantement. Les regards vulgaires. Il raconte. Elle, elles, eux. Mais jamais toi. Les mains sur les hanches comme des pierres sur un arbre. Tombales, évidemment. Il dit "Marie, le surf, la plage sous la pluie, les rues du Nord désertes sans toi, les nuits blanches à danser, la musique, l'alcool, je prends jamais comme toi, je prends pas de limonade moi, je veux vivre ma jeunesse". Ma mère, a un rire étranger au téléphone. Je déteste Cergy. Je n'ai rien à dire à leur dire. Ils disent toujours "parle moi, écris moi". Moi je n'écris plus qu'à une, un peu sourde, elle a des nymphes dans les cheveux, de l'hiver au regard. Mais je ne lui dis pas, parce qu'elle s'en irait si elle savait tout. Je me dis qu'elle sait, et ça m'amuse. Ca m'amuse parce qu'elle n'en parle qu'aux autres, autour de moi j'entends le frottis de la rumeur, j'entends ses habits de fantôme et ça me fait sourire. Elle en parle, et la voix me traverse comme une intention. Personne ne comprend, tout le monde est sourd, ce n'est pas avec les oreilles qu'on écoute. Cons. Je fouille le vil plomb de mon corps abandonné qui ne transmute pas d'or Tout se bouscule dans les plumes de serpents. Je suis incendié. Précieux. Tabou. Sûr. Racine. Je tombe de la chaise en éclatant de rire. Je suis une fuite organisée.

E dit "je pense à toi". Elle le dit souvent. Mais je ne réponds pas. La cambrure de son dos c'est N. pourtant. M. D.. Zurich. J'ai brûlé mon passé avec nos coeurs unis.
Elle, toi qui part, revient, ma marée, mariée, son sourire, ses silences, c'est moi. Parce que son odeur. Haute-décousue. La forme de ma bouche qui aspire la fumée. Un indice. Le corps anonyme.

C'est violent le sourire du désir.
Quand je parle, j'éjacule de la mâchoire.

22 février 2011

Quand ils lisent, je vois leur éducation, et je regrette déja d'écrire.

Loin.

 

 


Il y'a un conseil taillé au marteau : tu ne devrais pas lire de poésie dans la nuit. Les femmes qui se regardent dans les vitrines, en inspectant leurs cheveux. C'est que le ciel je peux le prendre entre mes mains, le secouer, et vous le balancer à la figure. Je trouve ça ridicule et pourtant, je fais de même : je me regarde. Est-ce que j'espère me trouver laid ? Plus j'entends Baudelaire entre mes lèvres quand je regarde tes yeux, plus je commence à trouver qu'il est tard. Je n'aime pas la poésie, tu comprends. Je n'aime pas les femmes qui se regardent et je n'aime pas la poésie. Si l'on me demande si j'aime les mots, je répondrais que oui, mais ça, c'est une réponse instinctive. Par instinct, j'aime les mots, par principe, je ne les écris pas. Les mots que j'aime, je ne les ai jamais écrits. Je te les dirai, à toi. Les mots. Je les dis avec la gorge nouée. Les yeux, tes gifles, ton impatience visible. S'il fallait que j'écrive un livre, ce serait un scandale sous la forme d'une silhouette, que vous croiseriez dans les couloirs sombres : on sentirait la présence mais on ne distinguerait pas ses formes. Il y a notre différence. Quand j'hurle, c'est sur mes plaies. Parce que tu es avec moi, en pensées, je te sens dans le froissement des pages. Je ne suis dupe de rien. J'ignore ce que tu cherches. Moi je n'attends rien. Je n'ai jamais rien attendu. Même la partie manquante. Toi. Alors quand Maupassant dit "L'homme s'approche", je ris, la littérature m'ennuie. Je n'ai que faire de votre intelligence. Je n'ai que faire de savoir si je suis un homme ou une femme. Je sais que je veille sur toi avec une hache en bois, attendant la sentence. Je sais, la plus belle des destructions  La construction, ton existence. Je veux admirer tout ça de loin. Je veux raconter, raconter le lac en moi qui noit les orages. Si je les croise, je leur plante un revolver mou entre les deux yeux. J'attendrais que vous pleuriez. La Vie se taira, et je descendrais dans le ciel pour y retrouver les trains que j'ai raté. Avec toi. Un homme, c'est un assemblage cosmique. La sagesse, est une maladie un peu sombre. Dans les pharmacies, on ne vend pas de médicaments pour les prudents. Prudence, reste anéantie dans ta tâche, moi je ne veux plus me regarder dans les glaces pour savoir si je suis beau, je veux savoir que je suis laid.

A partir de ce moment là, je ne perdrais plus de temps, je cours, en frappant dans le dos des beautés immobiles et grossiéres, j'enmènerais dans ma course, les lamentations fades.

Défais toi de ton éducation. Arrête de te tenir droite, comme si la courbe de ton dos ne devait pas se casser, sois avachie, courbe tous les os, casse-toi en deux, défais ce que tu peux de noeuds, mange avec tes mains et mets de la terre sur leurs tables propres, mets ton nez dans ton verre, et jette ton assiette à terre, casse, arrête de poser gentillement tes mains sur tes genoux sous la table, met-les dans ta bouche, lave-les après manger, dans la bouche des autres, ne sois pas si fièrei, jette-toi des ponts, trouve-moi misérable, trouve-toi merveilleuse, continue de ne pas idôlatrer ces gens qui sont rentrés dans leurs épaules droites, "arrête de fermer les portes par politesse laisse-les grandes ouvertes" c'est ce je te dis. Qu'on entende tout, arrête de te taire, et parle, parle, dis-ce que tu as à dire, et même, le reste.

Quand ils lisent, je vois leur éducation, et je regrette déja d'écrire.

A l'envers, ça donne :

Vivant il-croit se, mais, probléme de pas pose me ne ça, mort sois je Que. dire rien veux ne je que et mort suis je que dit qui celui c'est, j'enmerde que un bien a en'y il's Et.

22 février 2011

"La brume en baisers".


C'est facile de devenir celui dont tout le monde parle. On dit dans la rue que je suis l'ombre de F. Qu'il était la lumière. Et quand je tiens le manuscrit dans ma main, tout me revient.
L'échelle de l'abandon. Le sous-sol interdit. La racine sous la pierre. Le ventre sous langue.
Tout me revient. J'ai treize ans et je connais déjà. Les origines de la peur. Le calme de mon corps. Les femmes sont cruelles. La musique est mortelle. Je suis déjà dans le corps humide. Le fond sec. Le corps suant, rivière musical. Je suis déjà l'enfant qui coule. Transparent. Blanche prière. A treize ans, pas encore percé d'ordres, la seule force dans la faiblesse. Je suis déjà, une cachette infinie. Je suis une fille à la fente close. Verrouillée. Une tentation dans le miroir. Maman disait que j'étais dangereux quand je vomissais Rimbaud devant la glace en pleurant, comme pour atteindre mon corps. Tu es dangereux. Dangereux et transparent. L'enfant sans peine. Dans la richesse de l'harmonie. Un coquillage pétrifié qui respire sous le sable. Sans bouleversements. Un muscle indien
Et puis, il y a eu la confidence. Celle qui agrippe au cou. La première. Je te garde sous les ongles dans un verre de liqueur. Mon début de nuit. Ton visage doux. Où tout se passe. Un lieu où il faut tout construire. Un visage colérique et calme. Un alcool. Un visage qui vient loger dans le corps. Tu diras plus tard, avec le recul "tout se passait dans la mâchoire". C'est que je ne sais pas écrire, c'est que je n'ai rien à raconter. C'est qu'il me faut une scène, qui gronde en moi. treize ans, le pouls acéré. Le sommeil paisible. Le coeur obèse. L'haleine tiède. Nuque. Course. Pieds. Route. Bruit. Tu ne t'effondreras jamais. Tu partiras loin, dans ta vie, et je penserai à toi, je te mettrai dans mon ventre, je te ferai circuler de mon cœur à mes muscles. Et je défile, devant toi, sur la place de l'enfance. Carnaval, je suis plein d'étages. L'enfant armé qui ne sait pas se servir des fusils. L'innocence effrayée par elle-même. Tu aimes, confidence. Mes bras aux blessures, et quand je saute dans l'eau qui n'existe pas j'éclabousse quand même. Je ne laisse rien sur le passage. Je ne frappe sur rien. Parfois les vitres, le plexiglas, parfois mon ventre. Je fonds en moi. Je vais: je vais te, maintenant que j'ai vingt ans, maintenant que je sais l'impact de la peau, maintenant que mon parfum colle aux arbres, maintenant que ma violence est dans le secret. Maintenant, que j'ai les yeux profonds et inutiles,un corps grand comme le monument, la tristesse dans la crèche, l'enfance en miettes dans les creux. Tu as les cheveux si longs qu'on dirait mes cris. Je tire. Dans ma chambre J'entends encore maman dire non. Aujourd'hui les gens prennent comme maman la même voix apeurée et timide. Ceux qui me lisent, me regardent avec des yeux méfiants. Bonjour, tout ça se passe dans mon corps. Voyez ma vie, la blessure reproduite, la parodie des joies. Mais je suis heureux, je jure, sur la tranche d'un sacrifié, que je suis heureux. Je fais le rapport. Confidence. Tout me revient. On va te reconnaître, ma confidence. Tu étais inquiète. Tout me revient. J'aime ton rire. Maman dit non, et nous sommes juste à côté. Tout me revient, quand je tiens le manuscrit dans mes bras. Et c'est trop brusque. Je dois placer mes idées. Je cherche le corps de l'écriture dans toutes les rues. Aucun ne correspond à ce vertige. Je dis ton prénom. Tout me revient. Mes treize ans. La proviseure qui croise les jambes et ma tête qui tourne. Hier soir, j'étais dans les draps, et je me laissais faire par le sommeil. Et là, il faut que je fixe mes idées. Brouillon. J'ai l'écriture brouillon. Comme un raz de marée. Rien ne se fixe. Je dois fixer mes idées.  Tout me revient. Ton heure et ces murs qui tombaient lentement, lentement. Pardon si tu lis ça. Je sais que tu lis. Tu vas te reconnaître. J'avais déchiré mes collants en laine de treize ans, et ouvert la porte. Je suis arrivé, j'ai ouvert la porte et je suis entré, ton parfum est venu dans cette chambre. Je le connais. Il a déposé ton odeur. Tu me fais peur quand tu as un regard de poupée de plainte.. Hier soir, j'étais dans ces bras, à deux heures quarante sept minutes, je crois. Monsieur, sortez, je ne veux plus écrire, laissez-moi tranquille. J'arrive avec un corps comme une adresse. Aujourd'hui, je suis presque propriétaire. J'entends une voix à l'intérieur me dire "je n'ai pas mes propres pensées, parce que je n'ai pas mon propre corps". C'est à ce moment là, que je loge en moi. Que je m'installe dans cette peau. A treize ans. J'entends encore les autres dire « il est dérangé, il me fait peur, avec ses yeux, ses yeux, ses yeux ». Dérangé. Non, occupé. Oui. Pas dérangé. Rien ne me dérange. Tout m'occupe. Je suis occupé. On m'occupe. C'est si simple d'être celui dont tout le monde parle. Je refuse. Je suis arrivé brûlant comme un soleil timide. treize ans. Je disparaissais à trois heures vingt-cinq sous le sommeil en avance de Lara. Tu apparaissais en ombre. Je veux. Je suis si gros. Tu es si mince. Tu es l'eau du bain trop froide. Je suis entré. J'ai jeté des poupées sur mon lit. Et je suis monté dans mes souvenirs. Je suis monté. Monsieur, je veux allez jusqu'au bout de l'écriture, ce qu'on imagine pas encore. J'entends encore Maman expliquer « non ». Je te grifferai si tu venais un jour, contre les couvertures de ma bibliothèque. Ce n'est pas dans la violence. Non, c'est autre chose. Une panique. Et je te dirai, là je te dirai, la confidence. Là, oui, je te dirait, sur toi, sur l'étouffée : « je veux t'arracher la peau ». Je te dirai, et je ne voudrais plus que tu sortes des draps, je m'allongerais sur ton ombre lucide. Pardonne-moi. C'était avec toute la violence de l'enfance trop mouillée. C'est si facile, d'être comme tout le monde veut. Monsieur, laissez-moi allez au bout de l'écriture. L'enfance glissante. Sans matière. L'enfant pendant sous les mains. Je veux t'arracher la peau. Tout me revient. Et c'est ça ma confidence. Tout me revient quand je tiens le manuscrit dans les mains. Il me faut une scène. Ne pas publier, ne pas dire, je publie depuis que je meurs. Je dis ça. Toi et moi l'écriture secrète. Il y a des débuts partout, sur mon corps. Pardon d'ouvrir la scène. Ca aussi c'est ma confidence : la naissance de l'écriture. Ne pars jamais, depuis j'ai 20 ans. Je serai là, encore, dans la répétition, des choses qu'on lit déjà. Des terres qui nourrissent comme ce que je tiens dans les mains. La louve sans pattes.

J'entends aujourd'hui ma mère qui me lit et qui dit « non ». Mais ça elle ne sait pas, tout ce qui me revient. Tout ce que tu m'habites.

 

21 février 2011

Frémir Frémir.

Ca doit être l'été. Le bel été. Aujourd'hui je confonds, "ça ne peut plus durer, ça ne peut plus durer". Je confonds les gestes et les crimes. J'ai la peau sur l'os. La peur sur la chair. Dur. Je suis un jus frais, je t'épouse, ferme les yeux. Ferme les yeux. Ferme les yeux. Ferme les yeux toi, tu me retrouveras dans le noir, silencieuse, sous ta mâchoire qui efface. On ne peut pas récupérer, un souvenir amoureux, sous une pleine lune indifférente, sous les traces sportives.
Je ne me montrerai pas. Les enfants se noyaient dans les flaques. Ton coeur coule à travers les barreaux d'une grille. La grille verte à l'entrée de mon jardin. Le coulis empêche les passants de monter sur le trottoir. Empêche les hommes de venir me tuer une seconde fois. C'est l'hiver qui fait son effet. Il barricade. Il protège du bonheur. Il claque mes dents sur les digues du Nord, et les arrêtes des poissons me fendent les côtes. J'arrache ton écorce pour la grande occasion : l'été.Il ne faut plus, l'hiver, le froid, la neige, les lumières, le noir. Il ne faut plus, que je pense à ça. Vite l'été. Tout doit revenir. Le bruit des marteaux sur le chantier au goudron suant. Tout doit revenir, la trace des pas quand on court, la terre qui gratte de sécheresse sur les cuisses, le tee-shirt qui colle sur le dos des filles en été, les marins qui s'embrassent sous le tunnel en secret, les gares qui ne tiennent pas leur promesses, le calendrier qui se défigure, les couloirs de l'Université qui se dérobent sous le bruit des rires, suivre sans réfléchir, attendre de voir son ombre approcher par la fenêtre du troisième étage, tout doit revenir, les insomnies éteintes, l'alcool sous le lit pour violer la gorge avec mon rire nerveux, le Lac là bas, la nuit, le jour, l'été, avec le son de mon violon, et le gôut de mes pleurs dans la gorge, à l'intérieur, l'intérieur, d'une maison, d'une poche, d'un livre, l'été c'est l'intime, le gôut des larmes dans l'assiette, les moustiques qui s'enfuient les ailes gonflées de sang volé, c'est revenir en cercle et humilier, toujours, en profondeur, humilier un paysage qui dégouline de chaleur, qui dégouline de beauté, une peinture fondu. Vite vite, va t'en hiver. Tout doit revenir, la café de faune qui s'arrête de respirer en me voyant approcher, les coulisses d'un amour perdu, la capuche de mon sweat qui recouvre mon visage entier, l'étouffement, le corps qui s'allonge sur l'herbe mouillé en fermant les yeux sur ce qui se prépare, ma voix : "c'est dangereux dans le noir" "oui mais il fait jour" "dès que tu fermes les yeux, c'est la nuit, tout est toujours dangereux, toujours, dans le noir, avec mes yeux sombres". Tout doit revenir, la peur dans le train des mains qui agrippent, l'odeur des cigares indifférentes à mon chagrin, la cloche de l'église qui sépare ma nuit de ma journée, mon amour de mon regret, ma raison de mon visage, tout doit me revenir, même la vague qui t'arrive dans le nez et que je ne sais pas arrêter à temps. Tout doit revenir, ton sommeil qui bave dans mon corps, mes bras qui ne savent pas t'encercler pour la nuit, le froid qui coupe ton désir, ta fidélité belle, tonéducation.
Vole en éclat, achève ta violence sur moi, rends-moi mon visage. Va t-en hiver épais bombé d'essence, je suis le gosse humide qui cache tes cadavres sous ta neige sale. Je suis ton vestige. A l'intérieur, il y a ta destruction, l'été va réparer ma censure. Tout doit revenir, ton poing contre la fenêtre, les bouts de verre si lourd que je retrouve entre mes reins, tout doit revenir, le secret des maillots de bain salé, le souvenir d'une main qui ne touche pas, qui ne touche plus, déjà. J'ai la main incapable de toucher. Rends-moi mon visage toi, je sais que tu es là, ici. avec tes yeux de noyée. On voit mes os. Je suis la misère fragile que tu glaces avec un vent amoureux qui ne tient pas entre les branches. La nature me protège, la balcon se fend. Je perd mon visage, je fouille, dans l'eau glacée, dans la sueur de tes promesses, je cherche mon visage dans mes souvenirs. Je me souviens pourtant, pourtant je me souviens, d'une bouche, des yeux, bleus, la bouche était pâle, perdue, elle savait parler, c'était mon accusation, la langue de massue. Je cherche, j'avais un visage, où est-il. Rends-le moi. Avant que le soleil ne grille mon sang. Le sang qui monte à la tête. L'hiver me prend par les pieds, la tête en bas, je perds mon visage, comme un chapeau, il tombe, il vole, il s'enfuit, à quatre pattes, avec le vent, avec la tempête, mes bras dansent dans le vide, je le cherche, le sang me monte aux joues. L'hiver est irréel. Tout doit revenir. La lumière qui se noit, qui se concentre. Tout doit revenir de la neige, ton odeur, tes paroles. Et tes cuisses, tes cuisses. Arrachées. Arrachées. Je les vois, arrachées du corps, en dehors, les cuisses. Tu vois, je délire. Je vois les cuisses arrachées du corps. Je vois un couteau dans le bas-ventre qui gesticule encore, sous les boyaux passionnés. Vite, reviens je perds. Je perds la raison, comme j'ai perdu mon visage. Je me souviens d'une nuit dans un cri, alors tout doit revenir. La réalité. Je dois retrouver, ma vérité. Les montagnes qui se décomposent en poussières, l'enveloppe qui ne s'ouvre plus, le bal des accidents. J'ai perdu mon visage, dans la nuit de janvier, sur le quai. Sous un train, le soleil est né Ses rayons ont transpercé mes yeux, j'ai perdu la vue, j'ai pas vu mon visage qui partait. Il est tombé. Hiver, rend-moi l'été. Ces souvenirs, mon souvenir. Toi, rends-moi ma précipitation, ton geste. Rends-moi ce qui m'appartient. Ma mémoire.

Ils disent "amoureux".
Je réponds :
"Mais amoureux, ça veut dire quoi. Ca veut dire stupide, ça veut dire non, non non et oui. Ca veut dire chaque nuit, chaque nuit ça recommence, ça veut dire se souvenir, ça veut dire vide, seul, amoureux ça veut dire adolescent, ça veut dire 20 ans, en plein dedans, ça veut dire, manquer."
La nuit me demande, quand j'écris sur toi, dans mes cahiers de feutre: "Que deviendra l'amoureux ?"
"L'amoureux, se souviendra de l'amoureuse. J'aurai la racine amoureuse. Une racine fraîche, sans eau pourtant. Une amoureuse en apprentissage, une algue en volupté".

21 février 2011

Le pigment du soir.

Tout me revient. Tout redevient, tout reprend. A pas de loups tu glisses. Et si on avait des grands coeurs, des sauvages sur un toit. N'oublie pas mon Papa est mort, et je ne le dis à personne. Je ne dis pas, j'ai des manies d'orphelin depuis 2007. Je dis avec la voix sérieuse, faussement inquiète, "Mon père est un peu malade, oui ça va mieux". Papa est mort, il est si longtemps déjà, Papa, je me souviens mal ton assurance, tes yeux verts, tu n'avais pas de cheveux, tu avais un front. Quand on me dit "comment sont tes parents, pour que tu sois ainsi" je me retiens de dire "ils sont vivants". Alors je dis, ils sont comme les autres parents, et mon père est comme tous les autres morts. Jamais je ne visite sa tombe, jamais je n'entre dans le cimetière, jamais je ne fais grincer le grillage de mon coeur comme font les larmes qui brûlent les yeux. Papa est mort, je me souviens, il avait la peau violette, et je n'ai rien dit. J'ai continué à porter sur mes lèvres un sourire. Je suis amoureux.
L'optimisme de ton bonheur, quand tu dis "je suis heureuse". C'est une visite guidée, dans la passion. Je te visite de ces quelques mots de joie. La famille qui repose sur les yeux. Ton foulard plié au col je t'aime trop fort, je t'aime si fort à m'en déchirer les yeux, tu sais. Tiens moi la main, le corps, les jambes, marche, ouvre et brûle, et toi, offre-moi une petite robe de fête. Mon amour, reviens moi entière que je te raconte des bouts de main qui font les robes et les inquiétudes.  Aujourd'hui, je serai trés heureux de parler de toi. De te dire "comme tu t'emportes, tu t'emportes c'est si beau", tu répondras "oui mais la colére c'est moi". Comme la chanson. Comme mes yeux qui se taisent. Comme mes lèvres qui se ferment au goût de sommeil. Y aura toujours un peu de malheur et y aura toujours les autres qui ne savent pas. Qui ne connaissent pas. Mais il faut rester, même quand le coeur se plie, même quand les souvenirs brisent le poignet, au-dessus des exposés. Tu sais, amour, mon crâne c'est comme ce coin d'incendie, où il ne faut rentrer. La dernière des guerres, je l'ai faite, parfois, une bombe enterrée dans nos plages normandes qui explosent. Relevons nous. Je veux ta poitrine à embrasser même si tu peux le dire j'allume la lumière toujours trop tard. Pour éclairer ta peau blanche qui assomme les vagues rouges, les jours qui fondent, et tes oreilles qui annulent mes mots. Toujours, la tristesse de mes mouvements inconscients. Il y'aura toujours la durée de l'instant qui s'écoule et nous échappe. Les sommeils qui remuent la nuit. On pourrait le faire ici si tu accrochais tes rubans aux barreaux, si je creusais mes yeux brûlés de cendre, si le bois qui soutient la poutre tombait dans un bruit de zeppelin explosé. Dans le contre-jour, il faut regarder la lune, dans les larmes il faut voir le reflet de l'enfance, de nos genoux qui font un bruit de maracasse, viens, mon amour on pourrait taper du pied en rythme sur "I love Paris", pleurer sur les grands écarts des oiseaux Tu te souviens de ce massacre à pieds-nus dans la pénombre, c'est dans mes bras qu'on peut pleurer sur les astres perdus. Ici, avec moi, nous pourrions voir ce soir qui glousse avec le printemps des giboulés, avec les mers sans fins, avec nous. Tu ne verras de soir qui glousse, ou de mer sans fins, que dans mes yeux de poussière. Ne ferme pas les portes, ne les ferme pas, j'ai les doigts sur les gonds. Tu es en vacances, et mes cauchemars te suivent. Ferme, vas-y que je te montre mes doigts de ceps. Mon coeur bat des couleurs, et je supprime la musique nocturne, parce que tu as su tuer mes voix, tu les as éteintes de tes mots, de tes mains qui ne touchent pas, qui frôlent. Même, si les cris gonflent, tu me guéris. Donne tes yeux, d'aubes, tes cheveux de braises, tes yeux de cris, on se retrouvrera quand les chandeliers mettront le feu aux rideaux, parce qu'il y a le soupir de cette vie sur une scène inconnue, sur une Seine disparue. Le corps rouge, de désir, je le dis, désir sur le corps, et j'ai le plaisir dans mes nuits de veine, quand je murmure le corps de Charlotte. Ce champ d'organe et la voix libératrice. Je me place devant toi pour t'épargner mon visage, cette bulle d'images graves, coeur qui palpite sur le bord d'un éventail sans années, que j'agite pour souffler l'air de tes reflets, parce que mes yeux suent de notre vie. Tu te souviens, de ce jour fendu, tu te souviens mes santiags, tu te souviens des veines dans la rue froide où les heures m'ont presque eu ? D'un jean qui se déchire, qui traine sa corde usée sur des pavés humides, sur des cigarettes qui brûlent. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. On se cache derrière les mots, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, mon stylo est un poignard de dimensions. Personne n'ose. Tu te souviens comme tu danses en marchant ? En contre-nuit. On me cache. Dans tes yeux qui se baissent "Qu'est ce que t'as vu ?". Je cache mon nez avec mes mains arlequins. L'écriture me fait si mal Je suis l'écriture cernée. J'ai le vertige de la terre, le vertige de toi.. C'est vrai, c'est fou Je suis à toi, en toi, tu ne me sens pas.  J'ai le baiser qui se renverse. Il t'atteint. J'écris pour toi. J'écris et je te dis que je ne supporte pas les rires des rues qui éclaboussent de gras, de solitude, de vide. Alors je passe ma langue sur tes lèvres imaginées dans le corps d'une autre pour nettoyer ce qu'il reste de cire. Je te parle d'une attirance. D'un magnétisme. Tu es ma course, tu es ma vitesse, les muscles, le sang qui monte aux cuisses. Dans cet essouflement, mes jambes tétanisées. Tu es mon immobilisme agitée Là. Nous sommes ensemble, dans la même allure. Dans le même rendez-vous, de l'écriture. A toute volée, je te veux. C'est notre course éperdue sur les racines pour apprendre à disparaitre des autres. Je reconnais ce souffle, ce souffle qui obsède. Je te soupçonne d'être moi même. Ne te demande pas si je t'aime, ne me le dis pas. Je veux tes ongles dans mon dos que ça dépasse la nuit. Là. Maintenant. La répétition d'un geste interdit. Je devrais m'énerver, et brûler, du silence répandu. Un soir, appelle moi, quand tu auras dans le sang, assez d'alcool pour oublier, la politesse.

21 février 2011

LAB-ial.

 

[09:53:35] boudii : LALALALALALALALAA

[09:53:47] boudii : LE DROIT DES MARCHES FINANCIERS EST D ORIGINE PRINCIPALEMENT EUROPEENNE

[09:53:54] boudii : LA DIRECTIVE PROSPECTUS LA DIRECTIVE TRANSPARENCE

[09:54:00] boudii : CEST DES VERS MAGIQUES

[09:54:06] boudii : DES CORNEES DE VIEILLARDS AVEUGLES

[09:54:19] boudii : ILS NOUS FONT BANDER AVEC LEURS MOTS SORTIS DU FOND DES ENTRAILLES DUN MONDE

[09:54:23] boudii : ON DIRAIT DES BOUCLES DE PETITE FILLE SAGE A DEFAIRE. Je t'arracherai toute ton éducation, je la retrancherai par boules comme des nodules avec le scalpel du désordre. Tout ce qui jaillira aura la forme d'une ombre délétère et tu la verras sous les pas des autres, cette ombre que tu n'auras plus, cette tache morbide qui te coule aujourd'hui au pas.

[09:55:31] boudii : C'est à croire que les légalistes chantent, que les traders font sonner des titres virtuels comme du papier à musique.

[09:55:50] boudii : La bourse c'est l'armée, on ordonne, commande, on détruit, fusionne; c'est du rassemblement, des torrents, des affluents de sommes et de folies.

[09:56:49] boudii : Les actions ont des ailes de cristal et planent haut dans la boue du monde.

[09:57:16] boudii : La Bourse a deux grands yeux de carnage, deux grands yeux où quelque chose brille encore, on se demande quoi, c'est un horizon, c'est une ligne qui courbe l'avenir. Braise d'enfer, la bourse, ton oeil trompe.

[09:57:40] boudii : On croirait des tombes ou des fous, enfin quelque chose, vous voyez, quelque chose qui vous tend le ventere comme le voile d'un tambour.

[09:58:03] boudii : Je chante, merde, je chante des sévices d'investissement, je chante avec tous les râles d'un blessé qui ne sait pas mourir.

[09:58:21] boudii : Décliner toute la douleur du verbe, le pendre tout en haut des grandes cimes, des grands chênes millénaires, dont il reste des grâces et des odeurs;

[09:58:40] boudii : Ca flotte, c'est Grenoble, la montagne, c'est être au milieu des formes célestes, un de la cosmognie, un parmi les mythes.

[09:59:17] boudii : Voir, parterre les lumières aplaties de la ville, les lumières en ordre, rangées, mais regarde le ciel et mon doigt secoue l'Univers qui se trouble et se bouleverse, c'est de l'eau le ciel, et mon corps tellurique y ricoche.

[09:59:37] boudii : Je bouleverse des étoiles de terre, de lumière, des yeux de fille, des cheveux roussis de peur.

[10:00:10] boudii : Je secoue l'Univers, c'est une crinière et l'astre immobile, dix mille boules de feux en fusion brillent à tes cheveux.

[10:05:10] boudii : Le régulateur, le régulateur, mais l'aiguille a flanché, et les heures se sont figées; Régulateur, régulateur, mais on ne comprime plus rien, on ne sait pas limiter. On ne sait pas.

[10:08:42] boudii : Tout ça c'est de la chimie vois tu, c'est de la chimie nécessaire, ce sont des corps qui sont déjà des fluides, qui sont déjà des larmes indistinctes. On ne sait plus, on ne voit plus, les yeux se sont rembrunis, ils ont la peste bubonique, tu vois les regards transpirent de maladies, on ne se reconnait plus, on a des corps d'esclave, on a des âmes qui sont des cils.

[10:09:14] boudii : Pardi, Pardi, Pardi, mais ici il y a des références, des règlements comme des saisons imprévisibles.

[10:10:00] boudii : On ne sait plus bien, on étouffe, on étouffe. La Bourse c'est les Tropiques. L'Achat/Vente, dénoué, mais ce sont de grands arbres qui plongent jusqu'en enfer.

[10:10:13] boudii : Ils ont traversé l'HIstoire, c'est à croire qu'ils ont marché, ils ont marché sans mobile, mais ils avaient des intentions, les arbre,s et les fluides, et les larmes, ils avaient des intentions et se tenaient sur des pierres brûlantes. "Le désespoir est mon soleil" dit la vipère, et le venin se déroule sur le croc. "C'est ma littérature" dit le serpent. LES CROCS SONT DES PARCHEMINS.

[10:46:10 ] boudii : Par principe, tout fonctionne par principe, par des organigrammes, des hiérarchisations

[10:46:16 ] boudii : On ne s'en rend plus compte

[10:46:23 ] boudii : les hommes sont devenus des escaliers.

[10:46:39 ] boudii : Des marches, hautes marches et grands abandons.

[10:46:47 ] boudii : Vous avez vu déjà des dents qui brillaient mieux que le fond des âges

[10:47:16 ] boudii : Des écumes et des algues brillantes habillent de lumière visqueuse les absurdités marines.

[10:47:39 ] boudii : Moi je bois, je bois tous les jours avant de baiser pour ne plus savoir d'où me vient ma nausée.

[10:47:48 ] boudii : Pardon, c'est l'alcool qui tousse dans mes veines.

[10:48:00 ] boudii : C'est lui qui écrase le souffle, le tourne le vrille.

[10:48:24 ] boudii : Tu comprends, tout n'est question que de violence méthodiques, d'éducation.

[10:48:42 ] boudii : Déforme ton apprentissage au marteau, retaille, ta gueule, c'est Héphaïstos aux rugissements de forge qui parfume les relents de toi-même. Salope l'éducation, chienne la conformité, toujours se résoudre, toujours s'abriter, ô dôme des lois garde moi du jour, ô redoute du droit protège moi du beau et demeure moi dedans l'habitude, l'usure, tous les bonheurs éclopés meurtris. Leurs rides alcools.

[10:48:48 ] boudii : La foudre est le lacet des dieux.

[10:49:00 ] boudii : ILS SONT TANT A S'ÊTRE PENDUS A DE LA LUMIERE

[10:50:24 ] boudii : La musique est divine, je veux dire qu'elle s'y forme, les cordes d"'un piano sont recouvertes du sang sec des dieux sacrifiés.

[10:50:34 ] boudii : La musique ce n'est que l'agonie des Olympes.

[10:51:06 ] boudii : Tu croyais quoi ? Qu'une si belle voix, si colorée pouvait jaillir d'un corps humain ? Comme l'extase des femmes ne fait qu'imiter la formaton des planètes, leur cri radium, palladium.

[10:51:18 ] boudii : Nos doigts sont des médiums, ils sont le gué entre deux réalités d'obstacle.

[10:52:21 ] boudii : Il y a des femmes qui ont des cheveux de flammes.

[10:52:29 ] boudii : Quand je les vois je leur dis "pourquoi portez vous l'auréole" ?

[10:52:38 ] boudii : A leur sourire je reprends : "Vous êtes tellement morte ?"

[10:53:33 ] boudii : Elles ne peuvent plus parler, leurs yeux sont muets.

[10:53:43 ] boudii : On croirait qu'elles font du droit, ou des études, ou des plagiats;

[10:53:52 ] boudii : Tout ce qui se troque contre la lumière des yeux.

[10:55:38 ] boudii : Bonjour, bonjour foule, ton âme est vairon, on la croirait dédoublée. Tu as le bleu, tu as le noir.

[10:55:53 ] boudii : Mais, femme, qu'es tu ? Tu te tournes, et tournes, pour être la jungle, pour être le froid.

[10:56:04 ] boudii : Cayenne à l'OUest, Vladivostock à l'Est;

[10:56:16 ] boudii : Quelle carte sublime, quelle géographie, tes yeux bicolores.

[10:58:44 ] boudii : J'ai roulé le jour, dans un suaire de nuit, j'ai contaminé la réalité.

[10:59:13 ] boudii : Mais ses dents, ses dents qui se portent dans sa bouche mieux qu'un collier de perles de Tahiti.

[11:00:03 ] boudii : au cou des reines.

[11:01:40 ] boudii : Tu as vu la réalité dit Robespierre ? TU l'as vue perdre la tête ? Chantent les révolutionnaires.

[11:01:47 ] boudii : A paris poussent des arbres de la liberté.

[11:01:54 ] boudii : Juillet les piétine en semaine sanglante. Versailles je te déteste. J'irai mettre en flammes tes emblèmes, dans les galeries d'Art moderne j'ouvrirai la gueule à des grenades de couleur. J'éventrerai le monochrome blanc de Twombly et je dirai, comme il a dit « je vous ai offert la lumière » je dirai « j'ai déchiré la lumière ».

[11:02:05 ] boudii : Saison d'enfer, Rimbaud et un de ses enfants pleuvent leurs prunelles, qui se décolorent dans le jour. Il y a elle, et ses cuisses qui se tendent. J'imagine l'étreinte de ses amours, pour me mettre aux muscles assez de mal. Mes forces sont nourries de la douleur. Ils y puisent l'eau des remèdes. Mes vingt ans sont mortels lorsqu'ils posent leurs yeux dans les siens. Je ne peux pas m'en détourner, ma déchirure.

[11:02:30 ] boudii : Je connais son corps mieux qu'un cahier.

[11:02:36 ] boudii : Qu'un cahier affamé d'encre.

[11:02:42 ] boudii : J'écris, des strophes, entières

[11:02:47 ] boudii : qui la couvrent jusqu'aux yeux

[11:02:51 ] boudii : Ses cils sont dépliés

[11:02:55 ] boudii : Ce sont des lys.

[11:03:06 ] boudii : Que les anarchistes brûlent.

[11:03:19 ] boudii : Dans un grand drapeau noir, noir comme la cendre, noire comme du passé raillé.

[11:07:38 ] boudii : HAHAHA

[11:08:10 ] boudii : Les révolutionnaires ont des humeurs, des humeurs de procédure civile, couleur de grenier

[11:08:24 ] boudii : qui tombent en des morceaux de souvenir.

[11:08:34 ] boudii : Il y a des souvenirs dans la tête d'un révolutionnaire.

[11:08:47 ] boudii : Blanqui ? Blanc qui ? rient les négriers. Où es tu ? Les communards te cherchent ! Ils veulent éventrer des maisons, ils veulent plonger dans des tunnels, poser des bombes qui répandent des idées, qui réparent l'injustice par le meurtre. Le crime est la cicatrice posée sur l'ordre.

[11:08:59 ] boudii : Tu meurs toi ? Est ce que tu meurs ?

[11:09:16 ] boudii : Ah, ces boulets qui trainassent leurs poids de chaînes;

[11:09:21 ] boudii : Le sacré coeur est un cul royal

[11:09:26 ] boudii : qui se pose sur le dos du peuple.

[11:10:59 ] boudii : J'ai toujours travaillé pour mon désastre.

[11:13:01 ] boudii : Je me suis promis de la détresse et j'ai tout voulu pour que cette image corresponde à ma jeunesse. Il n'y a pas de « moi » homogène mais plusieurs figures qui se concrétisent et se réalisent en moi-même. Lorsque je me lève, le matin, à l'heure où l'habitude fait choisir ses vêtements, je regarde dans la loge les masques suspendus. Je mets toute mon élégance, tout mon soin à choisir celui qui ira le mieux à la journée. J'accorde mon masque à l'humeur du temps. Je parodie les émotions communes. Je sais tout faire. Je peux tout faire. J'ai plus de dons réunis en un seul de mes caprices que dans les efforts de toute la foule unie, organisée. Mes désordres forcent la réalité à toutes les positions, toutes les gymnastiques. Soumets-toi réel, incapable, réalité, maquillée de rimes. Mon insomnie te payera le déduit.

[11:13:56 ] boudii : Chaque fois que se dresse un bûcher je l'appelle "mon destin" et j'y plonge, je plonge dans son corps de femme cruelle et affamée. Au matin, mes yeux fardés de chair, de douleur, sanctionnent cette destinée.

[11:14:04 ] boudii : Mon bras gauche est brûlé de restes d'alcools.

[11:14:13 ] boudii : J'ai conservé le droit, pour l'écriture.

[11:24:47 ] boudii : Ce que l'on s'ennuie dans la foule.

[11:24:52 ] boudii : Dans son bavardage inerte;

[11:25:00 ] boudii : On dirait des questions, tous ces gens sont des questions.

[11:25:09 ] boudii : Ils interrogent sans raison, ils interrogent pour faire passer le temps, comme au commissariat, l'inspecteur.

[11:25:18 ] boudii : Les murs sont des fantasmes.

[11:25:41 ] boudii : La réalité est folle, c'est Artaud qu'on drogue.

[11:25:49 ] boudii : La réalité écrit, la nuit me bave dessus.

[11:25:54 ] boudii : Femme de violence.

[11:26:21 ] boudii : C'est à croire toujours que le feu qui brûlait dans les temples de Vestale

[11:26:28 ] boudii : Se sont réunis en une seule force de gravité.

[11:26:30 ] boudii : Qui pèse, qu'on nomme « mon coeur ». MON COEUR EST LA FLAMME INVINCIBLE DES DIEUX INVOQUES DES MALHEURS CHASSES MON COEUR CHAUFFE CHAUFFE SA GRANDE CRISE PALPITE ET POMPE LES DETRESES, SANG NOIR, VENTRICULE, L'AORTE PORTE DANS SA BARQUE LE BONHEUR EPAIS. Je suis un désespéré. Et ma barbe, cette pépinière de la nuit, où les fleurs mordent la terre qui les retient. Je ronge ma prison.

[11:26:57 ] boudii : Sans la gravité des désespérés, je crois que l'orbite terrestre aurait dévié de son orbite.

[11:27:08 ] boudii : L'équilibre de l'Univers a un nom scientifique : mélancolie.

[11:27:30 ] boudii : Ce sont les cordes de Parthes qui tiennent suspendues les étoiles.

[11:27:59 ] boudii : Chaque fois qu'une fille pleure je me dis, quelle actrice sublime, l'émotion me déborde moi aussi. Tout ça ce n'est que du rire. Combien d'années sans une larme ? « J'ai douze ans, je m'appelle Jonathan, mais je ne suis pas sûr, de m'appeler comme ça, à l'automne, sous la couleur enfuie des paysages je pleure. Je pleure, c'est novembre et les dernières larmes qui glorifient mes pupilles. J'ai le regard sec... »

[11:28:15 ] boudii : Le génie est une maladie qui brûle le sang.

[11:28:21 ] boudii : Il y a deux eaux, deux eaux contraires et vénéneuses dont la rencontre forment un tourbillon, ce tourbillon des eaux, de Léthé cognant dans Styx, c'est moi, moi.

[11:28:43 ] boudii : Les veines sont des nappes phréatiques qui absorbent les pleurs des belles.

[11:29:03 ] boudii : Les rires forment le magma interne, la peau des indifférentes c'est de la lave séchée. Je mets mon baiser de toutes ces eaux réunies pour te raviver. Dis moi combien il fait frémir de tes nerfs endoloris. Je crois. Que je t'aime. Petite.

 

20 février 2011

Esquisse du prénom

"J'ai deux amis qui sont aussi mes amoureux"



Il y a ces couloirs longs, qui ne se doutent de rien. Le décor n'est pas à la hauteur, le décor ne se colle pas à ma peau. Le train ne va pas assez vite, le train s'arrête, me nargue, les gens ne me regardent pas, le sens n'est pas à sa place. A l'intérieur, je visite mon impatience. Regardez-moi, je pars, j'arrive. Je vais la chercher. Silencieuse comme un jour de février, sous la pluie.

L'instant est calme. Ses yeux sont grands, ils étouffent une peur qui bat dans les poumons, ils encerclent un sourire timide qui tremble sous la langue, ils ouvrent grandes les paupières comme une bouche pour engloutir votre corps qui arrive, pressé, souterrain, poli. Et vous, et vous, et vous, bien sur, bien sur, tout doit s'accélérer, les mots, ici, là bas, les mots d'autrefois, de ces jours là, bien sur, vous, qu'attendez-vous, les mots mouillés par un regard inconnu, défaits par un sourire silencieux. Bien sur, vous attendez, que les mots trahissent. Non, rien, j'ai croisé mon ombre. Stop. Seulement les trajets sont lourds, seulement les trajets peuvent décrire, ensuite, je suis incapable, je suis l'impuissant, je suis celui qui descend dans le lac, qui ouvre la bouche dans l'eau, qui s'étouffe avec son sel. Ensuite, je suis incapable, les mots ne vont pas assez vite. Bien sur. Je suis incapable de dire, la surface d'un rire, des cheveux solides sur un visage plat, incapable de lui prendre la main, de la regarder sans penser. Sans penser que. Par la fenêtre, elle imagine, des mots, des phrases, des littératures oubliées, qu'elle imagine. Pourquoi. Je suis incapable, bien sur, vous, vous attendez, mais je suis incapable.

Il y a eu cette scène :

la chambre est seule, la chambre est serrée. Je la reconnais, je ne la connais pas, mais je la reconnais, je la rencontre. Il y a le bois, sage, et les photos accrochées avec empressement, les photos impatientes, les photos immobiles qui traversent les murs. Il y a une armoire en bois, fermée, qui semble n'avoir jamais été ouverte, l'armoire interdite, l'armoire du désordre. Dans ma tête, c'est l'armoire qu'on n'approche pas. C'est ça. Maman disait que. Elle avait raison. Il me fallait des interdits. Ca sera l'armoire, et ça sera sa main. Sa main droite posée à côté de moi, comme un animal apeurée, fraîche et nouvelle. J'imagine sa nuque endormie sur l'oreiller, je ne la vois pas, mes cheveux cachent mes yeux, je ne vois pas sa nuque, sa peau, mon visage est penchée, je ne vois qu'une main. Une main qui n'est pas une main. Une main déguisée en main. Une main qui ressemble à une attente. J'imagine l'odeur, j'imagine la moiteur. Je ne vois rien, je ne sens rien. Il y a mes pieds qui se frottent, l'un contre l'autre, à l'autre bout du lit, ma peau qui se détache, mes pieds gorgés d'eau de la douche, d'eau parfumée, mon tee-shirt qui se soulève au dessus du bassin, une langue silencieuse portée entre deux lèvres. Il y a une main et un corps que je ne vois pas. Je ne me retourne pas. Et commencer. Commencer le travail. Commencer le travail, du désamour. Retenir, tout retenir. Cette scène, où je dois tout retenir. L'odeur, la forme de l'armoire, la couleur des draps, le trouble du plafond, le silence de son sommeil. Ne rien oublier. Retenir, la nuit derrière la vitre, qui nous regarde, qui me questionne. Je me bouche les oreilles. Tais-toi. Vite, s'approcher de tout. S'approcher du départ, de la main, de la lune, du miroir fleuri, des bougies éteintes, des dentelles qui essaient de deviner. Taisez-vous. Je voudrais que les éléments se taisent. Je suis dans mon action. Je suis dans l'émotion brouillée. Il y a cette scène donc, et cette fille, en face, cette actrice, qui remonte sa robe, qui empreinte les traces, de la nudité. De ma nudité, que j'ai oubliée, en venant ici. Je ne parlerai pas, je ne bougerai pas, je ne me déshabillerai pas, je ne pleurerai pas, je serai mélangé. Je serai poli. Il y a cette scène, de ma première insolence : tout retenir, pour m'oublier.

Et puis, il y a cette autre scène :

La salle de bain est moite, de partout. J'ai les pieds humides, je fais des traces sur le carrelage. J'ai la peau qui glisse. La porte est fermée, le miroir est embué. Je reste, là, silencieux, dans cette petite pièce qui tombe de mes gestes. Je fais glisser sa jupe le long de ses cuisses. Je troue des collants qui s'emparaient de deux mollets mouillés. Je retire un tee-shirt blanc doucement, je ne brusque rien, je soulève les bras pour le faire passer par la tête, ses cheveux se collent à mon cou, à ma bouche, à mes pommettes, l'odeur du shampoing me courbe la nuque. Je lève la main, et d'un doigt, je parcoure tout le long de la pièce, je touche les murs de la salle de bain du bout du doigt, je veux ressentir, la matière, le parcours de la peau. Mon doigt se courbe devant les plaques de carrelage froid, le ciment est docile, il laisse passer, ma trace. Arrivé à la fenêtre embuée, j'écris son prénom, [...] , mes lettres glissent, sûres d'elles, arrondies, penchées, [...], légèrement, sans appuyer, la buée se laisse effacer, amoureusement, jus d'air, esquisse du prénom. Elle n'était pas là, sous mes doigts qui lui caressaient les muscles, pas là dans les collants de soie bleue qui défaisait le jour, pas là.

Si vous saviez.
Vos rêves n'ont pas assez d'imagination pour reproduire ce qui se passe dans mes nuits.

 

20 février 2011

Suce des géants et des nains.

Bien sur, vous attendez, le poing qui s'en va fissurer le miroir, la pluie qui vient effacer le prénom inutile, la peau qui vient vous expliquer. Non. Non. Elle vous explique. C'était calme, c'était doux. C'était. Ca n'était pas comme ça. C'était sous terre. Sous peau. Je ne sais même pas si c'était. Taisez-vous. Je ne veux plus de questions. Les pierres par la fenêtre, ouvrent grandes leurs oreilles. Il n'y a rien à entendre, il n'y a pas de bruits, il n'y a que des murmures, que ses murmures je dis "Si je te laisse seule, maintenant, je me laisse seul aussi". Il n'y a que des nuits sages, des lumières faibles, ses cheveux qui coulent le long de mon épaule, ma main qui cherche son front, l'odeur des filles, il n'y a pas. Taisez-vous. Ce que vous attendiez. Le plafond laisse dégouliner ses curiosités. Non, retiens-tout, je ne veux pas, de ton liquide curieux, impatient. Il n'y a pas de violence. Retiens ton humidité, je n'ouvrirais pas la bouche la nuit, tu ne m'atteindras pas. Rien de ce que vous attendiez. Juste son sourire derrière ces petits airs de petite fille, des petites mains qui regardent les miennes, juste un silence poli à travers les draps, juste un baiser pour la nuit, juste des yeux qui ne sont pas perturbés par une frange trop longue et insolente. Il y a juste, des choses qui s'ajoutent, qui se déplacent. Il y a juste, son amoureuse, et son sourire que j'imagine se mélanger sous les doigts de M. Il n'y a pas. Elle dit peu. Elle a le silence épais. Il n'y a pas. Jusqu'au départ. Il y a le départ. Taisez-vous, laissez moi finir. Il y a le départ. Là, je dois réussir à l'écrire. Il y a juste la violence du départ, caché. Pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi. Laissez-moi l'écrire. Laissez-moi me dire que vous ne me lirez pas. Je ne comprends pas pourquoi, partir. Partir comme ça. Non, je ne peux pas. La gare est inondée. Les visages sont en attente. Les vitres du train nous regardent. Les costumes des hommes se déchirent. Les souliers des petites filles ont les lacets défaits. Les rouges à lèvres s'écaillent. Les salives retournent dans leurs gorges. Le ciel passe son œil à travers des gouttes de pluie d'argent. Les braguettes s'ouvrent. Les mains se cherchent. Les corps sont en attente, haut perchés, ils nous scrutent. Les ampoules se cassent, en silence, leurs débris s'écoulent dans les décolletés. L'hiver s'éteint, s'installe, tranquillement, il attend, le moment venu, il attend, c'est son film, son histoire, son manuscrit, son scénario. Il prend son temps, il nous regarde, il s'impatiente de son moment. Les parfums sont brisés, les amoureux se séparent, les ventres se tordent de nervosité, le vent suis notre mouvement, inconscient. Pourquoi je suis parti. Pourquoi je suis parti comme ça. Les hanches se brisent. Les trains attendent de démarrer. Les valises se vident. Inconscient, je suis inconscient, de partir, comme ça. Non, je ne peux pas. Laissez-moi, attendez, je n'ai pas fini. Je dois pouvoir l'écrire. Je dois pouvoir retrouver. Partir, comme ça, pourquoi, je ne peux pas, c'est impossible, je ne peux pas m'oublier à ce point, je ne peux pas nous oublier, je ne peux pas. Alors pourquoi. Qu'est-ce qui me prend. Qu'est-ce qui me prend de partir comme ça, avec ce sourire, avec ce calme. Avec ce sac sur mon épaule qui s'attarde lourdement, ses cheveux décoiffés, ma frange qui ne se met pas en place à cause de l'humidité de la pluie, ce manteau sage qui tombe, mon parfum qui ne se remue pas. Partir, comme ça. Calmement. Pourquoi. Je ne connais pas mon rôle, je ne reconnais pas mon texte. Je ne devais pas. Je ne devais pas jouer ce rôle là. Moi, je devais jouer la force, je devais recevoir la gifle, je devais ouvrir les bras. Comment ça se fait. On s'est trompés. Pourquoi. Rendez-moi, mon texte. Je ne suis pas dans mon jeu là. Le décor va tomber. Moi, je devais. Alors pourquoi je ne le fais pas. Pourquoi je pars comme ça. Il y a un problème, on s'est trompés. Revenez, donnez moi les mots, les phrases, donnez-moi l'ivresse, donnez-moi les pleurs qu'il faut, donnez-moi le visage qu'il fallait. Pas celui-ci, pas celui de l'indifférence, pas celui du départ indifférent, pas celui que j'ai en ce moment. Donnez-moi les gestes, de la puissance. Ceux qu'on m'avait réservé. Attendez, ne partez pas, et vous, les trains, ne démarrez pas, attendez, je vais trouver, quelqu'un qui pourra me donner, mon rôle. Mon rôle qui m'était réservé. Attendez, non, ne partez pas. Je n'ai pas encore fait ce qu'il fallait. Redonnez-moi les baisers qu'il faut, l'événement que j'avais inventé. Restez, ne partez pas, je vais trouver, faites-moi confiance. Pourquoi je pars comme ça. Ça ne fait pas partie de la scène. Je suis peut-être trop dans le désamour. Je suis peut-être trop dans la politesse. Je suis peut-être trop dans la politesse. Pourquoi. Vous, Madame, tendez-moi un texte qui bout dans les entrailles, une phrase, un geste. Venez. Partir comme ça, ça n'était pas pour moi. Partir, comme si, j'allais la revoir demain. Comme si, je ne l'avais pas aimée. Comme si. Alors partir, dans un rôle qui n'est pas le mien, avec un texte vide, partir, la regarder, savoir qu'au fond, on ne nous a pas enseigné, ce qu'il fallait, mais savoir qu'au fond, on savait, que le calme était déguisée, et dire ensuite "ce qui me manquait c'était le départ parfait" c'était ta bouche.

19 février 2011

Livre from Amsterdam - Hot Blondie.

De toi je veux de l'intimité silencieuse, aux rideaux de velours rouge couvrant nos teints mouillés des sueurs légitimes de l'excès, nos plaisirs sont des baigneurs au milieu des sentences de nos visages, des fleuves d'une largesse de cils, où dorment les plants sauvages de nos caprices, de nos déclins. Je te tends un pays tout entier, aux frontières prismatiques, je  te tends un pays qui dans moi gémit, la voix courbaturée et craque partout menacé des eaux noires des forêts que l'on nomme les flaches, menacés des braconnages du réel, du fusil de l'impératif. Je te tends ce qui frémit, palpite, ce qui prend l'apparence de deux conques creusant dans la lumière de quoi bénir les muscles. Nous aurions, dans l'intime, sur ces baisers qui séparent du monde, qui nous en cachent et le font écroulé comme une confesse sur la bouche coupable, à l'abri de toutes les réprobations.
Offre moi tes lèvres que le baiser y naisse. Je te tends le moule de ma bouche pour que ta tendresses s'y forme. L'intimité est-ce autre chose, encore, que l'isolement conjoint, de deux volontés tendues ensemble au dessus d'un but ? Qui se fabrique de quatre mains potières. Je pourrais t'en façonner un, de la taille d'un orgueil, je pourrais y punaiser des photos en couleur, les articles du journal, des couvertures de roman. L'intime, c'est ce pas dans une foule qui ralentit deux corps étrangers, qui se bercent assez, soudain, de l'écho rencontré en l'autre, du reflet sonore de sa foulée imitée, reproduite. Je pourrais t'inviter dans l'intime de mes nerfs dans le danger profond de mes yeux où naissait le vertige qui creusait le vide dans les corps des funambules. Je voudrais sentir dans une transe commune, dans nos respirations mélangées, associés en les senteurs nouvelles du désespoir, je voudrais coller l'effluve de toi aux images de toi qui se réunissent à l'intérieur de ma bouche, le parfait frisson de notre distance. Je te proposerai mon ventre ouvert et tu dirais "il y fait froid comme à la tombée de l'espoir"

J'ai l'obsession de toi, de tes yeux mouvants qui enfilent tes orbites comme les mains du joaillier tissent les colliers, tu es lourde à mon âme comme un péché dans le geste du saint, comme le crime dont la justice ploie les innocents. Tu te tiens dans la pliure du regard que fait la fierté aux visages sensibles, ce petit creux où s'agglomère en peaux neutres le pleur suspendu, cassé, gelé. Tu te tiens au rebord de moi, je te sens proche, mais aucun de mes mouvements ne peut t'atteindre. tu es d'une autre réalité. De l'autre côté de cette matière invisible au-delà du visage, au delà des pensées, dans le sens même pratique, physique tu m'es extérieure. Dans un univers nous nous tenons chacun d'un côté distinct de la lumière.
Si mon audace me compose au corps le toucher de ton être, je suis certain de te  passer au travers, de te déchirer sans douleur comme la brume traversée par des processions. Comme le silence redevenu silence après que les voix longtemps chantantes se taisent. Si mes manières sont en capacité de te troubler, tu te reviens à l'état primitif d'avant moi dès lors que je te quitte. L'ondée rare, cette mare précieuse, bleue liqueur, absinthe suisse, où la pierre de mon âme s'enfonce, divise, jusqu'à ce que les eaux se reviennent toutes en ordre comme tes cheveux longs mais dressés. Tu as sur la tête une colonie de serpents d'or, de fougères baignées d'aube, couvertes d'automne, tu as sur la tête une tiare de venin pour doubler la lumière de celle de tes deux beaux yeux de buée. J'y inscris des signes indiens...

Tu es belle dedans moi, belle comme la promesse de la jeunesse, comme une femme muette. Tu es belle dans tes indignations qui t'empourprent en bas ce que ta lèvre a ganté de pâle, cette étrange trace de dignité, cette petite tache invisible, immaculée, ce petit reste de calme que l'injustice enflamme. Il est heureux qu'à l'heure de nos courtes conversations, les images du fantasme se forment directement dans l'obsession, sans prise sur le réel, sans y aspirer ce qui lui manque de couleurs et de laisser la trace résiduelle de lui comme une preuve du crime, comme le sperme stagnant, jaillissant du sexe du violeur. La croute du crime, et le regret trainant là sa laideur coupable. J'ai vu des pantalons de coutil avouer mieux un crime que la bouche des condamnés à mort. J'ai vu les ourlets figures, me raconter toute l'histoire sous l'aube d'un réverbère, dans le crépuscule d'un porche, j'ai vu les braguettes trembler des images rassemblées en un point par le réel. Je sais toutes les choses, tout le pigment insensé de la fatalité.

Tu es trop précieuse pour que je te souille du mot d'amour, pour que je te souhaite rangée dans mon quotidien de désordre, où ma solitude crève les yeux des fillettes, où ma solitude comme une douane jette en dehors de mes secrets toutes ces étrangères, que je dis d'amour ou de passion, qui ne sont que des dégoûts, les ombres-vêtements que je me mets au froid. Je ne peux pas te couvrir de cette guenille, ce vêtement public du verbe dont je sais bien que tu te doutes qu'il te concerne, quand je le sors ici du silence.

Tu es autre, dans moi, et je t'enjambe ruisseau

Du pas leste et brisé des couleurs

Faillies de l'accord

Étrange du vent

Avec le son

Du silence reprisé par les mille bourdonnements

Infernaux. Ce chant révolté des grèves

Aux allures de défaite

Ne suffit pas à disperser tous les parfums

Entêtants, des premières audaces

Les eaux chaudes jettent
La leur du thé
hors de meu

-rtissures du soir




Il me faudra oublier, le chant de tes yeux. Tout ce que j'y vois quand je m'y fixe. Je tiens à toi, de loin, je te veille à mes façons, je m'enquiers de ton état, quand tu es hors de mes visions, à des fées, des monstres, des idées fixes comme des constellations je demande aux hallucinations qui t'ont crue voir dans le délire si tes yeux dansent toujours comme d'éclatantes Lady, et aux songes, que ton sommeil autorise, à me rapporter tes gestes et tes sacrilèges. Je te sens, il est une odeur dans toutes les puanteurs du monde que je sais la tienne, que j'ai affiné jusqu'à me la rendre intime, à l'allonger dans ma chambre pour y transformer l'atmosphère -comprends, je te fréquente tous les jours, en l'ombre de toi. Mon sommeil absent, tu l'enveloppes, le berce, mon lange ou mon suaire. Selon que je meurs ou que je suis mort.
Tu es trop digne, trop précieuse ,trop étrangère pour que je vienne immobiliser le verbe mou, fatigué d'aimer. Tu es trop loin de ma myopie pour que ta forme réelle m'apparaisse, tu es floue, incertaine comme le plaisir. Et de ton bord de la vie le temps s'en va, sans frissonner jamais, de son pas militaire. Tu te tiens de l'autre côté des idées, entre le marbre de celles qui durent et l'acier de celles qui tuent. Ce sont des lois.

Je t'embrasse sur les yeux
Ton petit feu et toi
Passe de bonnes vacances.

18 février 2011

Narcisse défiguré, mon amour.

Je me dis qu'il est bien pauvre le monde intérieur de ces gens là pour se rêver des partances, dans des paysages de piquets, délimités en dehors d'eux même, s'arracher comme des souches mortes de la terre qui les héberge, et les retiens, je me dis qu'ils sont bien pauvres leurs mondes intérieurs pour parler d'ambitions, de carrières, d'orgueils et d'argent. Se calibrer un futur à hauteur d'escalier.
J'ai quinze ans pour toute la vie puisque les gens vieillissent d'être mesquins, cette mesquinerie qui se visse à toutes les innocences pour les défaire, les pourrir, les infiltrer et croupir leurs larmes, c'est une infection de radium, le bacille se niche, il incube avec lenteur dans la révolte, il suspend le temps des cris, des pestes et des rages. On se réveille, en ville, avec 2,01 enfants, et un divorce qui se fait pourtant déjà jour. J'ai quinze ans jusqu'à ma mort, d'échapper à toute les veuleries ordinaires, je suis un cri, haïssez moi. Je voudrais que la bourgeoise qui me lit ne sache pas s'en détourner, nouée là du dégoût visqueux qui émane d'elle, que ses yeux fondent sur le papier. Je veux piéger le lecteur dans la laideur de son hypocrisie, je lui tends le reflet de ses lâchetés, vois ton monde pâle, vois ta soumission et ton écrasement, je t'appelle assassin légal, et assassiné officiel, tu es martyr. Je ne veux laisser aucune chance à qui me dévore.
Tu ne voudrais pas toi d'une autre vie, un peu dangereuse, qui sente l'aubépine, une autre vie pleine de toi-même, de l'enfer et des saisons mourantes, de toute la fragilité d'une existence, comment vouloir se conformer, se confirmer, se valider à travers un cadre d'esclave, comment s'exiger mû par l'instinct bas et réinventé d'une flûte de puissance. Comment, fait on pour se dire "en couple" de façon définitive, jusqu'à annoncer avec regret "je ne suis pas libre". Ta cellule je te la brûle, vois le monde menaçant, vois ses coupoles d'odeur, vois ses fleurs de marbre qui rugissent du sourcil, vois les pistils qui enfantent, et le sexe végétal ouvert comme une blessure, vois, vois ce monde autre que celui de l'habitude usée, des répétitions et vos vies de loques et de guenilles.
J'ai vu vos geôles, visité vos prisons, et je n'en veux pas, à la liberté je ferai un rapport horrifié quant à l'état d'une société carcérale, mécanique, soumise, répétant l'ordre, qui fait quotidiennement ses flexions sages, ses exercices de soumission. Peuple imberbe, je baise ton front nu et grelottant, je baise ta froide nuque de mes vertèbres qui craquent, je baise tes joues froides où je voudrais coucher la terreur, dans son bel habit de deuil, et moi mon ombre dans sa peau de morte, dans son visage drogué t'incendie.
Je me dis comme vous devez être creux, d'avoir besoin de ces attributs, de vous projeter hors du monde, tandis que dans moi j'ai des paysages, des régions toutes entières, vierges de mains, et de salissures où s'entendent encore hennir les cheveaux sauvages aux dents cabrés et dures, je suis toutes ces contrées invisitées, tous ces endroits qui vous manquent au coeur, dans vos géographies vendues, dans vos intérieurs censures. Regardez moi, si je brûle, si je crie, si mon visage s'entend de la défaite n'est ce pas qu'il grouille de vies, de morts, de destinées, et de drames, je suis le coeur de la tragédie qui palpite des deux ventricules, qui renvoie la lumière dorée, et l'ombre de la veine violette, je suis le fantôme de vos retenues, je suis l'ombre de vos mines compassées, celui qui vient le jour durant insulter la mesure qui vous bat les tempes. Vous êtes des métaux mous, quasi-liquides, obsédés de vilenie. Je n'ai d'obsessions que du beau, et mes gestes -sauf dans le commun, des présences imposées, à l'Université, au travail, là où je peux échapper à l'autre, qui est autre qui ne peut non plus m'échapper, où deux impératifs nous mènent à la même auge souillure- s'étudient pour déclamer ces diapositives qui dans la tête de passer si vite brûlent la rétine comme des sabres chauffés à blanc. Je voudrais t'inviter dans moi, que tu vois ce que c'est que vivre sans pudeur, sans politesse, ce que c'est simplement que vivre tout entier, de chaque parcelle de soi tendue vers cette seule exigence que vivre, d'absorber la lumière et les yeux bleus pour ce dessein unique, de vivre et de grandir.
Je les vois toujours, multiples, à dire "nous" et ne font qu'aditionner des singuliers "je" de ces nous sans matière, contours d'artificiels comme des frontières d'Etats neufs, je veux un nous qui mélange, qui fond et confond, de ces nous alliage dont on ne sait les indépendances subtilisées d'Union.
Je les ai dans moi ces pays là aux ramages de couleurs, ces fleuves, ces vallons de songe, ces craquements de banquise, ces chants de sirène, les bêtes mythologiques, le froissement des diables polis quand ils filtrent dans mon foie cancéreux, je les ai dans moi ces senteurs de yeux bleus.
Je suis l'aimant qui les guide et les retient, je suis la flute enchantée qui chasse les folies à dents aigues des villes souricières. Je suis celui qui vient rabattre les couleurs en un prisme de soir, qu'il attache autour de lui en drap sénateur. Je suis le cri, et la beauté jaillit de moi, elle est mon ombre que le soleil m'arrache pour montrer à ses piquets de flamme ce que c'est qu'être feu. Tandis que vous tous, et toi hélas, cherchez le beau dehors, pour le mettre dans vous, vous le cherchez avec des yeux morts, avec des gestes fatigués, et le beau vous ignore, vous passe tout autour, c'est une allergie, l'eau en approchant vos corps se détourne et me nourrit. J'ai bu tous les fleuves du réel, bu tous les fleuves de la pensée, bu ceux de l'enfer et les sources de vin du paradis, j'ai vu toutes ces danses mystiques qui ajoutent à la lèpre la garance des frocs trempés de sang.
Vos inexistantes figures se confondent avec le silence et l'absence, vous ne savez pas la terreur et l'effroi vous ignorez les mains blêmes qui vous suivent pleines de menaces répétant avec vous les grands crimes qui vous jouissent dessus, je suis enceint de tout ça, le monde part de moi, ce que vous vivez est depuis ma lèvre la couleur c'est ce que je vomis,la nuit ce que je pleure, le jour ce que je crie, tout ces noyers sont mes lèvres d'affront douloureux. Et ton front douloureux s'en va, dehors de moi, et je ne te rattrape plus...

18 février 2011

Lanternes, lents ternes.

Pauline, à midi, à l’heure de nos déshabillages bavards, quand je monte au 12 de la rue Balzac, dans l’appartement où elle s’impatiente, prononce cette prière « je suis amoureuse tu sais, ça ne veut rien dire ce que l’on fait. On se donne du temps qui prend l’apparence du corps, on se donne nos muscles, on se donne nos fatigues, on les mélange, mais on ne les unit pas, elles restent toujours étrangères, se voient sans se comprendre, ton langage n’adhère pas sur ma peau, il a perdu sa propriété de magie visqueuse. Toi tu ne m’aime pas et moi je te déteste. Tu ne m’aime pas parce que tu vis dans un monde plein de pensées, de choses étranges, de couleurs invisibles. Quand tu m’appelles, parfois, sans t’en apercevoir tu me dis Anne, et tu continues, à parler d’yeux bleus que je n’ai pas, je suis pleine, moi, je n’ai pas eu l’éclat décoloré de ces filles translucides que tu aimes tant, de ces défaites du pigment, de ces peintures d’échec, de ces brouillons de saveurs. Une blonde aux yeux bleus est une précipitation délayée, effacée, elle est faite dans l’urgence, le soleil inattentif les oubliait, ce sont des machineries de l’ombre, c’est de l’argile mou, ce sont des pâtes crues ces filles que tu aimes tant. Tu me disAnne, et tu parles de l’abîme de ses reins, tu n’écoutes jamais l’autre, c’est à peine si tu le vois –j’ai les yeux myopes. Tu es dans ta tête, tout le temps à l’intérieur de toi-même alors que tu m’entres dedans, c’est toujours la mystique du pays de toi que tu visites, toujours cette absence douloureuse dans tes traits crispés qui me fait te haïr, et te rendre si indispensable à ma solitude. Qu’est ce que l’on partage ? Rien ? Mutualiser nos détresses ? A peine, on disperse dans la même direction notre temps, on vérole notre jeunesse du même silence, de la même transe mécanique qui ébaubit toutes les pucelles que tu aimes défaire. ». Je circule sur des tas de scène, par pitié ne me pardonnez pas, je traîne mes décombres, mes membres et mes cendres, j’allonge mon ombre sur des tas d’amour composites, qui jaillissent moitié de la forme que la réalité a bien voulu leur consentir, moitié de ce que le fantasme leur colle au visage. Je suis amoureux de petites invisibles que je me maquille des couleurs chatoyantes de mon estomac, de la peau des fruits miteux que j’expire, leur chevelure est faite de l’éponge molle des pensées. Les nuages qui les couvrent dans la nuit abritent l’eau matricielle des mers de demain, toutes ces larmes contenues dans l’œil immense du ciel, qui se tient suspendu en l’air comme un couperet sans mécanisme. Je m’abreuve en moi-même dans vos lèvres closes comme des yeux. Etre heureux, c’est être aveugle, et j’en crèverai les yeux brûlés, je m’en dénouerai les paupières si elles coulissent jusqu’aux silences. On ne vit bien qu’éblouit. Le bonheur ne vaut pas l’amour, ma petite Pauline. Anne, c’est autre chose que toi, Anne c’est dix-sept ans douloureux qui lui tordent le nez pareil à un crime qui se tiendrait au milieu du visage des innocentes faïences, tu imagine la fêlure d’un vase d’antiquité ? Son nez est cette blessure qui se tient dessus sa bouche comme un avertissement pour tous les faillibles du verbe, littérateur, tous ceux-là, adorant, ses jambes de compas, ne comprenant rien des poisons de sa lèvre mycélinienne; mortelle parure que sa beauté de scandale. Anne, est de ma race d’ignoble, de son corps parfait de déïté malfaisante, de ses dix-sept encombrants elle me menace, ses dix-sept ans sont dangereux, ils brûlent et suffoquent, s’étendent partout comme des ailes d’utopie. Ne respirer que son parfum vénéneux, cette fleur expirant souffle par souffle une buée d’accidents. Je meurs cent-dix fois par nuit dans l’étreinte de ses ormes, l’écorce de sa peau déchire les tissus fragiles. Parfois elle me dit, le soir de nos sordides émois  « Je crois que l’an prochain je partirai avec toi, ce sera la Pologne, ou la Hongrie, ou ce que tu voudras qui nous donnera l’excuse de nous tenir chaud, on partira en hiver, et on ne se laissera pas. Nous boiterons d’avoir trop d’hideur, d’être trop lourd de nos corps unis par le scandale et la cruauté. Si tu as faim, que ma peau ne suffit pas à te nourrir, si tu as faim, j’irais voir ceux-là qui payent pour la chaleur humaine. ». Anne, veut venir à Paris la semaine prochaine, et elle me dit « Je dormirai sur un banc, avec un couteau et ma poitrine belge, je dormirai sur le banc, avec mes seins de clochers et mes yeux bleus. Si tu veux me voir, on baisera dans les toilettes publiques, on y entrera à deux, en gloussant pour que les passants se tournent, et s’indignent en se bouchant le nez. Mais tu devras me payer, si tu veux me goûter. Je me suis assez offerte, maintenant je tarife, je mesure, je répartis, je suis une part sociale précaire. Je te vends la tendresse, l’étreinte, les bras, tu peux payer de ta détresse, de tes rimes de muriers, tu peux payer avec de grandes bouchées d’or, tu peux me payer de l’argent que tu volais à Georges dans son sommeil interdit. Mais je veux quelque chose de ce moment, quelque chose de sale, de bas, je veux quelque chose qui me rapproche de l’enfer où tu rugis tes certitudes malfaisantes, je veux moi aussi pousser ces hurlements qui m’ont glacé tant de nuits, que tu pousses sans pouvoir les retenir comme l’eau d’un fleuve qui rompt son barrage de bois. Ces cris, ceux-là dont tu disais qu’ils sont tes nerfs nécrosés, tendus, recroquevillés comme des billes de plomb, tes nerfs abominables déformants ta bouche, et ton langage, murmurant des prières aux condamnés ». La vie je veux la mener en pointe, tendue vers quelque chose d’excessif, quelque chose comme l’Art, qui ne souffre que mal les contraintes, qui balbutie dedans ses paroles révolutionnaires, qui va abandonner toujours les mornes normes jusqu’à descendre les barricades des rimes. Je veux construire des salles cassant l’harmonie des architectures, vivre au milieu d’un paysage saccagé de bombes, creusé de guerres, et au milieu dans les lits de boue trouver vos caresses à vous, mes petites que j’aime, que je chéris et qui me détruisent. Si vous saviez toutes comme les yeux bleus me mettent en miettes, combien je n’ai jamais su résister que par fierté à leurs suggestives poussières. Ils n’en sont aucun à ne pas m’émouvoir du profond des notes graves qu’ils chantent, aucun iris qui ne me fassent pas passer au corps les eaux tièdes de la désespérance, aucun yeux bleus face auxquels je peux me tenir sans ternir, aucun vers lesquels je n’ai pas la caresse qui arme mon bras, et si la politesse en interdit l’expression je meurs en moi-même de cette flamme interdite. J’ai fait feu en moi, de ces absentes, disparues, rangées dans leurs vies. Tous les yeux bleus qui parsèment les visages ont hérité cette politesse de sommeil, cette douleur profonde, à laquelle on ne peut se soustraire, et c’est mon visage en elles, dans les bains malades de la pupille dilatée que je crois observer. Mon reflet ascète, fendu en deux, dans vos beaux yeux. J’aime les yeux bleus, et quand ils incrustent un joli visage comme les opales un collier, quand l’intelligence qui les porte et qui les vivifie s’ancrent dans ma peau, je défaille tout entier, et j’écris les promesses rieuses avec des mains d’enfant. A la nuit, je grimpe, ma sœur les doigts mangés de gouache pour la teindre de la parure heureuse de ce que me font ces yeux là. La contamination de leurs mélodiques stupeurs. Yeux bleus venez à moi, étudiez ma nuit, scrutez mes dépits, guérissez moi pitié des hurlements qui me façonnent un monstre. J’hésite au crime encore, et j’y tends, j’y tends mes muscles d’enfants ne sauront pas tenir encore, j’entends les voix dans moi qui ordonnent déjà, qui structurent l’occupation, me vendent, et me féodalisent. Mon âme et ma chair pour deux royaumes, à l’âme l’évêché ; à la matière la châtellenie. Guérissez moi de la brume de vous, venez, venez mettre vos lueurs dans la nuit au ventre violet, érigez vos torches de papier qu’embrasent vos éclats bleus de lumière. J’ai mal à toi, et à vous. Aux cheveux blonds, brûlés de jour et ma solitude. Je vais visiter des mondes de couleurs, et de mélancolie, je veux tes baisers mouvementés, et la reliure de cuir de ton corps, que je frotte jusqu’à la flamme. Je brûle de faim pour vos images, pour vos yeux de maximes. C’est ainsi, on ne s’en remet pas
18 février 2011

Lanternes, lents ternes.

Pauline, à midi, à l’heure de nos déshabillages bavards, quand je monte au 12 de la rue Balzac, dans l’appartement où elle s’impatiente, prononce cette prière « je suis amoureuse tu sais, ça ne veut rien dire ce que l’on fait. On se donne du temps qui prend l’apparence du corps, on se donne nos muscles, on se donne nos fatigues, on les mélange, mais on ne les unit pas, elles restent toujours étrangères, se voient sans se comprendre, ton langage n’adhère pas sur ma peau, il a perdu sa propriété de magie visqueuse. Toi tu ne m’aime pas et moi je te déteste. Tu ne m’aime pas parce que tu vis dans un monde plein de pensées, de choses étranges, de couleurs invisibles. Quand tu m’appelles, parfois, sans t’en apercevoir tu me dis Anne, et tu continues, à parler d’yeux bleus que je n’ai pas, je suis pleine, moi, je n’ai pas eu l’éclat décoloré de ces filles translucides que tu aimes tant, de ces défaites du pigment, de ces peintures d’échec, de ces brouillons de saveurs. Une blonde aux yeux bleus est une précipitation délayée, effacée, elle est faite dans l’urgence, le soleil inattentif les oubliait, ce sont des machineries de l’ombre, c’est de l’argile mou, ce sont des pâtes crues ces filles que tu aimes tant. Tu me disAnne, et tu parles de l’abîme de ses reins, tu n’écoutes jamais l’autre, c’est à peine si tu le vois –j’ai les yeux myopes. Tu es dans ta tête, tout le temps à l’intérieur de toi-même alors que tu m’entres dedans, c’est toujours la mystique du pays de toi que tu visites, toujours cette absence douloureuse dans tes traits crispés qui me fait te haïr, et te rendre si indispensable à ma solitude. Qu’est ce que l’on partage ? Rien ? Mutualiser nos détresses ? A peine, on disperse dans la même direction notre temps, on vérole notre jeunesse du même silence, de la même transe mécanique qui ébaubit toutes les pucelles que tu aimes défaire. ». Je circule sur des tas de scène, par pitié ne me pardonnez pas, je traîne mes décombres, mes membres et mes cendres, j’allonge mon ombre sur des tas d’amour composites, qui jaillissent moitié de la forme que la réalité a bien voulu leur consentir, moitié de ce que le fantasme leur colle au visage. Je suis amoureux de petites invisibles que je me maquille des couleurs chatoyantes de mon estomac, de la peau des fruits miteux que j’expire, leur chevelure est faite de l’éponge molle des pensées. Les nuages qui les couvrent dans la nuit abritent l’eau matricielle des mers de demain, toutes ces larmes contenues dans l’œil immense du ciel, qui se tient suspendu en l’air comme un couperet sans mécanisme. Je m’abreuve en moi-même dans vos lèvres closes comme des yeux. Etre heureux, c’est être aveugle, et j’en crèverai les yeux brûlés, je m’en dénouerai les paupières si elles coulissent jusqu’aux silences. On ne vit bien qu’éblouit. Le bonheur ne vaut pas l’amour, ma petite Pauline. Anne, c’est autre chose que toi, Anne c’est dix-sept ans douloureux qui lui tordent le nez pareil à un crime qui se tiendrait au milieu du visage des innocentes faïences, tu imagine la fêlure d’un vase d’antiquité ? Son nez est cette blessure qui se tient dessus sa bouche comme un avertissement pour tous les faillibles du verbe, littérateur, tous ceux-là, adorant, ses jambes de compas, ne comprenant rien des poisons de sa lèvre mycélinienne; mortelle parure que sa beauté de scandale. Anne, est de ma race d’ignoble, de son corps parfait de déïté malfaisante, de ses dix-sept encombrants elle me menace, ses dix-sept ans sont dangereux, ils brûlent et suffoquent, s’étendent partout comme des ailes d’utopie. Ne respirer que son parfum vénéneux, cette fleur expirant souffle par souffle une buée d’accidents. Je meurs cent-dix fois par nuit dans l’étreinte de ses ormes, l’écorce de sa peau déchire les tissus fragiles. Parfois elle me dit, le soir de nos sordides émois  « Je crois que l’an prochain je partirai avec toi, ce sera la Pologne, ou la Hongrie, ou ce que tu voudras qui nous donnera l’excuse de nous tenir chaud, on partira en hiver, et on ne se laissera pas. Nous boiterons d’avoir trop d’hideur, d’être trop lourd de nos corps unis par le scandale et la cruauté. Si tu as faim, que ma peau ne suffit pas à te nourrir, si tu as faim, j’irais voir ceux-là qui payent pour la chaleur humaine. ». Anne, veut venir à Paris la semaine prochaine, et elle me dit « Je dormirai sur un banc, avec un couteau et ma poitrine belge, je dormirai sur le banc, avec mes seins de clochers et mes yeux bleus. Si tu veux me voir, on baisera dans les toilettes publiques, on y entrera à deux, en gloussant pour que les passants se tournent, et s’indignent en se bouchant le nez. Mais tu devras me payer, si tu veux me goûter. Je me suis assez offerte, maintenant je tarife, je mesure, je répartis, je suis une part sociale précaire. Je te vends la tendresse, l’étreinte, les bras, tu peux payer de ta détresse, de tes rimes de muriers, tu peux payer avec de grandes bouchées d’or, tu peux me payer de l’argent que tu volais à Georges dans son sommeil interdit. Mais je veux quelque chose de ce moment, quelque chose de sale, de bas, je veux quelque chose qui me rapproche de l’enfer où tu rugis tes certitudes malfaisantes, je veux moi aussi pousser ces hurlements qui m’ont glacé tant de nuits, que tu pousses sans pouvoir les retenir comme l’eau d’un fleuve qui rompt son barrage de bois. Ces cris, ceux-là dont tu disais qu’ils sont tes nerfs nécrosés, tendus, recroquevillés comme des billes de plomb, tes nerfs abominables déformants ta bouche, et ton langage, murmurant des prières aux condamnés ». La vie je veux la mener en pointe, tendue vers quelque chose d’excessif, quelque chose comme l’Art, qui ne souffre que mal les contraintes, qui balbutie dedans ses paroles révolutionnaires, qui va abandonner toujours les mornes normes jusqu’à descendre les barricades des rimes. Je veux construire des salles cassant l’harmonie des architectures, vivre au milieu d’un paysage saccagé de bombes, creusé de guerres, et au milieu dans les lits de boue trouver vos caresses à vous, mes petites que j’aime, que je chéris et qui me détruisent. Si vous saviez toutes comme les yeux bleus me mettent en miettes, combien je n’ai jamais su résister que par fierté à leurs suggestives poussières. Ils n’en sont aucun à ne pas m’émouvoir du profond des notes graves qu’ils chantent, aucun iris qui ne me fassent pas passer au corps les eaux tièdes de la désespérance, aucun yeux bleus face auxquels je peux me tenir sans ternir, aucun vers lesquels je n’ai pas la caresse qui arme mon bras, et si la politesse en interdit l’expression je meurs en moi-même de cette flamme interdite. J’ai fait feu en moi, de ces absentes, disparues, rangées dans leurs vies. Tous les yeux bleus qui parsèment les visages ont hérité cette politesse de sommeil, cette douleur profonde, à laquelle on ne peut se soustraire, et c’est mon visage en elles, dans les bains malades de la pupille dilatée que je crois observer. Mon reflet ascète, fendu en deux, dans vos beaux yeux. J’aime les yeux bleus, et quand ils incrustent un joli visage comme les opales un collier, quand l’intelligence qui les porte et qui les vivifie s’ancrent dans ma peau, je défaille tout entier, et j’écris les promesses rieuses avec des mains d’enfant. A la nuit, je grimpe, ma sœur les doigts mangés de gouache pour la teindre de la parure heureuse de ce que me font ces yeux là. La contamination de leurs mélodiques stupeurs. Yeux bleus venez à moi, étudiez ma nuit, scrutez mes dépits, guérissez moi pitié des hurlements qui me façonnent un monstre. J’hésite au crime encore, et j’y tends, j’y tends mes muscles d’enfants ne sauront pas tenir encore, j’entends les voix dans moi qui ordonnent déjà, qui structurent l’occupation, me vendent, et me féodalisent. Mon âme et ma chair pour deux royaumes, à l’âme l’évêché ; à la matière la châtellenie. Guérissez moi de la brume de vous, venez, venez mettre vos lueurs dans la nuit au ventre violet, érigez vos torches de papier qu’embrasent vos éclats bleus de lumière. J’ai mal à toi, et à vous. Aux cheveux blonds, brûlés de jour et ma solitude. Je vais visiter des mondes de couleurs, et de mélancolie, je veux tes baisers mouvementés, et la reliure de cuir de ton corps, que je frotte jusqu’à la flamme. Je brûle de faim pour vos images, pour vos yeux de maximes. C’est ainsi, on ne s’en remet pas
18 février 2011

L'algorithme de ta peur

« Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes » La Mer changeante des secousses qui se brisent en tempête, et son écume malade fait à la malice un soulier de vairs, à la parole légère jusqu’à la transparence. Le bruit des corps brisés fait les premières tonalités du concert requiem, celles livides des désespérés et le son animal sauvage, dompté par le flutiste, enfermé au zoo de l’instrument, les cordes du piano sont des fleurs d’émaux grillageant l’insoumise bête de bruit. Sur les récifs taillés en larmes immobiles, sur les récifs figés dans des postures d’Andromède viennent se jeter dans leurs chaînes tous les crevés de l’espoir, qu’on dit dans ces contours sans vie amoureux de tes yeux. La nuit, souvent, marchant sous les débris du jour, dans ses restes maigres réfugiés, tremblant, sous les lumières fragiles des réverbères, il en est un qui hurle son agonie-Verdi à la recherche de ton corps où briser le sien de la note finale des valses tristes, j’en vois un, et c’est toujours le même, qui se jette dans les effluves de toi que tu laisses comme des souvenirs colorés pour y mourir, un, et c’est encore le même, qui te souhaite psalmodiant la tragédie de ses os rompus. Les pleurs sèchent vite en entrant en amour. Frisonne les vagues au rythme doux d’un rictus, sur la pâleur dessinée dans les draps plissés en visage du sable à poils ras, se recouvre lui des mirages du désert que la mer dépose, sédimenteux ; les naufragés sont des demeures de désert, des détachements éclaireurs des fictions, ces abris à songe, qui portent en eux les images de délire que délaisse la folie apeurée. Leurs cheveux d’algues tâchées d’actinies tombent froissés sur leurs haleines de rhum et les peaux ivres de souvenirs démontés s’effacent comme la trace sur la plage de ces corps meurtrissant, découvrant, rassemblant, sonnant et dissonant l’outrage des sérénades, tout l’outrage des amours vrais, dont on ne revient pas. Je traîne deux corps aux gravités distinctes, le corps céleste plongé sous les courbes de l’enfer, dansant sous les pièges tendus partout et sur les chaleurs mortelles mais qui ne peut plus mourir, je traîne ce corps-âme dans des pays suffoquant où brûlent les poumons de chiffon, dans l’étuve sèchent l’argile des souvenirs en la figure du cri. Je traîne un corps tout de matière absente, tout étranger aux autres corps de réalité qu’il croise et frôle, celui-là soumis aux gravités physiques qui expriment en tout son consentement, qui se laissent faire. Souvent, je regarde passer les gens et avec surprise, dans le cœur du débit ininterrompu, je vois passer ma vie qui s’en va de moi, ma vie que je regarde m’échapper sans la retenir, comme une femme adultère. Je la regarde passer, et toute cette foule de plâtre en réalité ne bouge pas, c’est moi, c’est moi qui dérive loin de toutes leurs usures. Mon orgueil d’être jeune et vivant. Et ce corps de matières, de chairs, de plaisirs et de désirs, échappent à tous les autres corps – sauf les trois nuits par semaine consacrées aux libations idiotes, aux sacrifices séminaux où des vierges à l’hymen mille fois flétri me fusionnent. Je suis en dehors de la réalité, je me tiens à l’écart de toutes les considérations, de l’ambition, et du futur. Déjà je suis ailleurs, à survivre aux vacarmes de l’enfer, le diable joue toujours le même air obsédant, langoureux et sous leurs habits de soufre les damnés le contemplent. Le chagrin du vin ne vaut pas le chant triste de la Mer bordée de liberté, aux bras de continents où s’endort le jour, quand sa vaisselle d’aube y plonge le fracas de porcelaine de ses couverts de lave. L’enfer existe ; j’y pourris, et mon délabrement y répand des odeurs nouvelles d’invention, des exhalaisons d’une idée qui brûle, d’un sens d’émerveillement, les fleurs tirent de moi la sève qui les colore. L’enfer morcelé de ses eaux miraculeuses, à la confluence de Styx et de Léthé, sous la bave des cerbères, dans les pleurs des puretés déchues, se forment ses mers aux plantes vives et cruelles, aux algues de mains désenchantées. La Mer je la sens dedans l’être, dans le miracle des blessures, dans la déchirure où tu danses et t’infiltres en pensées, ô la mer, ô l’amour, les poisons dilués, tapis, sévères me rongent comme la digue saure des Pays-Ras, sous le glou-glou de l’Océan de menaces et les blondeurs allemandes m’occupent les pas. J’ai cinq Mers mortes dans mes paumes qui n’en finissent pas de somnoler. Sous ton souvenir qui passe ici, sous tes multiples factures, dans le prisme craquelé, fracturé, fissuré de tes yeux bleus, gonflent des paniques, c’est le vent des voiles, et des voyageuses figures soufflant des étendues de sel brillants. Tu ne dures pas sous la peau, comme la pensée sacrilège dans le corps du saint, tu t’en vas en belle dans les pâleurs horizon railler ce fou qui vous suit. Ton double, la lumière, plonge dans son scaphandre de nuit tout au fond des eaux troublées, à la recherche de ton corps comme la géométrie cherche son théorème. Je reviens vers toi de ces pays étranges que nul n’a vu pleurer, que nul n’a su exister dans le repli du temps, dans la courbure de la lumière réfractée par l’obstacle de mon corps, dans ce monde dedans moi sans clôtures, où les loups jaillissent du jour à la façon de sources heureuses, leurs poils gris entassent en aiguilles les faims humaines. Mes nerfs émoussés mettent un froc de marin à leurs sensibles décadences. J’irai mendier ton être de charité ; tes yeux d’être plus tristes que le vin me font ému. Les enfants des cités Baisent comme les Voyous des chansons. « Et pourtant je vous dis que le bonheur existe. Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues. Terre, terre, voici ses rades inconnues
18 février 2011

Je meurs de ma petite mort.

Mignonne,

Les couleurs sont le voyage de la lumière, elle ivre, ouverte en bouche et en baisers qui déploie ses plumes de barbarie, ses sucres tropicaux, ses couronnes rancies, ses fleurs d'alcôves, la rancoeur de la mandragore que l'on avale et qui pousse dans soi ses racines de doigts sorcières. Souvent j'écris sur une belle que je ne dis pas, qui est toi, un amour du loin vociférant ses pitiés. Je dis, il est une fille de silence que j'aime et qui ne s'en doute plus, et c'est toi que je concerne, toi que je concentre. Tu es dans mes doigts, le plaisir muet, et dedans ma parole, dedans mes rescrits aux yeux vérolés de plombage. Tu bouges dans moi comme une corde tendue où tu secoures l'état de mes nerfs, où mon être est pays habité de séismes vigueurs, petite.
Je voulais te dire, ma nuit, la nuit usagée comme un vieux corps fatigué qui me traîne et me soumet, la nuit vulgaire, et ses jupes courtes et noires sous laquelle les genoux jouent des sonnets maquerelles. Je voulais te dire ce que fait le temps pour celui ivre des sons et des paroles, qui s'en va récitant, les vers limoneux. Lorsque je me lève, que je devance de rire le jour collant de ses outrances, je sens le temps qui rétrécit son débit, parle plus lentement sa voix à vieillir les peaux humaines. J'échappe aux ans de tressaillir sous les caresses aux mains de lampe. Autour les berges, toutes les berges s'entend, s'abaissent et semblent des plages, des grèves surmontées des calottes moqueuses. Le fleuve rugit dans la mer calme et figée, et dessus le miroir des eaux immobiles, l'éclat bleu de tes yeux de deux fois quinze ans plonge le ton entêtant de ses corolles rigueurs.
Je me souviens, les nuits où nous nous découvrions, défaits par la semaine, purge de la fatigue que ton étreinte longue à venir, que la nuit lente à dépérir, réfractait. Je me souviens les nuits où nous dépecions les plaisirs, affamés de leurs peaux de fanfare.
Il flottait dehors, dans des langes de notre intime, le refus du lucre et du stupre, et la seule musique pour faire au visage le fard qui déplace les montagnes cris. Que de cristaux qu'une bouche abrite, la moisissure tintante des lèvres, et le baiser vrillé comme une nuque de morte, tentateur comme tes boucles un jour blondes, hier brunes.
Tous les jours tu changes, tous les mercredi à l'heure de dîner ensemble je déguenille mes forces, je me mets en vrac d'attente devant le restaurant de la rue Saint-Jacques où chante sous nos êtres la vapeur. Tous les jours tu changes, et je ne te vois que le mercredi, dans l'angle incertain, nomade, de la lumière qui se presse et te bouscule, qui te bleuit de passer sur toi avec entrain. Dans cette césure semaine, où riment les mains, et les couleurs, où se font de criardes chansons, des babioles aux fenêtres verrouillées , monte, monte, monte ta voix sur ma voix avant nos promesses coalescentes. Quand je me tais, je m'en vais répétant le mouvement sans bruit de tes lèvres de serge, qui se closent sur ton éveil comme le rideau sur la chambre du malade. Qui se balancent comme le soleil à la cime du ciel, et les arbres frémissent sous ton pas qui précipite l'éveil des natures, le chant des bêtes, et la grande chasse des oiseaux de proies. J'entends le tonnerre de tes rires jusque dans mes sommeils. Je ne veux de nous qu'un amour mortel, de jouer sur cette scène tendue pour nos infinis qui se répondent, le lierre de nos caresses et la maladie incurable des gens brisés. Je ne veux pas d'amour sage, bien éduqué, ce doit toujours être taillé en flèche, que nul baiser jamais ne me guérisse de la blessure de toi. Ces entailles que je me fais comme des anathèmes sur l'épaule saignante. Dans tes bras je veux croître jusqu'à briser, et mon corps mis dans le tien, d'expirer jusqu'aux noyades suffocations. Tu es ma mer, la grande mer aux parures changeantes, aux habits de nacre et de jaspe, que jappent les chiens d'écume et les brimades des poupes navires que sont tous les amants que je ne suis pas.

Je t'aime, petite fille, ma plaie d'où s'écoule le chant des sangs.
Je t'aime, petite fille aux yeux de piège et mes mains de voyous
s'y prennent comme des loups.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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