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boudi's blog

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24 avril 2024

Leasing

J’écris au Polo, où je ne vais jamais, habituellement parce que le lieu ne ressemble à rien des choses ou des endroits qui me plaisent. Il ressemble, le Polo, à ces lieux où de Saint-Tropez à Deauville, se rendent quelques petites fortunes des Hauts-de-Seine. La population, ici, est jeune, majoritairement juive sépharade et, avec ma longue barbe de rabbin, mon nez de rabbin, mes longs cheveux bouclés qui tombent sur mes oreilles comme les deux mèches entourloupées de celui qui croit et, pour parler de qui le dépasse et le crée, n’écrit que D.
 
Les serveurs et les serveuses, tous et toutes, beaux. Je dis, serveurs surtout, de ce qu’ils constituent la majorité du personnel en présence. Je n’ai vu qu’une femme, débutante, un de ses collègues lui montre comment procéder à l’encaissement avec le T.P.E non, tu ne dois pas faire de point ici.

Fait rare, la terrasse chauffée l’est vraiment, les cinq radiateurs à infra-rouge nous brûlent comme des soleils fatigués. Sensation agréable que de ne pas penser, dehors, à son corps, parce qu’il grelotte ou parce que, trop chaud, les vêtements devenus humides, il colle de partout. La pensée, sous la grande chaleur ou les grands froids, fond ou gèle. Elle demande, pour se déployer idéalement, les climats tempérés à quoi, de moins en moins hélas, ne ressemblent les salles de classe.
J’entends la conversation, deux personnes, un homme et une femme, un date ou un couple, ou entre les deux, il l’interroge sur un mot, stérile, je trouve rapidement s’en suit

pasteur
une chambre elle est
le lait c’est
le même truc que la chambre d’hôpital
pasteur
j’ai le mot là pas les chambres d’hôpital
les salles d’opération

demande à chatgpt

et je me dis c’est fou tous ses mots dans leurs bouches à tous les deux elle surtout en l’occurrence qui parle sans fin ce qu’elle peut dire cette logorrhée qui ne se trouve pas de termes pas de fin je me demande si elle croit ce en quoi elle croit la façon dont elle se dirige à l’intérieur ils parlent tous les deux de science la science est un vrai problème en ce moment elle ajoute sans que je ne saisisse bien comprenant bien entendu qu’il ne s’agît pas d’épistémologie ou peut-être que si que les atermoiements liés à la pandémie du COVID-19, aux vaccins dont les effets n’ont cessé d’être relativisés, la réécriture permanente de cette science qui devait guérir ou protéger ou tout en même temps la science c’est un problème en ce moment je ne sais ce que recouvre ici le mot science sans intuition aucune de ce qu’eux lui assignent de sens me trouvant moi face à ce questionnement pensent-ils déjà aux choses supérieures, à des puissances lointaines et capricieuses, les jeux de cartes, le braille dans les étoiles

 


la conversation, sur le corps, maintenant, sur la vie.

bon pour ta vie et pour l’expérience que tu fais de ta le corps utilisé comme voiture pour aller d’un point a à un point b t’as profité d’elle comme jamais comme jaja c’est comme laisser sa voiture au garage 

sûrement que c’est vrai, nous avons notre corps en leasing. 

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24 avril 2024

Paris, dernière marge

J’essaie d’écrire, toujours et encore, cette même chose, une rengaine, le vouloir, de l’écriture.
Tout à l’heure, dans le lit, repensant à Terminus Radieux, qui, lui-même, me faisait penser à La Jeune Vera, que Kristina m’offrît cet été, je tentais de rédiger un court texte, une nouvelle ou une simple convulsion, d’un train, se déplaçant, à l’intérieur et aux alentours d’une catastrophe. Il commençait comme ça : 

 

la vie qui sera folle, commencera le jour de ton avènement, le train roulera à son allure de miracle, avant de dériver et dévier, précédant, de justesse, forcément, comme tout périple se veut une limite

 

dans l’ordre des choses incompréhensibles, des mots succédant à d’autres mots, par le simple effet du hasard, un truchement qui, du seul fait d’appartenir, encore, au régime du langage, se pouvait donner la peine et la prétention de se dire écrit. 

 

alors, je continue : 

 

autour de nous, les bombes, en saccade pleuvaient, Samir, blessé depuis toujours, blessé avant les combats, blessé pendant, pensant, par là se prémunir des réelles blessures mortelles, délirait dans notre wagon, il chuchotait, je devais moi m’approcher de lui parce qu’il souhaitait me parler, me confier cette vérité, le brouhaha des bombes, cette terre retournée, partout, comme si les avions à réaction, lâchant leur leste funeste, préparaient, compatissants, le coucher pour toujours de tous ceux, ici-bas luttant. Il comprenait, maintenant qu’il s’approchait de la mort, c’est à dire de la terre, le langage sifflant des bombes perçant le ciel, il comprenait que les bombes, comme les pierres et comme nous, aussi, prient et jurent. Que, si nous l’écoutions, ah la maudite blessure, nous pourrions échapper ce à quoi il n’échappa pas. Des regrets ? Aucun. S’il ne nous souhaite son sort, il s’en réjouit, parce que, dit-il, la fin il l’attend depuis toujours, s’il peut s’exprimer ainsi, parce que, cette fin, ce que nous appelons agonie, qu’il appelle Christ en treillis, ascension, lui donne accès au monde invisible, lui offre le luxe de déchiffrer tout ce qui se dissimule, tout ce qui, aussi, et autant, semblait maussade, muet, humilié. Il nous parle le langage des bombes et de la mitraille qui ne sont pas des langages de mort, qui sont, eux aussi, comme maintes paroles, des barrissements, de monstres gigantesques, toujours en voie d’extinction et s’éteignant sans cesse, remplacé par leurs modèles miniatures, le tigre aux dents de sabre, devenant le tigre du Bengale, plus petit et plus puissant, moins intimidant, ainsi que nos bombes, et tellement plus dévastateur.
Le savoir de Samir suppure, il demande au médecin de cesser lorsque le jeune médecin, c’est son premier mort, il dit encore « blessé » quand nous savons, d’expérience, reconnaître par anticipation le parti, applique, comme un élève benêt récite sa leçon devant une classe vide.
Je soigne le blessé il dit en s’obstinant et nous ne répondons rien, son premier fantôme, il s’en souviendra, il reconnaîtra, à l’avenir, le teint pâle, les lèvres prophétiques, cette manière de profondeur que peuvent trouver même les plus imbéciles au seuil de leur effacement. Un coup de gomme abolit l’être humain.


je fatigue, écrivant, le train lent, se traîne, il ne parvient nulle part, n’avance pas, sa locomotive bruyante dans mon esprit, me montre qu’il continue de parcourir, comme un bégaiement, un crissement ce long chemin où les rails comme des croix s’étendent. De la fumée noire se mélange à la vapeur de ces mots, de ce texte, de ce train-mouvement, ses passagers, carbonisés, échappant, spectres obscurs, des cheminées de ce train de préhistoire.

Sur le traitement de texte n’existe aucune ligne visible, pourtant, j’écris droit, sans jamais dépasser, sans cette écriture accordéon où les mots glissent, comme sur une partition, un peu en dessous de la ligne ou un peu au-dessus. J’écris droit, sur ces rails invisibles.

Il existe un raccourci clavier et, plus simplement, une fonction, permettant d’afficher les caractères masqués. Il m’arrive, par inadvertance, de l’activer en appuyant simultanément sur plusieurs touches et ne retrouvant, sauf par consultation de google, la manipulation exacte. Le ctrl+Z ne permet, je l’apprends souvent avec énervement, de revenir sur le geste involontaire. Il faut, chaque fois, chercher sur google ou tâtonner dans le menu déroulant et trouver la bonne catégorie. Ces caractères masqués qui sont les lignes ou les carreaux, les marges de la feuille de papier, le trait rouge, vertical, des feuilles, les pliures des copies-doubles.
 

23 avril 2024

L'envie

Je m’étais décidé vers 2016 à ne rien faire de ma vie, la regarder là, espèce de liane abrustive et persistante, s’enroulant autour de pierres couvertes de mousse, ma vie, ceci, une promenade rampante et involontaire, soumise à toutes les poussées, sensible, ma vie, aux saisons, au gel, aux précipitations, ma vie que je remettais au néant, à quoi je tenais bon, l’emmenant, sans embardée, ma vie dans ces directions de hasard, ne lui dictant rien à ma vie, quelques syllabes, des gémissements de filles que je n’aime que belles et, de temps à autre, vulgaires, c’est J-C en tailleur ou C. l’été, sa peau dorée sur la plage de Trouville, moi, au loin, je la filme, elle s’approchant, le zoom x12, elle qui ne devine rien de cette optique sur elle braquée, son maillot de bain deux-pièces rouge, l’air sérieux que l’on affiche quand on ignore que quiconque nous observe, cette attitude en soi, une élégance, aussi, de ce que le sérieux alterne avec le vague et l’indéterminé, de ne se savoir regardé nous nous entourons d’un halo imprécis.

Puis, de ce rien faire de ma vie, s’interrompit peu de temps après que je tentai d’interrompre la mienne. L’appel de Romain, le quai de la gare Levallois-Clichy, C. à qui je raconte ceci, elle, toute saisie d’horreur de ce que, dix minutes plus loin, rue C., elle vit. Puis, Jeanne, l’été, de ce ré-amour, le projet, ce mot étranger à mes désirs comme l’autre, son voisin, celui qui lui ressemble comme un ciel d’orage ressemble à un ciel d’averse, l’ambition. Les deux, eux, réunis. Jeanne qui profère je veux une carrière, moi, à sa suite, me glissant dans la traîne — moi traînant — de son mouvement, l’irrésistible force d’attraction de Jeanne, son désir qui, par son simple contact, son énonciation discrète ou vorace, entraîne le vôtre. Hannibal, dit ce que jeanne veut dieu veut. Alors, moi, qui ne suis pas Dieu quoi que je le prétendis, farce longtemps jouée, souhaite, aussi, la même chose et je désire, avant tout, elle. Il y a longtemps, 2018 ou 2019 je crois, moi à elle si je ne suis pas avec toi, j’aurais raté ma vie, je croyais, alors la rater, ou, ma vie, y renoncer, dans la forme curieuse de ce renoncement, une retraite de plus en plus nette, prudente, quelques éclats de fête, d’amour, de baise, j’écris ici, me rendant compte, sinon la comparaison forcée des deux ciels tantôt, y pensant l’inscrivant, testant dans l’écriture le « truc », l’abandon total ou presque, chez moi, des métaphores et des formules, insérant, dans mes écrits, de la sécheresse plus que, désormais, l’image, la délaissant, l’image, depuis ma rupture, elle plus sévère, définitive, avec le lyrisme pur, celui qui, pour véhiculer son sens, passait systématiquement, chez moi, par ce détour des impressions, des spectres, j’ai appauvri ma langue, je crois ou bien non, semant, dans cette lande, d’autres plants, dont j’ignorais et ignore encore, la forme en suspens.
facebook me propose régulièrement des « souvenirs », posts anciens, la plupart d’entre eux exhumés de dix ans en arrière, lorsque j’employais facebook comme une sorte de journal public pour faire montre de mon esprit, j’y retrouve un tour facétieux disparu presque complètement aujourd’hui, appauvri, je crois, par j’ignore quoi, les médicaments peut-être qui en diminuant la colère et la détresse, détournèrent aussi de la pensée, l’un de ses bras.

 

13 avril 2012 « Véritable histoire de la crucifixion : Dieu, ruiné, a mis son fils au clou. »

12 avril 2010 « Le poncif est une vérité usée par les imbéciles. »

27 février 2010 « A cette bourgeoise que je quitte "va te faire vouvoyer ailleurs »"


retrouverai-je jamais le sens réel de la métaphore et le tour d’esprit qui mettait de mon côté tous les rieurs, que je conserve, morcelé à l’oral, dans les mondanités, quand le brouillard cérébral, ma saison principale et ordinaire, ne m’envahit pas.

L’ambition, alors, ce désir, le mot vaste, celui qui tant semblable à Jeanne, qui, point et liaison vers Jeanne, désir, dans la variation de ce que mot imprime, son rythme et son allant. La certitude de l’avancée, la cohue droit devant, dans la brume crispée, travailler avec qui, dans notre cas, deviendra à quelque moment pour, moi considérant les dons, certains dons de Jeanne, totaux et que, en ces cas, si la discorde peut être fertile, le d’accord encore davantage de ce qu’il permet de faire, de s’arracher à l’invraisemblable litanie des discours, ces palabres paralysantes, ces sens d’un détail périphérique, objection au mauvais objet. D’accord.
Que ça marche, c’est à dire, essayer qui, pour moi, plus que seule tentative, signifie, mot-geste-verbe central de ma vie, d’avant, désirer, ce qui me pousse et m’entretient, ce qui en moi donne au sang le rouge, désirer. Qu’ici, à tâtons, je redécouvre, laisse, le désir, toute sa vaste plaine, s’étendre, lui, le désir ainsi que sa durée, ses virages, la route suivie courbe et parfois lente, où la terre sous les pas du désir change sans cesse, terre meuble parfois sous les pluies fortes ou lignes pures dénuées de friction.

l’envie

11 avril 2024

Phréatique

Jeanne-merveille, plus merveille qui ne semble, Jeanne-courage qui se dit pourtant chaque fois, non être courage, qui se voit languide quand, chaque jour sa peine, accomplie, sans plainte ou presque, parfois l’alcool comme homme-lige, soutenant contre les périls pour mieux affronter les suivants.

Je dors longtemps après elle, moi, fantôme suant dans le lit, je m’endors, aussi plus tard, j’aime qu’elle bascule sur le côté et lui dis, souvent, qu’elle me fait penser à la Bardot du mépris, dont, elle, Jeanne, le corps sans paroles me demande si j’aime ses fesses, ses seins, j’aime la courbure, le creux entre la hanche et les côtes. Une île, pour moi, alors. 

5 avril 2024

J'écorche.

Le roman inachevé.
Et puis il y a cette incise, je dirai, dans ma vie, mon existence et mon écriture. Incise, j’écris et, déjà, dans ce mot s’en emboîte une autre qui, je ne sais laquelle abrite laquelle (comment les inscrire l’une dans l’autre, la plus tragique englobant la plus ordinaire, ou, chronologiquement, l’antérieure englobant la postérieure).
D’abord, le COVID, à quoi je ne pensais pas rédigeant ce texte, une littérature post-mortem, endiguait tout un pan de mes possibilités littéraires, il contrevenait au premier jet, à la première direction, il incluait, dans ce récit contemporain et approximativement autobiographique — mais tous les je tous les moi sont des approximations lexicales, légales et biométriques — un présent parallèle, constitué, aussi, comme points de repères, des évènements historiques et quotidiens, un journal d’actualité déplié formant le fonds où l’action s’épandait.
Le COVID, à cause de ce qu’il impliquait de bouleversements des habitudes et des hasards, anéantissait mon projet littéraire, lui, qui se trouvait mu par l’aléatoire et l’instinct.
Rien ne s’opposait plus à cette promenade que les mots de confinement et de couvre-feu. Leur apparition clôturait les actes, les bouches, les gestes de mes personnages, les voilà, eux, coincés, devenus justiciables de règles extra-littéraires. Le monde social devenait le protagoniste, le premier plan. Le monde, qui, jusqu’alors, servait à ma guise, devenait rigide. Je ne pouvais parler de l’année 2021 comme d’une année de caresses, de convulsions amoureuses, l’année 2021, ne pouvait se dérouler qu’à partir du COVID.
Les bouleversements, plus modestement affectant la vie quotidienne, s’imposèrent pour arracher le monde à sa stase. Cette stase nécessaire pour moi puisque, dans un monde faussement figé, je pouvais le considérer et le manipuler à ma guise, il n’existait que par le vague écho des manifestations, des élections, CPF ou Emmanuel Macron, phonèmes dépeuplés
Des mots inflation, guerre en Ukraine, 7 mars constituaient de nouveaux points de repères, un nouveau monde duquel mes personnages, c’est à dire cette vie, ma vie, ne pouvaient s’émanciper. Aucun exil, aucune retraite ne s’ouvrait pour moi, sauf quelques manoeuvres littéraires peu convaincantes, cette parenthèse de mettre en hopital psychiatre, ellipse chimique, mon personnage, lui, ce je tant abruti de médicaments qu’il ressortait à peine affecté de la pandémie et de ses massacres.
Indifférent aux secousses politiques, sauf comme des causeurs de salon, dans un bar miteux ou luxueux, un salon alambiqué comme le mien ou le grand de Jeanne, voilà mon roman forcé, contraint, avec précision, d’en tenir compte, abordage sans fuite possible. Je me trouvais coincé, pris dans ces filets et ces harpons.

L’autre incise, elle, biographique, plus personnellement, touchant à mon individu, qui, scripteur, se confond aussi, de partager avec lui, des souvenirs, une boîte mail ,le prénom et les années. Personnage qui, dans son tâtonnement d’homme, prenait position sur des sujets politiques et polémiques actuels, traitant du féminisme, de l’amour, du sexe entre autres choses.
Puis, il y eut cette incise et le drame qui s’en suivit dont je peux produire une analyse politique sans en exclure ni poésie ni récit. Que je dois inscrire dans le roman puisque ce je, me ressemblant par trop, et que, même, quelque réception que l’on ferait de mon livre, serait débordée par cette question des accusations de viol ou d’agression sexuelle.

Que, ces je indiscriminés désormais, feront l’objet de critiques, remarques. Que, surtout, ces évènements trouvent leur place dans le récit, en tant qu’expérience réelle et les subtilités que l’on ne découvre que par la triste pratique de sa chair. Que le personnage se constitue, à nouveau, se métamorphose, avec les accusations, avec ce que ça fait dans le monde, le sien, intime, le sien psychique, puis, le sien, aussi légal.
Je réfléchis beaucoup à ceci, à ma légitimité, encore, d’écrire et d’apparaître, non parce que, coupable, mais parce que c’est s’exposer à ceux dehors qui depuis le début jurent ma perte. Pourtant, cette incise, importe, elle demande, cette marque, d’être manipulée avec prudence, avec vérité et aussi avec force. Elle réclamera, sûrement, des attaques féroces, légales et sociales. Une intransigeance dont je sais peu faire preuve contrairement aux apparences que je donne. Il m’arrive de criser ce qui se distingue de la force qui, elle, réclame une durée de tenir, c’est la durée seule qui crée une réalité rivale, c’est à dire un autre discours. Criser, au contraire, peuple de trous et de soupçons.
Alors, je vais reprendre, je crois, ce roman, y incluant, j’ignore à quel point, de quel moment, sous quels noms, ce qui s’est passé, à la fois ce que furent mes gestes, les laisser, mes gestes, réels, concrets, à l’appréciation et au jugement, à ce que, dans le même temps je subis, y compris, l’étendant, où je fus, moi, aussi, dans des termes analogues, changés sûrement par le fait de posséder une bite, pris. Le réseau pernicieux des discours et des implicites qui envahissent l’intime pour en diriger les gestes. Moi, je m’en rends compte, je peux écrire et je dois tenir bon, parce que ce témoignage, dans toute son ampleur importe et que, de ce fait même, d’être l’objet d’accusations graves et injustes, injustes parce que devenus sans rapports objectif avec les faits, réclame ma profération. Alors, je profère et si je dois écorcher, j’écorche.

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5 mars 2024

Fragments

Fragments non publiés janvier-mars 2024

 

Beaucoup de travail, travaillé, selon moi, en vain, ne valant pour aucune durée, ne produisant rien que de l’argent à court-terme moi ne souhaitant pas de ce métier faire ma vie. L’attente de ce que la vie professionnelle retrouve sens, que, passées toutes les épreuves récentes, nous puissions, enfin, Jeanne et moi, travailler ensemble, j’entretiens, entraînement cognitif, mes capacités intellectuelles et physiques à cette seule fin. A sa suite, d’abord, à ses côtés, ensuite. Jeanne, depuis 2017 que je la connais, m’a toujours inspiré, parfois irrité (à cause de ce que les gens au goût sûr parfois nous renvoient à nos failles, nos paresses ou, pire, nos bévues et suscitent, alors, sentiment atroce de la jalousie), le plus souvent manqué. Pour rire, parce que j’aime l’excès des expressions amoureuses ou amicales même, je la traite en supérieure hiérarchique, suivant ses directives qui aboutiront, dans le monde, à des résultats. Il ne me restera moi, qu’ensuite, à tirer de ces résultats mes dividendes. Jeanne inspire, Jeanne oriente. Jeanne les yeux bleus, Jeanne dans le lit qui ne dort plus beaucoup, Jeanne le matin, si je me réveille avant elle, je la trouve ressembler à une enfant, cette photo d’elle, je ne me souviens plus exactement quel âge ni ce qui la compose en réalité, Jeanne dans le lit se superpose à cette photographie, les joues pleines, les cheveux bouclés, sereinement déposés au milieu des épaules, les yeux clos. 

 

 

///

 

Reprendre, reprendre, encore et encore, toute la vie de cette maladie et ses excroissances se résume à reprendre tout ce qui, sans cesse, s’interrompt, reprendre, le fil, la couture, ne plus reconnaître le point de départ. 

reprendre, sans fin, répétant cette reprise, un point de couture grossier, un tissu souvent reprisé au même endroit. Reprendre, dans l’emploi du mot, un agglomérat forcé, ces pâtés d’encre désignés par les instituteurs sur nos copies quand le stylo-plume boursouflait le papier. La tache d’encre ne dissimulant aucun mot, une simple fuite, la lettre capitale sans cesse reproduite sans former jamais de mots, ni permettre de phrases. 

 

///

 

Je suis un être discontinué. 

 

Reprendre le fil interrompu, formule dont je pourrais, sans peine, intituler ma vie.

Reprendre c’est, déjà, parvenir à se trouver un nouveau point d’ancrage, un lieu d’où partir, une direction à suivre. Cette reprise jamais ne s’organise a priori, elle se découvre, soudain, je m’aperçois que j’ai repris du poil de la bête. 

 

///

 

Toute ma vie consista toujours en une agitation dont j’espérais que d’elle, cette agitation, comme un arbre secoué délivre ses fruits, sortent des possibles, je les dévorerais même verts, même acides ces fruits ou dévorés par les vers.

///

 

 

Vieillir limite le pouvoir de se mouvoir, la fatigue prend le pas sur le reste, c’est à dire sur la vie, elle la domine, la fatigue, devient, subreptice d’abord, puis toute affirmée. 

 

///

 

Malade, j’ignore quel mal, le coeur serré dans la poitrine, les contractions dans le bras gauche, la nausée je fais une crise cardiaque, la sueur froide épongée du revers de la main moite. Je vais mourir, je pensais, quand mon coeur douloureux frappait, aléatoire, dans ma poitrine, une arythmie atypique, me disent les médecins après m’avoir reçu deux fois à l’hôpital Georges Pompidou. Un ECG qui ne présente pas de FA. Le port, bientôt, d’un holter pour mesurer précisément les variations du rythme cardiaque. Pas de tachycardie ni de bradycardie. Une arythmie atypique, le coeur qui semble se dérober, il chute dans la poitrine, une pierre ventriculaire et une douleur comme si deux mains, faibles par bonheur, voulaient écraser entre leurs deux paumes malingres cette pierre de pendule. Le stress, suppose-t-on, ou le COVID long. La fatigue comme effet. La fatigue, toujours. Encore. 

 

///

 

Je crains toujours d’encombrer Jeanne avec mon corps maladroit, je redoute son désamour, parfois, lorsque, surtout, je me sens mal. Mon flair, mon intuition ne me trompent rarement mais, comme toutes dispositions irrationnelles, ceux-là sont sujets aux états mentaux, leur vérité de prédiction s’efface en réalité lorsque l’inquiétude point. Ce que je redoute, je me mets à le percevoir et à l’exagérer. 

Lorsque je me sens bien ou, pas trop mal, ces inquiétudes disparaissent, rendues étrangères ou sorties de ma responsabilité laquelle consiste à faire au mieux. 

 

///

 

Jeanne fait tout ou presque, ma fatigue m’immobilise et je dois toujours fournir un grand effort pour m’arracher au canapé, j’ai l’impression qu’il faudrait que je dorme cent ans pour récupérer une fraction d’existence concrète. Je me déleste de ce qui me nuit, je bois peu, ce qui parfois me manque, ou, même, me conduit à davantage d’énergie. Jeanne a autre chose à penser et, bientôt, lorsqu’elle y pourra penser, qu’en pensera-t-elle ? Je ne sais. En ce moment, toute mon impuissance à être me déborde, j’existe, à nouveau, de pure justesse. Le travail pour payer le loyer, parfois, de moins en moins, la sous-loc. 

 

 

la fatigue. 

2 mars 2024

Palestine

Vu aujourd’hui le cadavre écrasé d’un palestinien par, précisait le sous-texte, un véhicule de l’armée israélienne. J’ignore comment Tsahal qualifie cet homme écrabouillé, comment elle le décrit et, donc, en quelque sorte, à nouveau l’écrase et le nie. L’image, extrait d’une vidéo, peut se retrouver dans celle-ci avec les mots clés Have a Good Friday ou une expression analogue comme le précise, avec horreur, un des comptes que je suis sur X, ici, ce X que Elon Musk substitue à Twitter, reprend son sens originel, presque, ce pictogramme qui, longtemps et surtout, signifiait la catégorie interdite aux mineurs parce qu’exposant le public a des images violentes ou pornographiques. Le X de proscription, d’exclusion ici régénéré par le réseau social plus encore depuis la prise 

Un terroriste ou, alors, ces morts, encore, à la suite d’une distribution de colis alimentaires. L’armée israélienne filme par drones et diffuse les images de cette distribution. On voit des points noirs s’agitant autour de véhicules. Un commentaire dit « ce sont des fourmis ». Il faut bien les considérer comme ça pour les écraser sans culpabilité aucune. Ils sont morts parce qu’ils ne savaient pas se tenir, on croit entendre, parce que, nous le savons, soutiennent-ils, le Hamas soutire l’aide humanitaire. Nous savons, pourtant, que cette aide vient de ce que ces gens, chassés de chez eux, deux fois chassés, et trois fois maintenant, ou dix, nous ne comptons plus, comme héritiers sans fin de l’exil, une part réservataire de 120% de l’exil, ne peuvent plus subvenir à leurs besoins dans les conditions antérieures à cause de ce que leurs conditions antérieures sont sabotées et détruites par l’armée israélienne qui s’indiffère du rôle des fourmis et les traite, ces fourmis, à demi-mot comme cannibales. 

 

je ne parviens pas à rationaliser et ne le veux pas puisque toute intellectualisation de cette réalité ne vaut rien. Affreuse en tout et pour tout, affreuse dans toutes ses formes. Je lis à l’instant que l’image filmée par drone dissimule la vérité, je lis que l’armée israélienne parle de « tirs de défense limités » comme si ces tirs « limités » n’étaient pas de tirs qui tuent, mon dieu, mon dieu., 

 

Cet homme écrasé ne ressemble pas à un homme, c’est une gelée rose on ne se souvient un homme que parce que, au bout de cette masse rose, dépasse un bras intact ou presque, intact rapporté à ce corps écrabouillé, ce mot, enfantin souvent, employé avec dérision, on écrabouille pour rire, ici se comprend, il ne reste rien qu’une purée humain. 

 

le souvenir d’un homme, lui même, déjà, une épitaphe, celle colère ou menace, qui sait encore départager entre les deux et les effets de ces deux-là. 

le souvenir d’un homme patauge dans « ça »

 

que, même, plus loin, cet autre, là du langage funeste, dépouille, trouve, une profondeur ignorée, trop souvent balayée, dépouille, de ce que rien, ni humanité des bourreaux, ni dignité de la victime, ne demeurent. Dignité, de justesse, revenue, en bourrasques, du témoignage révolté de tous nous, spectateurs impuissants ou satisfaits ou, hébétés comme moi, qui écrit ceci, ici, dans la bibliothèque Germaine Tillion, pour comprendre ce que je ne peux comprendre ce qu’écrire ne rendra pas plus intelligible ou de si peu que, même, écrire dissimule et embrouille, que, passant de l’émotion angoissée à son intellectualisation, je perds le contact premier avec l’évènement. je me contente un peu plus de voir, ici je sectionne ma possibilité d’agir. Est-ce que écrire ne revient pas à se taire ? 

 

J’ignore ce qu’ainsi je mets à distance et de quoi je me rapproche et me déleste. 

 

Cette image, d’écrire dessus, me fait mal. 

J’écris image sans la montrer et j’écrase sous mes je multiples la réalité de cette image qui, elle déjà, diminuait d’un million la réalité de cet homme achevé. 

 

Cette douleur stérile ne sert rien, elle ne m’engagera pas davantage ni dans la prise d’armes, ni dans le débat, ni dans la manifestation, elle tourne, sans ferments, ne macèrera pas, quelques dizièmes de degrés dans la haine, peut-être, d’une haine inutile, il faudrait, cette haine autrement nourrie, mélangée à d’autres rages pour affronter le monstre immense que constitue tout Etat. J’ajoute. colonial. 

 

que david et goliath leur affrontement se rejoue ici à l’infini que par un tour du destin david change de race et cette fois s’égare et perd la pierre jetée inutile contre la pierre plus lourde cette fois, l’obus.

 

est-ce que vous condamnez le Hamas, entend-on, encore, malgré tout, préambule demeuré avant toute dénonciation du massacre, face à cette image de pure horreur, écho, tout aussi inutile, de cette horreur, un enfant au prénom déjà par moi oublié, Ayden, je ne sais plus exactement, Ayden, devenu, en moi, dans quelques plages d’amnésie échoué, Ayden, trois ans, échoué, noyé, sur une plage parce qu’il tentait alors de traverser la Mer pour atteindre une autre plage.

En vain. Celui-là, l’enfant, plus proche, comme serein, la tête dans le sable, d’un dormeur du val, on ne discerne pas la mort dans le corps immobile et entier. Pas de pierre, un enfant encore. 

 

On ne la discerne pas plus, dans cette masse indéterminée d’organes indiscernables, ce bras, quelques morceaux de tissus et cette vidéo pour se souvenir, c’était un homme. Je ne trouve pas, ici, le mot souhaitable, pour dire cet agglomérat, un mot violent et simple, comme celui d’écrabouillé pour dire ce que je vois, dans ces organes devenus bouillis.  

 

Que diront l’armée israélienne, ses gouvernements, ses soutiens étrangers ? Je retrouve le mot clé exact great photo that made my friday. Je ne sais pas qui ancra cette photo à ces mots. 

Tout est possible, toutes les propagandes et, plus cyniquement, parfois, quelques uns tirant de la popularité d’une expression, la possibilité de faire des vues. 

 

La photo, à cause de son horreur, m’empêche de l’authentifier. Je refuse de m’attarder trop longtemps sur ses détails — ils me marquent assez — pour déterminer de sa vérité. Sa véridicité me suffit, elle prolonge ce que je vois, déjà. Je la crois parce que j’ai vu cette photo d’un soldat franco-israélien posant, pour sa photo Tinder ou Hinge, devant les sous-vêtements de femmes palestiniennes chassées de leur domicile par l’invasion israélienne ou tuées par celle-ci. Ici, lorsqu’un type veut faire le mignon ou l’intéressant, pose à la salle de sport, muscles visibles et tendus ou avec un chat.

 

L’homme écrasé porte à sa main intacte un serflex, ces menottes en plastique qui immobilisent les prisonniers. Son efficacité exige que les deux mains attachées l’une à l’autre se trouvent dans le dos du captif. J’ignore, encore, la réalité de cette photo, de son sous-texte, extraite, prétend-on, d’un canal telegram israélien et ses participants réjouis devant cette vision. Pourquoi le serflex attaché à une seule main? 

Peut-être celui-là croyait s’échapper, chaque main libérée de l’autre avant que le blindé ne lui roulât dessus. Que les soldats, comme à un chien, lui dirent, cours et lui, le plastique aux poignets, aux deux poignets, courut tout droit, pourchassé par un blindé, qui, après, quand son vrombissement de meurtre se tût, dit il s’évadait. 

 

Image vue, celle de cet homme, jeune ou non, je l’ignore, dépourvu de visage, image vue je crois, malgré moi, d’abord, ou, non malgré moi, voulant savoir, palpant cette réalité lointaine, obsédante, des gens tués par milliers, Trente Mille a minima. 

 

Je me souviens, aussi, que pendant que mourraient les palestiniens à leur décompte macabre s’opposait toujours, médiatiquement, celui du 7 Octobre, son nombre exact de victimes, 1700 israéliens morts, l’équivalent de 10 000 français rapportés à la population. Puis ce face-à-face de chiffres s’effaça. D’abord en excluant la réalité des chiffres donnés par le ministre de la santé de Gaza au prétexte que, issu du Hamas, les chiffres étaient faux ou exagérés. Avant que ceci, exagéré ou non, continua de croître et, quelques réserves que l’on pût exprimer quant à l’honnêteté du Hamas (en réalité l’état civil des palestiniens de la bande de Gaza est tenu par Israël qui, sait, donc, que les chiffres communiqués correspondent a la réalité de ses crimes), celles-ci s’écrasèrent devant l’augmentation constante et irréfrénée des morts. Alors, au lieu d’opposer nombre à nombre les morts, les palestiniens mouraient, sans identité, sans décompte, face aux citoyens israéliens massacrés. La façon de tuer et de mourir prévalait sur la quantité de morts. Les cadavres ne se valaient plus. Leur nature changeait selon l’auteur de leur mort et l’empathie adressée variait, elle aussi, selon ce critère. 

1 mars 2024

Nerval

Ce texte, d’abord, il continuait un précédent, sur un mort palestinien dont, je trouve, le point de suture curieux et insupportable, nouer, ici, deux morts, Navalny et celui, anonyme encore un peu, écrasé par un char israélien. 

La mort ne suffit pas à tout embrasser 

d’abord, la sienne :

la mort

Navalny, lui, l’opposant Russe principal de Poutine est mort. Je ne mesure pas l’importance de cette mort. Je sais que Navalny, que Poutine tenta d’empoisonner une fois et qui y survécut, vivait à Berlin et que, par courage, il retourna dans son pays pour affronter démocratiquement (j’ignore, dans cette Russie, ce que peut signifier ce mot, c’est à dire par les urnes ?) Poutine qui, lui, enferma son adversaire dans une colonie pénitentiaire de Sibérie où il trouva la mort, c’est à dire son assassin. Nous ignorons la nature de l’assassin, armé d’un pistolet, les mauvais traitements, le poison à plus ou moins haute dose, un mélange de tout ça ? Nous ne savons pas, et cette ignorance, dans cette ignorance grandit le pouvoir de Poutine, dans le doute qu’il suscite, dans le sourire obscur qu’il affiche si souvent. Ce Navalny qui devait, même avant d’être tué, être échangé avec un prisonnier Russe, un assassin de la pire espèce enfermé à Berlin après des empoisonnements commandés par Poutine ou ses sbires, et qui finalement mourut avant l’échange, Navalny, je veux dire, l’autre, fidèle à Poutine croupira longtemps à Berlin, avant de faire l’objet, sûrement, d’un autre échange, Poutine, son sortilège, donner de l’espoir, suspendre, par cet espoir et cette promesse, toutes les injonctions et toutes les invectives, suspendre, Poutine, par l’illusion de la négociation, les vélléïtés de ses adversaires. Poutine paralyse parce qu’il laisse à voir, toujours, la possibilité du marché, lui qui, Poutine, grandissait dans une U.R.S.S qui abhorrait, en principe, le marché plus que tout. Poutine sait y faire. Il connaît l’avidité des hommes et des femmes. Il est le plus fort parce que dépourvu des désirs humains. Il tient les autres. Y compris les russes qui se croient des puissants, par là, par leur désir. Soumettez-vous, vous jouirez. 

 

Les Russes de Paris, dont Gleb et Kristina (sans Masha), organisèrent, après l’annonce du décès de N., une veillée funèbre, spontanée, sur un pont que je n’identifiais pas.

Je les ai sus très affectés pour ne pas dire dévastés. En Kristina quelque chose bougea, non imperceptiblement, un vrai mouvement du coeur, de la vie, une bascule, comme un navire tangue ou, défait de ses amarres, enfin se retrouve à traverser le fleuve ou atteindre l’Océan, quelque chose devait changer et quelque chose changea. C’est à dire tout si tout, une forme de ce tout, se cristallisait en sa relation de plus en plus méphitique avec Gleb. Gleb marié à Maria Stepanova, la grande poétesse Russe que Jeanne rencontra, par hasard, il y a quelques années, à Venise chez Gleb Smirnoff, un autre russe juif avec qui Jeanne se maria, il y a dix ans en arrière, devant un pope orthodoxe et Venise, d’un mariage trop tapissé de Vodka ou de Cinar pour durer ailleurs que dans le rêve et quelques souvenirs Facebook. 

 

A la mort de N. (Kristina m’écrivait N. est mort, je sais que tu le sais comme m’évoquant un intime, peut-être perdu de vue, N. parce qu’écrire tout en entier son nom rendrait son trépas trop douloureux ou, parce que la censure, proscrit de s’endeuiller dans toute l’extension du nom) quelque chose se mue et mua. L’approche de la fin. Kristina, parce que Gleb jamais ne lui mentît, considère que, en effet, Gleb révéla sa liaison à son épouse que tout est tellement compliqué maintenant. Ce à quoi je n’adhère pas pour trop de motifs qui m’éloignent, en même temps, de la mort de Navalny et cette mort, ici, m’importe, en continuité de l’autre mort, ce palestinien écrasé dont, finalement, ce texte n’est pas la continuité mais l’annonce, son double plus humain, moins flétri, par quoi je me trouve concerné en tant qu’il concerna les larmes concrètes, une eau tiède, d’êtres connus, dont je n’ignore l’odeur. 

 

J’ai vu, aujourd’hui, réunis en Russie, plusieurs centaines ou milliers de Russes en procession, accompagnant le mort, physiquement ou symboliquement, ne l’enterrant pas, sachant que rien ne finit ni rien ne commence, dans le gel bizarre de la Russie des tsars aux aparatchiks de Poutine aux oligarques, où tout se maintient dans l’état suspendu de la glace, sous un vernis brillant de froid qu’aucune révolte ne fond longtemps. Et que, voilà, sûrement, dire l’état suspendu de la glace c’est se tromper encore, Etat de Glace, Principauté très étendue de Sibérie. 

 

Ces Russes, courageux, d’un courage dont nous ignorons ce qu’il réclame, réunis donc fichés, héritiers ou nostalgiques, ceci je ne sais. Quelque chose a changé, à la mort de N., pour Kristina, au moins. 

28 février 2024

L'amour qui n'est pas un mot

Gleb, pour justifier auprès de Kristina sa lâcheté, ce que nous dénommons, lui, par contrainte, les autres par constat, sa lâcheté (suspendue, désormais, semble-t-il, si cette parole, l’aveu je veux dire, s’associe à la vérité), lui rapporte que, sûrement, moi, autant que lui, suis lâche, en tant que lâche, ici, pour la partie qui lui importe, revient à privilégier, au-delà de tout, le confort. Moi, me disant, par association qui, toujours, s’apparente à la diversion, de la même espèce se trompe d’une erreur follement amusante parce que nous trouvons sa réfutation dans des évènements récents, révélés sans effort tortueux de la mémoire.

 

Jeanne ne rend pas, au prétexte qu’elle serait très riche (elle ne l’est pas), la vie plus simple, elle la rend plus belle, ce qui compte le plus et s’oppose, assez fermement, ou, du moins, ne coïncide avec le confort que par une sorte d’accident, ne s’y superpose que comme s’empileraient deux éléments appartenant au même univers. Comme le carré minuscule entre dans le rond très large en tant que deux formes géométriques.

 

Je m’en amuse d’autant qu’un matin de gueule de bois, sans trop de motifs ou de ceux, bizarres, des lendemains d’alcool et du monde encore diffracté par l’excès, Jeanne m’opposait — à quoi ? exister, simplement, au je, moi, déposé dans le lit, haleine de clochard, moi, lent à tout — tu n’auras pas un kopeck ce à quoi je répliquai d’un éclat de rire. Jeanne prend parfois, quand la vie accentue sa très grande sensibilité (ici, par erreur, d’abord, j’écrivais, lapsus, susceptibilité, quand dès le départ, sans doute aucun, je souhaitais inscrire sensibilité), mon rire pour une moquerie quand ce rire qu’elle suscite déborde d’amour et de l’étonnement naïf, le mien, du monde par elle ici produit, cet écart gigantesque entre mes attentes qui comprennent, en général, l’intégralité des mondes possibles, et le monde produit par ses mots. Le décalage, la formule, le légèrement improbable de Rimbaud d’où jaillit, à n’en pas douter, la vie parce que de là, pour moi, ma définition de la vie, sort de ce décalage la curiosité, la surprise, une sensation neuve qui tout en même temps en rappelle une autre, plus familière et quotidienne, prolonge, en quelque sorte, dans l’inattendu ce que la vie, jusqu’alors, proposait. Ce sont ces points, ces au-delà, à partir d’où les sentiments importants, l’amour, l’admiration, l’amitié peuvent naître, à leur rebours, ceux qui, en quelque sorte, les annulent violemment, ce, plutôt, c’est la déception. L’attente déçue, la mauvaise surprise, de là, souvent, la fin de l’amour, la lassitude, l’envie de fuir ou, pire parfois, l’absence de force pour partir.

 

Les êtres capables si souvent d’élargir l’univers se trouvent rarement, ils doivent être chéris. Je me sais, moi aussi, lorsque je médite dessus, compter parmi ceux-là. Autrement que Jeanne, qui apparaît éclair qui apparaît rayon ? Peu importe puisque les deux engendrent l’éclat. 

 

Tu n’auras pas un kopeck, disait-elle, dans le lit, je ne serai pas ta canne blanche, elle projetait cependant, loin en avant, le partage matériel de notre vie commune. Il faut s’aimer pour au milieu de la dispute ne pas négocier la fin de la relation mais l’organisation de celle-ci. Moi, que m’importe, tant qu’elle est là, kopeck ou pas

 

Ce qui, moi, dans ce sortilège, disons, le mien proclamé, compte vient d’altérer le monde, les représentations et les préconceptions. Donner à voir autrement plutôt que créer apprendre ce mouvement évident et oublié, comme si une épidémie d’os soudés ou de torticolis frappait l’humanité, de tourner la tête, l’incliner et l’élever, voir autrement c’est à dire commencer par voir ailleurs. Jeanne, autrement, me semble-t-il, propose cet autre monde, elle donne à voir par le mouvement, les directions qu’elle indique, plus difficiles à suivre, plus matériel et palpable le monde, son monde, se trouve après une marche, un voyage, son ailleurs s’atteint aussi et surtout (de ce surtout je peux craindre qu’elle se vexe de l’imaginer, elle, l’opposer à métaphysique, ce qui n’est pas le cas, il s’agit plutôt d’un ordre) physiquement. Jeanne habite des lieux, c’est Venise, Rome, Galaxidi, les restaurants parisiens et les hôtels des villes de Province ou dîner chez Rules à Londres, l’enchantement léger à pas pressés. 

 

17 février 2024

Où sont les gros

(novembre 2023-février 2024)

J’éprouve, pour les corps des autres, une grande fascination, corps, souvent, que j’espère réussis.

Réussite distincte de la perfection formelle des attendus de beauté des injonctions médiatiques. J’y admets, certes, avec exceptions nombreuses, l’un des critères les plus actuels : la minceur. Ma typologie de la réussite admet difficilement un corps gros. J’accorde, avant toute réflexion, une plus grande mansuétude aux trop maigres qu’aux trop gros. Si je condamne les seconds je m’indiffère vite des premiers, admets, même, leur possible salvation. Ils entrent, encore, dans ce quelque part humain, la porte étroite.

 Jeanne, si elle me lisant, empruntant ce ton autoritaire et démiurgique, se moquerait de moi, elle s’amuse, souvent, riante ou mécontente, de cette manière définitive que j’ai de m’exprimer qu’elle, non moins dépourvue, exerce aussi.  

 

Je peux projeter les trop maigres, hypothèse de beauté.

 Les gros suscitent, chose très ordinaire contre laquelle je lutte, une répugnance tenace, répugnance jusqu’à moi accolée lorsque de mon corps le ventre pend, distendu, plein d’air et de rien. Si je m’amplifie de la sorte je ne vis qu’espérant, hypothèse à nouveau, la disparition à brève échéance de cet excès.

 La réussite des corps se confond avec l’idée de leur grâce, c’est à dire de leur légèreté. Je la trouve, le plus souvent, c’est à dire le plus aisément, dans les corps sportifs, taillés dans l’effort. Cet effort, comme Jeanne le remarque judicieusement, ne se déploie pas dans les salles de sport, les corps qui s’y fabriquent, plein d’air comme elle mentionne (des années le mot gonflette avant le pullulement des coachs sportifs et influenceurs fitness donnant à la gonflette sa noblesse, une noblesse de Pire cela va sans dire), sentent la pauvreté, le prolétariat, ils sentent les peaux tannés des paysans chinois ou japonais, le dos courbé, la faucille à la main, polluant les marais de leur selles.

 Le culturisme, comme bien des pratiques, valait en tant qu’il résidait dans la marge, la bizarrerie, la curiosité, c’est à dire le spectacle et l’élite. Ces corps, laids, s’imposent, laids lorsque, surtout, corps masculins qui, s’ils se découvrent des critères d’évaluation, ne se mesurent, les uns aux autres, que par le volume, en dernier terme…par le volume. Celui-ci s’apprécie, le volume, bien entendu, comme en tout art, c’est à dire pratique cristallisée et codifiée, avec des subtilités qui m’échappent tant esthétiquement que scientifiquement.

 Les femmes, elles, pratiquant ces activités, à quelques exceptions, ne visent pas ces extravagances hideuses, elles se dessinent, elles soulignent, rien de leur corps ainsi décuplé ne contient de hâte virile et conflictuelle. Elles dessinent. 

 Elles découvrent d’elles, la silhouette d’une danseuse puissante ou d’une gymnaste paresseuse. Leurs corps demeurent corps véritables. Ce n’est pas à dire que leur ego, en raison de leur sexe, ne les entraînerait dans aucune lutte, aucune concurrence, aucune, même violence, celle(s)-ci se déroule(nt) sur un autre mode, une autre scène, par définition, presque, moins brutale parce que plus désarmée. Le massacre dépend aussi de l’arsenal à la disposition des belligérants. Arsenal, ici, systémique. De ces femmes la minceur, elle encore, demeure l’horizon, le point nodal et matriciel : la finesse de la taille. De Kim Kardashian à Jujufitcat. 

 Je touche, aussi, beaucoup les gens, comme un aveugle tentant de comprendre, avec ses sens exclusifs, le corps. Revenu, ici, à un principe pré-social, pré-esthétique, de nature, si j’en crois la primitivité de mes mains, cet héritage inconscient, ce qu’on nomme je crois instinct. Longtemps, tout social, non animé de la puissance reproductrice, je n’aimais que les visages, les corps, la tenue du corps, m’indifféraient. Aujourd’hui, pour moi, l’excitation, toujours, ma main, sur la taille, la forme que ma main ici posée prend, elle évalue, malgré moi, en dépit de moi, la durabilité de mon désir, son envie de recommencement. J’ignore comment décrire cette forme, je peux citer, simplement par exemple, qui y convînt jamais, un nombre d’or.

 Pour moi, le corps, il est là encore dans sa perfection regardant les gestes maladroits du jeune serveur du Bo-Zinc, sa coupe de cheveux, travaillée, le chignon haut, un catogan, je crois que ça s’appelle ainsi, à quoi il ajoute, latéralement, un liseré, une frise simple, faite d’un ensemble de triangle. Maladroit, de jeunesse, juste et empoté dans le même temps. Il dit, m’apportant mon deuxième double amaretto, après mon remerciement, avec plaisir. Depuis le commencement de ce texte, ce jeune homme s’emporte d’assurance et squatte en bas de chez Jeanne avec les derniers clients devant le bar fermé, tous parlant fort, malgré nos protestations qui à force de répétitions chassent les importuns. Nous ouvrons les volets dont la vibration métallique fait comme un échauffement de voix avant notre demande puis notre exigence. Premier geste poli dont nous espérons, vertu toujours prêtée à la politesse, qu’il suffise. 

 

Je n’aime pas ce au plaisir qui devient, chez lui, dans sa maladresse souriante, un plaisir. Diane, je me souviens, jadis, me racontait un quasi-amour de vacances, dans je ne sais quel coin du monde, ça devait être une sorte de village de vacances criblé de petits appartements pour jeunesse fortunée.

Un garçon, resté quasi, avec qui elle passa, non sans joie ni désir, la journée, après l’avoir raccompagnée au seuil de chez elle et pour préfigurer le rendez-vous à venir, la quitta d’un au plaisir, qui la figea et la conduisit à l’éconduire pour toujours. 

 Le corps de Julien lavant avec plus de science que de soin les verres des clients, il y a aussi la serveuse, qui lui ressemble, je me demande s’ils sont frère et soeur, le même mouvement dans l’espace, des coordonnées trop voisines pour n’avoir pas été toujours à proximité, évoluant côte à côte. Les gens se reconnaissent entre eux, comme autre soi, comme me disait Cassandra avant de me rencontrer, la première fois, m’avoir lu seulement. Ceux là, Julien et qui je suppose sa soeur, se ressemble au-delà d’un quelconque aspect physique, ils se superposent et se décalquent.

Elle, la soeur supposée, porte un ensemble rose fushia, je cherchais la précision de ce rose, ça ne pouvait pas être pâle ou thé qui réclament un autre passif, une autre disposition, son corps, et par là son être, rend fushia tous les rose. Elle prend soin d’elle, ses cheveux roulent sur ses épaules, ils sont blonds et probablement éclaircis (je ne saisis pas ces choses là comme je ne remarque pas, Jeanne s’en amuse, la chirurgie esthétique sur les visages des femmes lèvres, pommettes et qu’en sais-je encore ces subtiles manigances plastiques). Ils finissent, ses cheveux, comme les gros rouleaux des vagues, presque des anglaises. Chloé, elle, porte de la même façon, presque, ses longs cheveux blonds, Chloé, parce que comédienne et artiste, en change le signe, le bascule dans le spectaculaire. La serveuse l’est-elle tant moins ? Spectaculaire ? Captivant mon regard, lui consacrant, consacrant à sa chevelure, dix fois plus de lignes qu’à celle de Chloé, plus apte, pourtant, à entrer dans mon esthétisme. 

 Dans les grandes villes, les mondes se chevauchent en de brèves rencontres, certains lieux en forment les intersections, à cause de leur géographie, de leur prix, de leur histoire. Ici Chloé, la comédienne, l’artiste, la somme sensible, comme elle nomme son collectif, croise par le hasard des cheveux débordés, cette femme avec qui elle ne partage rien d’autre qui ne soit visible. 

 Je me demande souvent à quoi ressemblent les gens déshabillés, les hommes, plus particulièrement dont le corps surprend, qui l’on imaginait maigres ou transparents, se révèlent tout de muscles parés, qui l’on imaginait mince se révèle gras, qui l’on imaginait gros se révèle de muscles garnis. Josef, lors de notre randonnée dans les Vosges, m’illustra absolument cet écart entre qui ne développe de muscles que volumineux et qui en possède des pratiques, sollicités pour le seul effort, il marchait devant moi, grimpant la côte, je voyais ses mollets tripler de volume, ses biceps, lorsqu’il écartait les branches nous barrant le chemin, tendre le t-shirt. Voilà ce que c’est la force.

 Enfant, dans le Nord de la Norvège, sur l’île d’Ilgness précisément, où je passai avec mes cousins des vacances sans nuit — l’été ces endroits du septentrion comme mon amour ne connaissent de crépuscule qu’un prêt à se changer aussitôt, sans pause, en aube — un garçon, habitant de l’île, de notre âge ou plus jeune, jouait avec nous sur un bout de vallée, il se nommait quelque chose qui sonnait dans le voisinage de triplhamburger pour moi et je le nommais alors ainsi, tentant, invitant dans la lutte mon cousin, à le faire rouler à cause de ce que nous avions vu (ou, plagiat d’anticipation) le film où Robbie Williams joue un Peter Pan adulte et dans lequel un des personnages, gros enfant noir, roule comme une boule de bowling pour faucher les pirate hostiles.

 Avec Jeanne, malgré nous, nous sommes grossophobes, nous nous trouvons toujours trop gros, tandis que, rapportés aux métriques et aux classifications objectives, nous nous trouvons très largement dans la norme. Mais la norme à Paris est une norme déformée. Je compte, pour m’amuser, le nombre de gros apparents, dans mon quartier ou celui de Jeanne. Nombre faible, moins d’un pour dix. A la bibliothèque où je finis ce texte au lieu de préparer mon cours de demain, je ne trouve que peu de personnes en surpoids, malgré la disparité des âges. Les bibliothèques municipales accueillent une population curieuse, des vieux, des lycéens, des enfants avec leurs parents, des sans-abris ou des égarés. Mais, à Paris, pas de gros. 

26 janvier 2024

Singe

Signe réversible le

singe

référent

juge dans l’habit hiératique

des lianes des jungles des savanes

selon son humeur

dicte le bien dicte le mal

sans souci de toute légalité

la prévisibilité 

ce n’est pas une affaire de singes. 

son bon plaisir ainsi le guide 

à donner couleur ou valeur

à l’advenu ou au supposé

fouillant singe des signes

les jugements hésitants

31 décembre 2023

Pas que.

Courses de Noël, j’écris, Courses de Noël au lieu de dire du Nouvel An comme si un réveillon valait les autres que, le premier, celui de Noël, dominait les autres, en devenait le référent substituable à tous. Courses de Noël avec Jeanne, sur l’Avenue Mozart. Lorsque, des années auparavant, je me rendais rue de l’Assomption pour travailler avec J. et P., je m’arrêtais à Ranelagh, station de la ligne 9 située à une dizaine de mètres de l’appartement de Jeanne, je m’y rendais, alors, sans connaître son adresse exacte de nos contacts distendus à ce moment-là et la détestation plus ou moins nette et affirmée qu’éprouvait son mec à mon endroit. Un jour, je le vis, lui, qui ne me vît pas, marchant, élégamment, dans un joli pantalon rayé - que je trouvais joli - pour se rendre à la boucherie, je crois. Il portait, Jeanne me le dît après, un pantalon de pyjama, accentuant le chic pour lui humiliant (peut-être?) mon sens des élégances. 

Courses de Noël, je dis, maintenant, répétant la fête, faisant bégayer l’Histoire et l’année 2023, lui offrant une semaine, fictive de répit. Un faux espoir. Jour de grande joie, la matinée, un morceau de celle-ci, un double expresso au Bo-Zinc, Jeanne travaille à midi. A la boulangerie, une baguette tradition, une baguette aux céréales, deux tartes, une citron, une framboise. Puis, je disais, le Bo-Zinc, en attendant le retour de Jeanne. Ecrire, lire. Le double-expresso, ce bonheur suivant le premier bonheur, le café, le matin - mon matin plus tardif que celui de Jeanne - quand Jeanne m’interroge, je te fais ton café ? moi, toujours, oui, parce que j’aime sentir ses gestes dirigés vers moi, l’imagination déployée en moi où je compose, jusqu’à l’arrivée de la tasse chaude, ses gestes, sa façon, j’ignore l’ordre exact, la cuillère dédiée, en plastique, plongée dans le café moulu, le café déposé dans le filtre, le café poussé avec l’extrémité plate de la cuillère, l’ensemble installé sur la machine, le bouton tourné quand le voyant vert allumé signifie que l’eau est assez chaude, le tremblement de la machine, le bruit qu’elle fait parfum synesthésique. 

J’aime. 

Les emplettes aujourd’hui, ensemble, après que j’ai déposé les baguettes, la tradition et la céréale, sur le plan de travail et rangé les tartelettes au frigo, les deux étages descendus, un rire flotte, le boucher, pour commencer, deux tranches de cruauté à 120 € le kilo, le fromage, après, un dem-cheddar au whisky, dans sa coque de cire orange, un autre fromage, un chèvre mi tendre mi ferme, au nom bizarre, gribouillette ou une approximation de ce nom, une olivette, pour un chèvre frais coupé par le milieu pour y insérer une confiture de cerise ; le traiteur grec, pour le tarama, pas de saumon, hélas, et l’autre, à l’aneth Jeanne n’aime pas, le tarama simple du traiteur grec avec les blinis maison beaucoup trop cher, le reste, ensuite la Grande Epicerie j’eus voulu écrire pour le chic continu, Monoprix, parce que plus proche et mieux rempli, la bouteille de Ruinart à quoi Jeanne tenait et moi aussi en conséquence — j’aime suivre ses désirs, je lui disais, tantôt, qu’on ne changeait pas les gens que, si j’avais voulu, moi, imposer dans l’existence ou le couple mes désirs, ça n’aurait pas fonctionné, pas avec ma façon irritante de dire non ou de sembler toujours agacé — une autre de Laurent Perrier Cuvée Prestige, la même que j’apportai chez Guillaume, lors de notre dîner là-bas, avec Milana, puis, le reste, les oeufs de saumon, les florentines, les crackers pour les casse-croûte ce mot, lorsque Jeanne le prononce, me rend amoureux un peu davantage, le mot, l’expression, c’est l’heure du casse croûte puis c’est le dernier casse-croûte quand, trop ambitieuse, elle imagine pouvoir se priver du casse-croûte de minuit +, nous nous trouvons, en amour, surpris de ce que l’autre porte en lui de charmant et désirable, les grands yeux bleus, les seins et ce mot, cette entaille impromptue, casse-croûte. Qui demande des attentions, dans les placards toujours des biscottes (ou des crackers), du fromage dans le frigo, fondu, de préférence, frais — du Madame Loïk — lorsqu’elle compte ses calories. 

L’impossibilité pour Jeanne de dormir sans casse-croûte, ou, alors réveillée tôt par la faim, forcée de se mouvoir jusqu’au frigo pour saisir n’importe quel apaisement solide. J’adore lui préparer le casse-croûte, déposer sur la petite assiette deux biscottes recouverte chacune d’une tranche de fromage, passer le tout au micro-ondes, voir le fromage buller et savoir qu’aux extrémités il croustillera, voir, ou deviner, son air accompli. 

De la truite fumée. le grand cabas Monoprix, les chips à la truffe Jeanne j’aime trop ça, les torsades au beurre, qu’elle sort à l’instant du placard, j’entends l’aluminium qu’elle froisse c’est tellement délicieux elle dit, j’entends le crunch-crunch.

Au congélateur, les pains au chocolat Picard que j’adore à demi-cuits. 

Jour de grande joie, aujourd’hui, d’excitation, pas d’alcool depuis une semaine et avant, depuis 4 jours. Mois de décembre éthyliquement raisonnable pour moi, difficile pour Jeanne, mois affreux vécu par elle, qu’elle dépasse, grande force de caractère, pas surprenante pour moi, elle (prétendument?) étonnée. 

Bonheur, écriture, aujourd’hui, lecture. Retour des achats, des livres déposés, un Sagan et un Genevière Dormann Je t’apporterai des orages, ne connais pas l’auteur (je dis, masculin neutre, parce que elle, hussard, de droite, élite, respect des volontés et dispersion des cendres de la morte récente) écriture élégante, de droite, intérêt à la sous-Nimier sa page Wikipédia « un écrivain méchant ». Des photos sur Google Images, la classe, une façon de fumer, un grand regard bleu, une fermeté, ça ne se bouge pas facilement, une femme comme ça, elle sourit sur la quatrième de couverture, pas femme souriante au monde, pas souriante comme ça, un air de Sagan (en plus jolie), le port. Le charme ça fait vraiment tout comme Jeanne aime à dire en c(han)-i-tant Christophe. 

Corps agité, Sertraline baissée à 0,25 mg, divisée par 4 depuis notre amour, à Jeanne et moi, désir violent, qui monte, quand je la vois, hier, se déshabillant, avant de se glisser sous la couette sa couette couette à part, ventre, le mien, agité, papillons, aigles, guêpes ou frelons, qu’importe la faune, la dévoration, pourquoi non félins ou canidés, herbivores, lézards. 

 

J’ai hâte de ce soir, la bouteille ouverte, le minuit que nous deux au Troca, peut-être, Vendetta, après, ou Hannibal, ou nous. 

 

A voir. 

30 décembre 2023

Le poème, un roseau.

 Lorsque, désormais, j’écris de la poésie — je veux dire des vers — elle s’expose violente, dure et rêche, jadis, amoureux de Diane ou, avant, déjà, amoureux de fictions plus spectrales encore, une tendresse naïve et douloureuse en ressortait. En ces temps là, si je me remémore convenablement, je souffrais d’emphase, mon écriture ne se vivait que portée, poussée, venue d’un souffle, pouvoir, jadis, assimilé et assimilable à celui du voyant, du chaman, dans les parages de la transe, dernier représentant d’une race en extinction, qui, elle-même, à son commencement, se prétendît une héritière d’autres mages. Ils commençaient, Rimbaud, Baudelaire ou Chateaubriand même une lignée qu’ils prétendaient perpétuer. 

Mensonge banal de qui, renaissant, se réclame de glorieux aïeux, aristocrates ou artistes, qui légitiment, aujourd’hui, un droit, un titre, un trône. 

 

je me dis, même, là, après coup, des années et des années après coup, suivant la longue interruption d’entre 2014 et 2017 où je n’écrivis presque pas, jusqu’à ce mois de meurtre lyrique, où je commettais la littérature en scandale — que certains crétins ne discernant jamais bien y lurent des aveux et des revendications quand à rebours je raillais une forme la mienne passée une outrance à dégonfler— je me dis (passé simple) le morceau célèbre de Rimbaud, « Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux – Et je l’ai trouvée amère. – Et je l'ai injuriée » et, de même, moi, avec le lyrisme (moi-même) pareil. 

 

Puis, je veux dire, hier nous discutions avec Jeanne de nos anciennes, jadis, cruautés, l’indifférence au monde, pour elle, la poursuite du plaisir, disait-elle, mot, aujourd’hui, qu’elle réprouve, parce qu’il sent les fluides organiques que, depuis toujours, l’écoeurent, moi, une haine, plus encore, justifiant tout puisque le monde, a priori, un ennemi, une torture, qui, parce qu’il me causait des souffrances, ne méritait de moi aucun égards et s’il me sollicitait n’obtiendrait de réponses et d’hommage que la rage. Aujourd’hui, ceci, que nous réprouvons cette ancienne colère, indifférence, cruauté qu’aucun de ces termes, exactement, ne recouvre, j’ignore s’il s’agit de défaut de langue ou de ma maîtrise parcellaire de celle-ci. Alors, ces choses-actes-egotismes, assis sur nos genoux, nous les avons trouvés amers et nous les avons injurié ; pour, aujourd’hui, regarder ces vies, ces tours, avec un effroi sans culpabilité, nous jonchâmes notre vie, l’apprentissage de celle-ci, de ce que nous pûmes, charnier et débris, sans manquer, jamais, y compris dans le tragique, de goût vers le sublime. Nous nous demandons parfois si, après l’amertume et l’injure, nous ne perdîmes pas aussi du sublime que celui-ci, pour nous, les gens de notre sorte, se couvre toujours d’une mince pellicule de sang caillé comme ces diamants ensevelis au Congo qui, mines, charnier aussi d’enfant. 

 

 

Ecriture que je craignais, récemment, de relire effrayé à l’idée du trouver quelque superflu ou autres manières tordues. Or, en ces temps, d’écrire constamment, je développais une aisance, les mots, dans mon souvenir, coulaient facilement et si, à distance, j’en vois les quelques trucages, excès, imitations imberbes, j’y découvre surtout un feu réel, une grâce, elle, aussi, en principe, venue de ceux bien nés. Je, à mon tour, naissait/s, de répéter le geste d’accoucher. 

 

Les poèmes que je tente de produire, aujourd’hui, simples ou complexes, ne relèvent pas ou rarement de ce style. Une gamme d’eux, intellectuelle, se déploie, que je poste rarement, cette poésie recherche, poésie-recherche, sans tomber juste résonne gravement, inutilement. Elle manque de simplicité sans compenser celle-ci par une évidente émotion, elle se traîne, presque, je posterai, plus tard, de ceux-là, ces enfants reniés, non voulus ou pas comme ça, avec cette sale gueule et merde c’est la sienne. 

30 décembre 2023

Coq de combat

le ? Octobre 2023 - continué 20 décembre - puis 24 décembre - puis 27 - puis 30

 

Hier, je marchais sous la pluie depuis chez Jeanne jusqu’à la bibliothèque Germaine Tillion, protégé par le parapluie Franprix orange qui pend au patère, parce que, le mien, payé 10 euros chez HEMA (racheté, depuis, entre les morceaux d’écriture de ce texte, le même modèle), je le perdis au changement de la ligne 6 à la ligne 2, sans, en réalité, passer de la 6 à la 2 parce que je me dirigeais du mauvais côté et, m’arrêtant à Pasteur pour prendre la 12, évitant, de justesse, négligence supplémentaire, d’opérer le changement à Montparnasse-Bienvenue où, si les lignes 6 et 12 y passent toutes deux, elles se trouvent séparées par une longue distance, parcourable à pieds ou nus ou à l’aide de tapis roulant automatique, de bringuebalements de valises, de stress de voyageurs et d’hébétude des touristes.

Dans ma marche (je pense, de ce verbe mouvement, à l’hymne autrichien, la marche de Radesky, changé, je crois, depuis par autre chose, maintenant les désirs impériaux patinés jusqu’au démodé) m’apparaissaient les (i)mages de **, le déploiement, tendre, de son existence dans la mienne, ce qui l’anéantissait, la dispersait, la rendant, elle, matière. 

 

J’écrivais, marchant, sous cette pluie molle, une qui ne tranche pas, celle, la pluie, précédant les batailles lyriques, cernant les duels mortels quand ceux-ci ne se déroulaient pas sans que le sang, a minima ne gicle ou, mieux encore, que la mort invitée d’envergure, ne s’étende, seules, aujourd’hui, les dites racailles, encore, conservent, le sens du duel, c’est à dire, dans la langue de l’ancien monde chéri, de l’honneur, que, dépourvus, sauf jours de massacres et donc non de duel mais d’expédition punitive, vendetta etc, d’instruments de morts, nomment, de leur corps, d’une partie de celui-ci, un tête, pour qualifier l’affrontement, la partie osseuse de la tête, le crâne qui abrite à la fois l’os le plus dur et le siège de l’intelligence, eux, les racailles, conservant l’honneur, le tête, un contre un, dans un lieu sombre, aux heures désertes, avec, témoins, des amis et, surtout ou parfois, la caméra, pas toujours, certes, pourquoi se priver, aussi de la gloire du vainqueur autant que du risque, César défilait, des années après l’écrasement des Gaules, dans son char triomphant, Vercingétorix, traîné à sa suite, comme moins qu’une bête, eût, aujourd’hui, le goût vain. Risque, quand, excédant le cercle minuscule des défis, la vidéo se retrouve entre les mains des enquêteurs surpris de ce que la vanité leur offre avec tant de facilité, la preuve et l’aveu, que, la volonté d’humilier même porte en elle la condamnation à venir, comme si les auteurs, ceux-là vaniteux, se pensaient vivre en deux mondes étanches, celui de leurs gloires et de leurs colères et celui-là séparé du monde légal, comme si en dehors, l’image, SnapChat, en dehors de la juridiction ordinaire, jouissant d’une extra-territorialité, followers et viewers viertuels, dé-citoyennisés, alors, plus sûrement, une suspension pour les auteurs de ces considérations, ne pensant ni ne pensant pas à l’impunité ou à l’incurie de la justice, agissant mus d’autres impératifs, le triomphe, la gloire, la virtualisation, étonnés, parfois même de ce que ceux-là, policiers en uniforme, juges en robe, vieux, blancs, connaissent l’existence de leurs plateformes comme si eux les inventèrent, comme si eux, qui en éparpillent largement, sans filtre le contenu, en assuraient une diffusion restreinte et confidentielle, comme, plus encore, dans la jeune et moins jeune génération, l’inconséquence quant à nos données, la circulation, fine, détaillée, de nos attributs individuels dont, pour la gloire, la haine, le risque, les violences en lignes ne constituent qu’une manifestation, aujourd’hui, s’en saisissant, PHAROS, surveille les contenus en ligne et, surtout, manquant en soi de moyens, Pharos, cette plateforme de la police virtuelle, se saisit après dénonciation, comme si les contenus criminels et délictueux, ne reprenaient leur épaisseur légale qu’après ce qu’un follower se transmutait à nouveau en citoyen où abolissait pratiquement cette séparation fictive, transmutant en contenu pénal un contenu que l’on croyait impalpable. 

 

Quoi d’autre, il ne s’agit que de ceci, d’autres formes des pugilats clandestins, à la fin, les combats de coq où pariaient toute la société, des éleveurs aux ouvriers, des propriétaires terriens à leurs exploités mal payés, seul lieu, peut-être, où récupérer le propre fruit de leur travail à eux, par le pari, par le hasard, obtenaient ce que le travail ou la loi ne leur offraient pas. 

 

 

 

20 décembre 2023

Des figues urées.

Sous le figuier celui aventurier tenait dans sa bouche une brindille qu’un jour il prît pour le maillet d’un juge et, ses arrêts, inflexibles tous, tout avant, il se les adressait, secouait, c’est à dire mordillait, l’instrument des sanctions, régulièrement sa langue se prenait dans la confusion de ses considérants et, au moment décisif du prononcé des conclusions s’empêtrait dans des contradictions susceptibles d’appel qu’il ne manquera pas de solliciter à l’encontre de lui-même, le figuier toujours intact, comme le pin égal à lui-même durant l’été, l’hiver et les inter-saisons, encore, ce figuier immémorial, à inventer dans le monde de l’extinction de masse, la sixième, ou au sein de celui des poètes, lui, aussi, l’aventurier, prenant racine, se confondait avec le sentiment unique de la mélancolie, ne vivant plus que dans les seules modulations de celle-ci pour l’imaginatif, le généreux et le cruel, ces variations porteraient d’autres noms, ici, nous contentons d’objectivité, nous maintenons ceci, l’aventurier mélancolique ou le juge et la guêpe, juge lui comme une figue toute pénétrée de la guêpe figée, une justice le mince habit rayé, un prisonnier bardé de jaune et de noir, une goutte de venin, ce juge, comme  l'amour captif, il, le juge, un père aussi, sous le figuier assis, un long été, une torture de chaleur, regarde passer son enfant, le sauvage à trois quart, l’engendré des fumigènes, le moyeu du cyclopède tordu, sous le figuier, le juge-père se condamne à l’exil d’un des titres il accole, sanction ultime, mauvais à ce titre rassis, né de l’héritage de faire naître, de père, sous le figuier, toute la mélancolie du monde, poussera, plus tard, serons-nous vivant encore, un arbre neuf, plus que la guêpe dans son cercueil de fleurs et son uniforme de bagnard, le grand végétal et, sereine, la culpabilité, sa vestale, une sève, les fruits seront amers et doux, un lointain parent des griots, les derniers conteurs, les seuls juges valables, l’ombre projetée du mancenillier, son fruit vénéneux, la tisane, tard le soir, du dernier des repos pour le dernier des repas, sous le figuier, le mythe d’un juge père et poète, assis, attendant, la résurrection d’un autre qui, pourtant, nulle part jamais, ne naquît, parce qu'il n'attendait, sort de chacun en vérité, que de lui la propre naissance, la seconde, celle de l'aveu enfin, délicat et douloureux, n'existe que sa carcasse, belle, la carcasse

15 décembre 2023

Mon-Mort

Passent, sur les pages de mes différents réseaux sociaux, des publicités évangélisantes, paix en christ, deux jeunes gens souriants, lumineux, sains, s’adressent à la caméra dans un français marqué d’un accent américain, trouvez la paix en Christ. Je me souviens, alors, de ce candidat républicain à l’élection présidentielle américaine de 2012, adversaire d’Obama avant son second mandat. Mormon de confession, riche de profession désormais, il sillonna, jeune homme, la France en vue de prêcher la parole mormone. Alors, devant ces jeunes gens américains s’exprimant en français, je me demande s’ils ne sont pas eux aussi mormons, je tape, sur google, le nom de leur Eglise Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dont j’apprends, dès les premières lignes :

 

L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (en anglais : The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints) est une église restaurationniste mormone fondée dans l'État de New York (États-Unis) en 1830. 

 

Nous supposons, toujours, devant ces formes de persuasion religieuse, parce que plus accoutumés à les voir, le zèle des témoins de Jéhovah, chrétiens, eux aussi, dont, comme les mormons, j’apprends qu’ils appartiennent à la tendance restauratrice qui considèrent que le christianisme peu de temps après la mort du Christ trahît son enseignement, trahison qu’ils nomment, la grande apostasie. 

 

Les commentaires, sous les publications Facebook des mormons, sont rédigés presqu’exclusivement par des africains évangélisés ou, plus rarement catholiques, dont l’adoration du Christ, surinvestie, leur donne des airs fanatiques. Ceci, d’ailleurs, inquiète au Vatican à cause de ce que, pour des raisons démographiques, les africains compteront pour la majorité des catholiques bientôt, inquiétude de ce que, plus conservateurs que leurs coreligionnaires occidentaux, ils tendent à violemment condamner les maigres avancées de la Curie quant aux droits des minorités sexuelles ou de genres. 

 

Parce que, souvent, je m’ennuie et, aussi, que j’aime enquêter par la pratique, sorte de poésie participative, j’ai rempli le formulaire de contact présent sur leur page afin d’être rappelé par les convertisseurs. Hier, dans le métro, je recevais un appel de Rachel, qui s’exprimait dans un français charmant et parfait, d’une voix jeune et enjouée, qui me demandait si, d’une part, je voulais recevoir les enseignements de Mormon, si, d’autre part, je souhaitais qu’un exemplaire me soit remis par des membres locaux de leur foi. Ce que j’acceptai. Je devais, aujourd’hui, recevoir de leur antenne parisienne, un appel pour organiser la rencontre, la journée d’aujourd’hui, peu propice, me fît manquer leurs deux appels, manquement que j’espère réparer prochainement. Pourquoi, eux, davantage que les témoins de Jéhovah ou autres fantasques fanatiques m’intéressent ? L’occasion, déjà, de ce que leur message me parvînt par la publicité et non comme un stand inquiétant posté devant une gare, d’autre part, et surtout, parce qu’ils viennent des Etats-Unis pour sillonner l’Europe avant d’y retourner, que je veux entendre leur français, leur appréhension de ce pays, leur façon de vivre, les fréquenter, avec répétition, pour saisir, un peu quelque chose qui m’échappe, qui échappe à tous de ce que, par trop souvent, nous les considérons avec dédain ou, plus souvent, les nimbons d’indifférence. Pour moi, ils constituent une porte analogue à d’autres portes sur un monde mystique, plus simple d’accès que d’autres plus protégés à l’entrée plus exigeante parce que, leur objet est de convertir le plus possible, d’accueillir le plus largement. J’ignore, encore, ce qu’il advient de ces jeunes gens, plus tard, je sais la religion mormone stricte et austère et les deux jeunes gens illustrent ceci. Mais je veux savoir. 

 

 

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14 décembre 2023

Asthme

Cette expression, souvent en usage, tu seras toujours que l’on adresse à des proches, souvent parents, plus rarement vieux amis, éloignés par les motivations de la vie. Qui, expression, signale, presque nostalgie, ce qui fut et qui, d’une certaine façon, trace davantage que ruine, demeure. La plupart ne mériteront jamais cette mention ni une analogue, moins phénotypiquement liée, ce c’était pour, au-delà de la rupture, amicale ou amoureuse, attester de l’absence de regrets que, après les douleurs naturelles qui s’en suivent, demeurent, surtout, une sorte de fierté ou de joie. Nous nous sommes appartenus, compris, entendus. Une seule chose peut le passé tout biffé, l’infidélité, Jeanne partage avec moi ce rapport au monde et aux relations. Jeanne et moi à sa suite — elle énonce, je reprends, me réapproprie, je lui dis, souvent, je t’imite en tout, et, parce que j’aime la provoquer j’ajoute, inutile et injustifié, le suffixe en mieux — nous tenons droits derrière, pour moi, soutien, mais, comme qui dirait, dissimulé, elle, plutôt, aux côtés. Leur devise, celle de M., son ex, et elle, toujours à tes côtés, toujours de ton côté, ce à quoi j’accrois, s’il s’agit, de, du moins, afficher publiquement ce soutien qui, dans l’intimité, ne dit rien des futures remontrances, si nous employions un terme de l’outrange - outrance et outrage mêlés en un seul mot. 

 

Si je frappe la plupart des entretiens d’une grande indifférence, bien davantage que de mépris, comme longtemps je l’imaginai, la colère point en un cas et unique cas : si je me sens trahi. Au-delà, même du déchaînement des foudres ou de j’ignore quelle expression intérieure, rattachée aux éléments antiques, l’autre n’existe plus que dans une grisaille indifférente. Qui me trahit ne meurt pas, qui me trahit n’a jamais existé, êtres frappés de nullité, cases creuses habitées d’un sentiment imprécis. Une odeur de pisse presqu’entièrement déjà dissipée sous les ponts de quelque grande ville latine. 

 

Il y a, en contre point à ces tu seras toujours un tu n’as jamais été. Rarement les êtres, heureusement, tombent dans la seconde catégorie. Je pense, alors, à tu seras toujours que, souvent, je voulais adresser, y compris — et peut-être surtout — après la crise, à Mehdi. Que je ne fais pas. Le lien, aujourd’hui, le seul me rattachant à lui, ce virement mensuel pour l’abonnement RED by SFR de l’appartement qu’un jour nous occupâmes ensemble. 

 

tu seras toujours. 

10 décembre 2023

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Nous sommes, le plus souvent, jugés non à nos actes mais à l’apparence de ceux-ci. Pour compenser, à cause de ce que ma mienne apparence, c’est à dire mon attitude, aussi, mon air lorsque je discute d’évènements, de sensations, je mobiliser des éléments extérieurs et objectifs ou des témoins, de moralité ou non, ou, le plus souvent, archiviste maniaque, les échanges in extenso, que je peux avoir connu. In extenso pour éviter que, la partie adverse, ne prétende à une décontextualisation. Ici, je crois que souvent, c’est le plus tragique ces éléments, malgré leur indiscutabilité, ne suffisenr pas, les gens préfèrent se fonder sur leurs premières impressions et leurs préjugés. Cette phrase, odieuse, les preuves fatiguent la vérité, semble, depuis le départ de l’humanité, depuis le premier grognement devenu parole, depuis la réunion au coin du feu et les premiers récits mythologiques, en activité féroce sans connaître, jamais, de décrue. Ne dites pas la vérité, prononcez vous bien. Question de port et de réputation. Les deux, je les ignore.

 

Hier (déjà il y a deux semaines, textes toujours en stase), nous dînions à Meudon, chez G., avec Milana. G., critiquait, gentiment, Mehdi, d’une façon injuste parce que, lui aussi, Mehdi, concerné par ces apparences, souvent, qui ne le révèlent pas ou, du moins, pas au point que G. supposait. Il déplorait que Mehdi parlait de tout ce à quoi j’objectais qu’il ne discutait presque jamais de ce qu’il ne connaissait pas. Si G. a pu se créer cette représentation c’est que Mehdi, et je ne le juge pas comme un travers, mais comme une attitude au monde, prend souvent la parole d’autres, se réfère à d’autres. En ceci je veux dire que la sonorité de son propos pour qui a l’oreille fine - mais moins fine que le fin ne croit - tombe fausse parce que, justement, inapproprié.

 

Ce qui, contrairement à ce que Mehdi lui-même crût ne signifie pas qu’il ne dispose pas en propre d’une échelle de valeurs ou de convictions personnelles. Cette délégation lui évite des engagements superficiels mais, lorsqu’il les prend discursivement à son compte, leur donne l’accent du faux qui, je le disais à G., ne relève que d’un problème d’élocution pas de conviction. 

Mon frère, à la soutenance de Mehdi, lui prétendit qu’il était, désormais, sous la domination de Louise après avoir été mon assujetti. Au-delà de ce que je n’emploie pas cette terminologie de domination, puisque je ne pense pas, de façon générale, en ces termes, à l’exception, peut-être, de conflits armés ce que, je crois, malgré les étendues et frontières intimes de chacun, ne concernent pas nos rapports amicaux et sociaux.

Or, dedans, il y a quelque chose de vrai. Que le mot, domination, occulte tout à fait — en dehors même de n’appartenir pas à ma pensée, que ces mots, produisent un réel étranger à mon propos — Mehdi, longtemps — ce qui la dernière fois que je le vis, au Sister Midnight ne se maintenait plus — ne parlait plus en je mais disait — et ici, encore, heureusement, des Témoins, Milana, d’une part, F. sinon, G., aussi, un soir sur les bords de Seine — Louise pense, Louise dit, Louise a dit. Ce que je ne pris jamais pour de la domination, par ailleurs, qui supposerait une volonté contrainte, un exercice, de la part de Louise, d’une force verticale appliquée à un Mehdi peureux, répétant, asservi.

Ce n’est pas le cas, c’est le rapport de Mehdi aux paroles auxquelles il adhère. Ce constat ne le nie pas, ce constat ne le diminuerait que s’il devait penser, absolument, comme trop — moi non exempt, m’en éloignant —que nous formions dans le monde des unités autonomes et indépendantes, sans admiration jamais, que toute admiration, même, dissolvait l’être contenu dans le JE (le je totalitaire), cette chose supposément la plus précieuse. 

L’extrémisme de sa posture, alors, la rend agaçante, il est pénible de parler avec une tierce personne, absente qui plus est. Je déteste ceux qui convoquent une foule imaginaire ou rapportent des paroles prétendument dites au soutien de leur opinion. Comme il est insupportable qu’une rumeur nous soit rapportée tout le monde pense ça bidule a dit ceci. 

Mehdi, n’agissait pas comme ça, il ne convoquait pas Louise comme autorité générale et régissante du monde entier, il confondait sa parole avec la sienne, je disais, hier, à Milana, qu’il semblait la convoquer comme les paroles rapportées du Christ, un évangile. Prendre mon agacement pour un jugement, voilà la triste erreur, ici, Mehdi, sujet, me permet de penser quelque chose qu’il illustre, l’exemple, c’est à dire la saillance dans le monde, me révèle un objet de réflexion. C’est parce que Mehdi le représente comme exagération qu’il m’intéresse ici sans que Mehdi, jamais, ne se réduise à cet aspect de lui que, plus encore, je comprends ce qui donne à ses paroles cette forme qui, justification de moi à moi encore de crainte d’être incompris tandis que compris je ne le serai pas, semble le dépourvoir d’agentivité. Or, ce n’est pas le cas. De façon plus ou moins claire nous sommes inspirés, agis, habités par d’autres sans que, d’ailleurs, ces autres n’exercent cette action (la mécompréhension encore, quand Yannis en parlait à Mehdi de ce qu’il composait — je suppose — une Louise gourou active et volontaire. Sottises.)

 

Si je poursuis, ici, cette réflexion, c’est qu’elle excède largement Mehdi, qui, par sa radicalité — la radicalité de Mehdi — quelque part, me permet d’explorer une forme d’être au monde, que, extérieur à lui, je n’aurais saisi qu’en surface. 

Je me déplace en lui, mon exploration se situe sous le derme, expeauration. 

sous-peau

ésie.

 

 

Ce phénomène migre à travers lui, carte où se déploie ces évènements, prélevés, carottés donc fantasmés, pensés et conçus comme tels. 

 

De le déplacer ici, à travers lui, me permet de saisir, à moi, qui manque d’esprit de généralité —besoin de l’exemple pour découvrir la règle —le fonctionnement du monde. Mon cerveau, j’ignore pourquoi, paresse, ne s’active que lors d’une activité, d’un contexte. J’ai besoin de palpable, de chair, de tiers. 

 

Lire son prénom est déplaisant parce qu’on se sent trahi, mutilé, déformé que je ne suis pas ça, que bien entendu, écrire à propos de quelqu’un c’est si peu parler de cette personne. Ecrire sur quelqu’un c’est, avant, tout déclarer cette personne intéressante, singulière, âpre. Si tout le monde, à un moment de son existence, peut, quelques lignes ou initiales apparaître, s’y maintenir révèle l’intérêt, froid ou chaud, intellectuel ou sensible, à l’endroit de cette personne. Que, le plus triste, c’est toujours ignorer — ou croire prétexte — la réalité de ma tendresse, j’aime pour toujours qui j’ai aimé une fois. Lorsque je parle de ces êtres, la plupart du temps, j’en parle avec amour et, surtout, comme quant aux parents, je ne supporte pas que d’autres les critiquent. Je déteste entendre dire du mal de Mehdi de Marie-Anaïs et, même, étonnamment, de Marine.

 

Je m’appuie sur les êtres, mes souvenirs, les biographies pour produire mon monde et comprendre celui des autres. L’exposer publiquement ne vise jamais à humilier, insulter ou faire mal. Lorsqu’il s’agissait de Marine, Yasmine etc, publier palliait le silence imposé, entretenait une conversation qui, même fictive, me donnait accès à la réalité. Il faut comprendre que le silence, et les sourds en témoignent, les sourds d’avant l’abbé de l’épée, rend fou, délirant, idiot. 

 

Considérant le droit à l’expression comme fondamental, y compris le mien, je trouvais, là, un espace qu’on ne pouvait censurer. Le psychiatre, lui, préférerait que je ne sois pas à la recherche de justice. J’entends, moi, par justice, non pas la défense de mon intérêt ou la déclaration incontinente de mon immunité, mais l’application par les autres des valeurs qu’ils profèrent et des buts qu’ils visent. Je ne me permets au final que ce qui se déduit de leurs revendications. Il m’arrive, parce que la colère me prend, de déborder, et, aussitôt, de le reconnaître, d’en accepter, même, la remontrance à condition, évidemment, que celle-ci se place au juste endroit — c’est à dire décidée abstraitement hors des passions— sur l’échelle des sanctions. 

 

 

Je m’étonne, réellement, tristement de ce que des suppositions psychologisantes dominent, tout entières, des éléments objectifs, manifestes, répétés. Lorsque Romain me traitait de pervers ou de fou, faisant, passant par la folie, une sorte de concession purement formelle, un doute de cordialité auquel il ne croyait pas et dont il exprimait, d’ailleurs, la dubatibilité, il agissait, encore, de cette manière là, quoi que je pus objecter de réel, de fondé, d’archivé, de vaste, je me trouvais réduit à mon apparence, à sa croyance que rien ne pouvait ébranler, que rien, surtout, ne devait, ébranler. La psychologisation sincère eût voulu que, s’il ne pouvait s’abstenir, il s’assure de mon mouvement intérieur, des mes retenues — encore retenues — au moment de parler à Marie-Anaïs. Par l’assaut des mots il imaginait, je pense, la prémunir, la protéger, se garder d’un pire. Parce qu’encore une fois, au-delà même des suppositions psychologiques, c’est à dire de fondements antérieurs, ces façons de penser, se projettent dans des situations futures tout aussi hypothétiques. Et, moi, je me retrouve, murs rapprochés comme dans les labyrinthes, dans cet étau. Toute parole accuse. Y compris la parole tierce, la parole rapportée, celle indépendante de moi. 

 

Il m’a fallu du temps pour comprendre le mouvement, là, celui de Marie-Anaïs à mon endroit, les gens, proches, de sa compagne à Louis, par exemple, soutiennent que elle n’a jamais dit du mal de toi ou elle s’inquiète pour toi. Ce qui, de fait, lui donne l’apparence — elle ne ment ni ne triche se soucie vraiment à ces instants — de la compassion. Or, dans le même temps, elle écrit au monde entier, se défendant, que je la harcèle, que je ne supporte pas la rupture ce qui, objectivement — parce que ça m’est rapporté ce qu’elle ignore — m’insupporte par, comme je l’exprimais avant, un orgueil mal venu et un souci, dans mon cas, de justice, c’est à dire de traitement objectif, le plus objectif possible, des données. Les valeurs ne peuvent pas varier à cause d’hypothèses douteuses. Ceci me rend tout à fait malade, la conception du harcèlement, de la manipulation, de l’agression sexuelle. En bref, chose la plus ordinaire et barbare, le double standard. 

 

7 décembre 2023

Tralalavail

16 novembre 2023

 

La mauvaise saison commence, les yeux se gonflent, les cernes se creusent. Voilà le début, irrésistiblement présent. Jeanne, lumineuse, en freine les montées brusques divertit, même, certains jours, l’irrésistible torrent. L’accélère, aussi, parfois, subissant, pour d’autres raisons, d’autres saisons, elle autant, les écoulements brusques de la vie, des glissements de terrain dont la boue, comme parfois lors des inondations, emporte tout. 

 

7 décembre, deux semaines presque de crise dans un mois de fatigue et de fièvre non-métaphorique. Deux semaines où rien ne se brise parce que nous n’en sommes plus rendus à ces mots, ni, même, ne s’effrite ou ne s’abîme, deux semaines de fatigue. 

 

Les 5 et 6 décembre je travaille — ce texte que j’achèverai peut-être le 6 décembre aux alentours de 00:22 —que je continue le 7 à 10:53, avant de retrouver Virginie chez Xi’An pour déjeuner maintenant qu’elle bosse près de chez moi

 

je travaille et, maintenant, au jour de clôturer ce texte j’ai travaillé  ce qui me réjouit (16 novembre) moi si hostile au travail — moins réjoui à cause des heurts avec Jeanne (7 décembre) —, à tous les métiers de tous ces siècles à mains. Un jour, je me souviens, Mehdi croyait, pendant une lecture commune de nos textes, que je le raillais, parlant, pour moquer les laborieux, de paysans à lunettes, des sortes d’Himmler, parce que, lui, se vivant laborieux et lui portant lunettes, s’imaginait désigné par ce vocable.

 

Cette catégorie de paysans à lunettes ne le visait nullement, des paysans à lunettes, êtres, pour moi, bêchant, butant, dans le travail de la terre, toujours sur des pierres, possédant piètres instruments, on en trouve des brouettes de siècles en siècles. Mépris, jadis, pour tout ce qui sentait l’effort, tout ce qui, même, résultait de l’enfer et j’élisais la pirouette sans intérêt plutôt que la chorégraphie sophistiquée pourvu que la première résulta d’une grâce naturelle, d’un don, et la seconde d’un travail déclaré. 

 

Cachez ce travail que etc etc.

 

De ces jugements, comme de beaucoup d’autres, je suis revenu, par lassitude, surtout, maturité, diraient d’autres, qui probablement, n’en constitue que la modalité ridée. Peu importe. 

 

Je ne juge plus, d’ailleurs, à mon grand désespoir, quelque part, me tenant comme en retrait d’une façon d’être, prenant parti avec difficulté excepté en cas de crise, c’est à dire d’hystérie, ce qui ne se confond pas avec la force l’ancienne force qui fut la mienne, rigueur et exigence. En cas d’hystérie où faire droit alors aux droits aliénés de la folie et d’elle exceptée, dégagée de moi, l’être civil(isé?) et social, ne défendant aucun de mes intérêts objectivement définis par d’autres. Intérêts, pourtant, objectifs puisque condition de la survie et donc de tous ceux à venir. 

 

au final perdre Louis, Aline, Romain, Marie-Anaïs, Mehdi déçoit plus que ne blesse, je méprise, éliminant par là les raisons, avalant — c’est de travers — le sentiment d’injustice — faire droit, toujours. 

 

 De l’indifférence au monde, sûrement, naît une certaine rondeur, une acceptation de celui-ci comme il est, sans résignation ni révolte, comme une vache dans le train qui le mène à l’abattoir regarde défiler le paysage, tout son monde.

 Force, ici, au passé, celle que je convoque, correspond peu, je m’en aperçois aujourd’hui, d’avec la Force, force, jadis, confondue, avec violence, oppression, dureté, choses, aujourd’hui, après maints efforts, détours, introspections, dispersées. Force dont j’espère parfois le retour de l’ancienne forme, cette violence inouïe que je retournais contre moi aussi souvent que je la destinais aux autres comme d’expérimenter sur soi la potion ou le sortilège avant de le répandre. Moi consommateur test et nouveau burger McDonald’s.

 

Aujourd’hui (16 novembre), je le rapportais à Jeanne, que, à son contact, ce que j’avais à la fois de lâcheté et de dureté, s’abolissaient, remplacées, ces deux-là, par de la sérénité, elle, la mieux apparentée à ce qu’on pourrait dire, la force, c’est à dire, un calme, une gestion, sans violence, des conflits, c’est à dire, du jeu des intérêts contradictoires. Plusieurs exemples illustreraient la pratique concrète de Jeanne dont je m’inspire elle y ajoute, certes elle, une violence parfois, dont, moi, devenu incapable, je n’exerce pas. Jeanne ne considère pas, chose rare, que le monde lui doit quelque chose, Jeanne considère, chose plus rare, que le monde devrait être autrement, Jeanne exige une justice — l’autre monde dans celui-ci —qu’elle ne suppose pas devoir tomber de l’obscure clarté des étoiles, elle se le doit, Jeanne se le doit. Jeanne, je l’ai déjà exprimé auparavant, a arraché de moi quelque chose d’un résidu de l’ancienne pauvreté, cette volonté de vivre juste à hauteur de mes moyens sans chercher à conquérir, dans le monde concret et matériel, d’autres, si j’obtins, bien avant elle, quelques atours luxueux, ceux-là résultaient de la filouterie, je savais jouir et ne pas jouir, Jeanne, me conservant le premier, m’apprît — tout en détestant ce mot de jouir trop apparenté pour elle à celui de pourcelle — et me rendît insupportable ce privatif c’est à dire, aussi, la privation. Prédation.

 Lorsque je commençai ce texte nous vivions, Jeanne et moi, dans une sorte de léthargie heureuse, malades, ensemble, elle d’abord moi ensuite — moi toujours à la traîne d’elle, secouée récemment. (3 décembre ?) Jeanne, avec ses amis, dispose d’une conversation de groupe, lorsqu’elle m’évoque les discussions qu’elle entretient avec eux, dit aux potes. Après nos débats mouvements, elle me dit, qu’elle en parlait aux potes, qu’elle leur disait s’attendre à être grondée, qu’elle détestait ça parce que, surtout, elle était — se jugeait — en tort. Petit chat mignon et éprouvant, qui, sinon confort et réconforte éconduit (ça jarte) le dispensable. 

 

 (16 novembre) Je demeure, ce que je n’étais pas, et m’étonne, alors, d’employer un verbe de la permanence et de l’immobilité, un être de compromis et de discussion, je suis prêt à débattre de mon intérêt si ce débat, cette minoration, permettent une accalmie. Transiger si, de ce fait, la situation globale, non exclusivement la mienne, s’arrange. Or, si je sais rogner sur mes droits et mes intérêts je ne sais les délaisser entièrement, cette position trop médiane, trop hésitante, me rend faible, fragile. Il faudrait renoncer —la charité se juge à ce qu’on garde non à ce qu’on donne— ou exiger. 

 

26 novembre 2023

Lipokilos

Lipokilos. 

 

1. titre

 

Le Penent se mit en tête de supprimer tous les commencements. Le Penent ne veut rien, plus rien, proche ou cousin, de toute sorte de début ou de ce qui y ressemble. 

Le Penent se jette en ceci. Cette quête, seule utile, pour se trouver, lui, bout du chemin, sur une route, celle, il semble, du je du le. Il nie, il nie peut-être même, le temps futur. 

 

1.1 le territoire

 

tu es sûr Jo de vouloir commencer ce truc, cette mutinerie contre tu ne peux même dire quoi précisément objectivement le lexique le diplome tu cherches n’importe où l’objet d’une révolte d’une répulsion qu’importe les détours tu te le dis non dénué de fierté et d’orgueil tes propriétés les plus sereinement instituées indiscutées presque figées comme si elles coulées en même temps que toi le jour que les vieux te choisirent un nom propre deux ici pour toi le deuxième qui est le premier il t’empêtre ici plein de honte tu ne l’écris ni présent ni futur il demeure inconnu suspendu loin 

 

2. Le Discours public

 

il tremble fort en son for le fin fil sonore d’où giclent les sons et les mots. Gorge enrouée dès que le pendule remue,  y choit un fond de désespoir. 

distribuer les mots, le livre dégueu encore une fois prendre soin tu ignores toujours, le livre perclus de liquide ocre rouge, comme si des veines nouées en bouquet, toutes ensembles rompent. Elles, en lui toutes ensemble se décidèrent, se décident, cession, brisure.

 

2.2 Du sens

 

tu te trouves encore ici, tu cherches le verbe nier tu comptes tes doigts des bourrelets de Pô tu désires y lire j’ignore quelle histoire imbécile comme si toi tes ongles incrustées des fleuves de Rome ou de tout temps perdu et englouti l’inquiétude grimpe mille degrés suivis de mille degrés d’inquiétude le mot le mot celui du philosophe des contrées du septentrion des fjords l’incompréhensible mot qui fige le givre une tombe tu refuses de dire tu luttes encore joe jusque quel moment ?

 

3. Les Termites

 

Le Penent le début le rebute, tous les débuts, il les fuit, il les esquive, il les repousse. Il veut les ronger, des dents, des ongles, de tout ce qu’il contient, lui, en lui, ses profondeurs et ses secrets, de refus et de révolte. Le Penent ne peut or il veut, il veut que son existence commence moins tôt, esquiver les premières heures, se rendre, directement, sur l’horloge de trois heures, que les plus sordides des heures se trouvent, mortes, derrière lui, derrière nous. Le Penent veut et ne peut, peut peu il bégue-et-bégue encore et encore, zzz, zzzz, une sorte de bruit de fermeture zippée qui se bloque. Il doit trouver une ruse, une ruse, un complice, ce sortir de cet endroit, ce non-début, ce prologue qui rien n’engendre

 

 

3.1 Histoire

 

Mec tu ne veux rédiger ici une histoire le récit t’importe peu des kilos tu montes des kilos et des kilos de ce qui ne porte ni nom ni figure ni revers ni rebours le mot qui te vient sur ce moment tu le piétines de justesse encore une fois toi presque pris, empiégé de ses propres règles comme en religion les pénitences toujours nées des moches démences sélectionnées qui choisit qui choisît toi qu’est ce que toi ?

 

5. CINQ

 

Le Penent évite soigneusement ou non les premières feuilles, les bonnes, les qui suivent, les ok pourquoi. Il trouve, Le Penent, les livres comme possibilité d’une liberté, fin de cet intermède d’éternité, le premier bond, donc, le premier souffle, enfin, qui gonfle les poumons celui qui déchire une bouche celle du tout juste né, qui vient de régler une dette de ce simple hurlement, une dette de neuf mois.

 

5.1 Victoire

 

Observe le ton Le Penent où se dirige-t-il existe-t-il encore quelque endroit qui se visite les membres tous prisonniers, une voix surveillée, les sirènes prêtes, libres elles, qui hurlent en prévision qui ne cessent de hurler, de superbes gêolières, je te félicite, tu sens en toi combien tu respires peu et difficillement…pourquoi s’obstiner décider quel bel orgueil tu vois bien que comme le reste de ce qui te concerne tu ne te mènes qu’en nul lieu.

 

6. Délivre-s

 

Les livres, Le Penent, Le Penent les considère, les redoute, les désire. Lire ? Il ne les conçoit plus que bornés, ces débuts, les débuts des livres, il n’entend, que feuillets éventrés, il les brûle, bondit, droite, puis droite, encore, droite, toujours, frénétiquement. Il cherche. Il n’existe de fou que ne brime l’écrit. Les livres seront l’étroite porte, il s’évide dès qu’il décide de les prendre.

 

Le Penent semble fuir, ces gestes commis où pères et impères, rendus ennemis de ses lectures. Il coupe une puis une seconde. Le Penent un fou proféré selon tous les doctes juges, les enfermeurs professionnels. Quel motif ? Le refus de ces clôtures, cette règle qui exige, sous peine de. De. Suivre le rectiligne chemin, lire b puis le reste prévenir le dernier z prévenir le moment du surgir de ce z comme si un rituel ici se met en ordrez, que ce z en constitue le moment décisif.

Le Penent refuse, certitude qu’il soutient, d’obéïr. Dérisoire refus, cette forme de refus.

 

 

08.03.2011

  

Tu perds le sens des mesures tu ne c’est plus même vrêment écrire dent ce qui est une lent gué de nez-essence tu ne poux vêt que perdre joue en de comme si tu été d’ici un front c’est retrouve bien comme il phô tes origines mon petit tes photes ton verbe tordu comme tes dents tu crois yes v rée ment te trouver en pets ici min te non, tu penses que les efforts suffisent mon petit jonzthzn tu te trompes lourdement mon en fente on te les ce une dernière chence mon chencre mon con cre ton chient du cygne célèbre notre clémence qu’en je dis NOUS je veux dire NOUS tu  c’est zy ?

 

 7. Folie l'instrument de mort

 

toutes les cohortes rouges, liquides, des veines , les pères et les impères, il évite le début des débuts, celui, le feuillet, plus rigide, couvert de fissures, un cou coupé. Cet endroit dur du livre, les noms inscrits, Le Penent les exile hors de ses souvenirs, du récit, inutiles, il les indique, inutiles, biffés, briques d’exil, il veut devenir juge brusquer l’outil de justice pour enfin que triomphe ce qu’il conçoit de juste de bien que personne ne doit plus commencer il veut suivre il en est sûr c’est vivre bien vivre tout court

 

  

7.1

 

Capture d’écran 2023-11-25 à 23

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